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«Est-ce que tout revient»: Les récits de Noëlle Revaz publiés dans un livre «Femina»

Les recits de noelle revaz publies dans un livre ZOE JOBIN

En mai et juin 2023, l'auteure Noëlle Revaz dédicacera son livre Est-ce que tout revient, en librairies.

© ZOÉ JOBIN

Faire le portrait d’une écrivaine est un exercice d’humilité. Trouvera-t-on les mots pour raconter son talent? On tente l’exercice avec Noëlle Revaz (Lauréate du Prix Gottfried Keller 2022, ndlr), que nous publions dans le magazine Femina depuis dix-huit mois. Chaque semaine, elle égrène ses textes de fiction au fil de ses déambulations intimes. En tout, elle nous a offert septante-deux petites histoires, et à chaque fois c’est un ciel qui s’ouvre.

On a tellement aimé ses textes, on a reçu des réactions si positives que nous avons décidé de publier ses nouvelles dans un livre (c’est une première!) et de rendre ainsi hommage à la puissance de ses contes. Est-ce que tout revient (Éd. Femina) sera en vente dès le 22 mars 2023 dans toutes les librairies de Suisse romande. Courez-y!

Où rencontrer l'autrice?

Venez à la rencontre de l'auteure Noëlle Revaz et découvrez son recueil de récits Est-ce que tout revient (Éd. Femina), en vente dans toutes les librairies. (Informations mises à jour le 25 avril 2023, ndlr)

- Sion: Payot, le vendredi 28 avril 2023, de 17 h à 18 h 30 ⁠

- Bienne: Librairie Bostryche, le samedi 6 mai 2023, de 14 h à 16 h ⁠

- Berne: Payot, le samedi 3 juin 2023, de 11 h à 13 h ⁠

- Neuchâtel: Payot, le samedi 10 juin 2023, de 10 h 30 à 12 h ⁠

      © NAILA MAIORANA

      On se rencontre à distance, Noëlle habite Bienne, impossible de caler deux heures de discussion dans nos agendas. Mais c’est égal. On se connaît, même sans se connaître. Nous sommes en contact régulier, quand elle envoie ses textes, en général en fin de semaine, ou le mardi, avant le bouclage. Une jolie complicité est née entre nous, à l’image de celle qu’elle a tissée avec les lectrices et les lecteurs de Femina. Noëlle Revaz pèse ses mots, sait se jouer de la gravité comme de la légèreté. Alors écoutons-la broder quelques points-clés.

      Femina

      «Quand tu m’as proposé d’écrire une chronique par semaine, j’étais prête à refuser, mais tu as prononcé le mot «fiction»! Pour moi c’était comme ouvrir une fenêtre, un appel d’air. C’est pour ce mot que j’ai accepté. Avec le magazine, je peux tisser des liens avec toutes sortes de personnes qui lisent Femina. Ce lien me touche. J’ai des retours dans mon quotidien; un voisin qui n’avait jamais lu mes livres et qui me parle de mes chroniques, les amies de ma mère, ma tante ou des inconnus qui m’envoient des courriers aussi. J’écris en quelque sorte en temps réel, peu de temps sépare l’écriture du texte de sa publication. Le lien avec les lecteurs est ainsi beaucoup plus immédiat que pour un livre, qui peut attendre des mois, des ans avant d’être publié et d’atteindre son public. Ce contact à travers mes chroniques est vivant et porteur.»

      Public

      «Je m’adresse à des lecteurs inconnus mais que j’imagine proches de moi. J’ai envie de créer un rapport complice. Je partage avec eux des petites choses, des points de vue inédits ou des prises de conscience. Des découvertes aussi qui m’ont fait réfléchir. J’essaie de créer une ressemblance, un voisinage.

      Je tends des miroirs. J’ai aussi envie de légèreté, de faire sourire, de surprendre. On entre dans mes textes et on s’envole ailleurs.»

      Cadence

      «J’ai l’habitude de travailler avec des délais, mais pas si rapprochés. Les premières semaines, le rythme du «Femina» me semblait très intense. À peine mon texte écrit et envoyé, il me fallait déjà recommencer. Le défi pour moi était aussi d’écrire des textes brefs, car j’ai l’habitude de développer et de prendre plus de place. J’aime beaucoup cet exercice de raconter une histoire avec un minimum de mots. À présent j’écris beaucoup plus vite, ces textes sont pour moi comme des instantanés. J’en ai tout de même écrit plus de 70!»

