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Rencontre avec le créateur de mode valaisan Germanier
Le 26 septembre 2023, pour la présentation de sa collection printemps-été 2024, Germanier a pris ses quartiers dans l’historique garage Bir-Hakeim, situé au 29, Quai de Grenelle, à quelques pas de la tour Eiffel. Le lieu nous plonge dans une ambiance industrielle, digne d’une rave berlinoise. Au fur et à mesure que nous escaladons les rampes circulaires, nous arrivons au sixième niveau du parking. Le bruit d’un aspirateur étouffe le claquement de chaussures à talons, mêlé à des voix parlant tantôt français ou anglais. «Nous sommes en répétition, peut-être pourriez-vous attendre ici?» nous demande un membre du staff. Nous assistons donc aux préparatifs de l’événement. Une première dans le prêt-à-porter, qui, d’habitude, préfère garder ses coulisses secrètes.
À l’horizon, coiffeurs et maquilleurs achèvent la mise en beauté des modèles homme et femme. Sur la passerelle, des mannequins répètent la chorégraphie. Certaines portent déjà leurs tenues, nous donnant un avant-goût de la présentation. «Pshhh». Des bruits de vapeur captent notre attention. Dans une autre pièce, on expose les nouveaux modèles de repassage nés de la collaboration du styliste avec Laurastar.
Technologie, upcycling et extravagance
Je me suis également inspiré du scarabée, et de ces vernis à ongles aux tons changeants […], ce que Laurastar est parvenu à reproduire en utilisant des pigments spéciaux», nous confie le designer. Baptisée Laurastar Smart Germanier, le système de repassage affiche une coque dont les couleurs changent en fonction de l’angle de la lumière ambiante. La housse de la planche à repasser s’inspire du Fluid art. Une centrale vapeur nommée Laurastar Lift Germanier vient compléter la ligne.
Et chaque produit est accessoirisé d’un bijou en forme de cœur, en cristaux Swarovski récupérés, à l’instar de cette ligne, fabriquée à 90% de composants recyclés. L’association de ces deux entreprises familiales suisses fait sens, car elles mettent un point d’honneur à produire de manière éthique, responsable. Le styliste nous rappelle justement que «l’ADN de Germanier, c’est l’upcycling!» Sa nouvelle collection, intitulée «Les venimeuses», reprend les codes de sa griffe:
Denims brodés de perles et looks en crochet
En témoignent les 33 silhouettes de son défilé, imaginées comme armée de créatures révélant la beauté cachée de la nature. Le show commence, ouvert par la célèbre mannequin Debra Shaw. Elle porte une combinaison et une longue cape, dont la matière pailletée paraît liquide, telle une peau de reptile. Les têtes des modèles juchées sur des talons XXL frôlent presque le plafond bas, ce qui leur confère une allure irréelle. La bande-son electro se fait crescendo et à chaque apparition l’admiration du public s’accroît (et s’entend). On croise des visages masqués, des piques, des sacs à main ornés de perles néon, des plumes et d’autres pièces parées de gigantesques sequins.
Denims brodés de perles, looks en crochet et motifs d’aspect mat aux couleurs vibrantes, contrastent avec l’abondance de brillance. Le show se clôture avec l’apparition de La Grande Dame, muse du créateur (ndlr: et participante de la première saison de l’émission Drag Race France). Si le spectacle est sensationnel, beau et émouvant, Kevin Germanier est un créateur doté d’un sens des affaires aiguisé qui se prépare à commercialiser des pièces dites portables.
«Là, vous avez assisté à un show, c’est un élément marketing, c’est pour la presse et ça doit envoyer du lourd. C’est le stylisme qui fait que les pièces semblent extravagantes. Mais on a présenté des looks commerciaux, comme la jupe en denim que l’on peut s’approprier avec un t-shirt. Les éléments des looks de défilé, eux, sont ensuite transposés sur nos sacs», conclut le designer.