Histoire
«Colette», le documentaire primé aux Oscars à ne pas manquer
Cocorico pour la France. Outre le succès de l'auteur Florian Zeller avec son film The Father, Colette a remporté l'Oscar du meilleur documentaire court, ce 25 avril 2021, à Los Angeles. Réalisée par Anthony Giacchino et Alice Doyard pour la BBC et The Guardian, cette production française raconte le récit émouvant d’une nonagénaire caennaise, membre de la Résistance sous l’Occupation nazie, qui retrace les pas de son frère, décédé en 1945 dans le camp de concentration de Mittelbau-Dora.
En 75 ans, Colette Marin-Catherine n’avait jamais souhaité retracer le traumatisme vécu par sa famille: «Je n’ai jamais voulu faire la tournée des camps, car le tourisme morbide ne m’intéresse pas», raconte-t-elle dans le documentaire. Pourtant, une rencontre va tout changer. L'ex-résistante fait la connaissance de Lucie, 17 ans.
«Plus jamais ça»
À force de voir Lucie évoluer aisément autour des vestiges d'uniformes des camps ou manier des archives mentionnant si une personne était «rentrée morte ou disparue», on a l'impression de rencontrer un personnage tiré d'un film sur la Seconde guerre mondiale.
Tout au long du documentaire, on découvre que la férue d’histoire prépare un dictionnaire biographique, répertoriant 9000 déportés de France, tous passés par un camp de concentration. La jeune femme explique qu’elle souhaite que son travail - exemplaire - serve de prévention pour que le monde ne revive «plus jamais ça». Pour aller au bout de ses recherches, Lucie va convaincre Colette de visiter le camp de Mittelbau-Dora, connu pour ses constructions de bombes, où Jean-Pierre Catherine a péri, trois semaines avant que les troupes américaines ne libèrent le site.
Résistance et transmission
Sans tout divulgâcher, il est difficile d’oublier les mots âpres de Colette sur les heures sombres de notre Histoire: «Lorsque vous serez en pleine guerre, vous vous rendrez compte qu’on n'a pas le temps de ressentir quoi que ce soit.» Difficile également de ne pas partager les souvenirs de jeune résistante qui évoque, pêle-mêle, la distribution de faux papiers ou la collecte d'armes.
Comme Colette n’était qu’une «gamine», on ne pouvait pas lui demander de faire sauter un train ou un pont. Alors on lui demandait de noter les plaques d'immatriculation des camions nazis, depuis son perron. «Tu parles d’un héroïsme», répond du tac au tac la nonagénaire.
À la fin de ces 25 minutes, témoins d'un temps que les moins de 20 ans oublient au profit de choses plus légères, Colette conclut poétiquement: «Qui sait si les oiseaux ne sont pas les recueils de nos peines et de nos chagrins?»
Une histoire intergénérationnelle sur la perte et la transmission, à voir absolument.
Colette, disponible en ligne, theguardian.com
Vous avez aimé ce contenu? Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir tous nos nouveaux articles!