      Sources d’inspiration

      «Mes inspirations sont très diverses et elles me surprennent souvent. Ce sont souvent des moments anodins que l’on n’a pas l’habitude de considérer. Je les regarde autrement, je les pointe et j’en fais une chose énorme, qui prend toute la page et qui change le regard sur la situation. En fait ma source d’inspiration c’est toujours un peu moi. Ce que j’observe, ce que je remarque, à quoi je réfléchis, ce qui me frappe, ce que j’ai vu, entendu, perçu. Car bien que je ne sois pas la protagoniste de mes textes, tout doit résonner et faire écho d’une manière ou d’une autre à travers moi pour que je l’écrive.

      Tu m’avais demandé d’écrire sur le thème des mères mais je me suis assez vite échappée du cadre. Mes personnages sont aussi des femmes ou des hommes d’âge mûr, des enfants. La solitude, l’âge, la communication, sont certains des thèmes que je vois dans mes textes.»

      Lieux

      «Les lieux dans lesquels se déroulent mes histoires servent à faire ressortir les mouvements intérieurs. L’environnement (ndlr: la forêt, la neige, les nuages) dialogue avec les personnages. C’est bien plus qu’un décor. Mais mes textes sont avant tout intimes, ils racontent les changements, les revirements, les points de bascule qui ne se voient pas à l’extérieur mais qui sont de vrais événements internes.»

      © ZOÉ JOBIN

      Écrire

      «Dans ma vie, tout gravite autour de l’écriture. Je tente de gagner ma vie en écrivant. J’accepte aussi souvent des commandes. Pas seulement pour Femina mais aussi pour des revues, des documentaires, etc. Là par exemple, je viens de terminer une «carte blanche» pour «Zalp», le journal des bergères et des bergers suisses. Mon travail est très varié, j’écris des textes pour des revues littéraires, pour des expos, je vais composer le portrait d’un artiste pour Art et fictions. Je donne parfois des ateliers d’écriture à l’Institut littéraire, à Bienne. C’est une manière de passer le témoin, de transmettre ce que j’ai appris par moi-même en tant qu’autodidacte.»

      Premiers pas

      «Je devais avoir 8 ans quand j’ai écrit ma première rédaction. L’histoire d’un flocon de neige. Je me suis inspirée d’un livre que ma mère nous avait lu, «Perlette la goutte d’eau». Oui, c’était un plagiat! Mais quand on commence, l’imitation est un passage obligé. La maîtresse a adoré, elle en a parlé à mes parents, m’a félicitée, ils étaient fiers. Et moi, qui savais d’où venait l’histoire, je me disais que c’était un peu exagéré… Mais c’est à ce moment-là que j’ai décidé de devenir écrivaine.

      À l’adolescence, j’écrivais des poèmes, puis dans ma vingtaine je tapais des débuts de nouvelles sur la machine à écrire de mon père, qu’ensuite je raturais beaucoup. Je n’étais jamais contente de moi et désespérée du résultat. À l’université, j’étais animée de cette envie d’écrire, mais quand je m’y mettais, je me rendais compte que je n’avais rien à dire, que je ne faisais qu’imiter les écrivains que j’admirais. Ensuite j’ai fait la connaissance de Daniel Rausis, qui animait une émission sur Espace 2. Il m’a demandé si je me sentais capable de produire un texte par semaine, j’ai répondu «bien sûr!» C’était gonflé, mais je me suis lancée. Tout a donc commencé pour moi par ce rythme d’un texte par semaine, comme pour Femina

      Famille

      «Dans ma famille il y avait beaucoup de livres. Mon père était postier à Vernayaz. Mes parents avaient le goût de la langue française. Mes grandes sœurs lisaient beaucoup et je les suivais dans les livres. J’ai compris aussi que la littérature était un terrain d’enjeux, on en discutait et mon père n’était pas toujours d’accord avec nos lectures.»

      Femme

      «J’ai écrit mes premiers textes sous un pseudo masculin, Maurice Salanfe. Parce qu’à l’époque, j’étais très consciente qu’une écrivaine était moins bien considérée qu’un écrivain. On parlait de littérature de bonne femme, je sentais qu’il régnait une certaine dépréciation autour des autrices, on leur accordait moins de crédit, moins de légitimité. On ne les lisait pas du même œil que les auteurs masculins. D’ailleurs le nom d’«écrivaine» à l’époque ne s’utilisait même pas. Moi je voulais qu’on reçoive et lise mes textes d’une manière neutre, pas avec des préjugés. D’ailleurs, mon premier roman, «Rapport aux bêtes», parle de ça. De cette mentalité misogyne latente. Pour l’illustrer, j’ai fait du personnage central une femme sans voix et que son mari appelle «Vulve».

      Rêves

      «Je m’isole souvent plusieurs jours par mois, pour écrire. Le processus d’écriture est organique, il faut le suivre, pouvoir vivre à son rythme. J’ai la chance de pouvoir faire ce que j’aime, comme dans les rêves que je faisais petite.»

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