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Moon: Première drag queen trans suisse à Drag Race France

Moon premiere drag queen trans genevoise et tzigane au concours drag race france

La Genevoise Moon est la première participante trans et tzigane du concours Drag Race France.

© FTV/NATHALIE GUYON

«Qu’est-ce que je dirais à la petite Ava? Je lui dirais que c’est OK de ne pas se sentir comme les autres. C’est ce qui va faire ta force et nourrir ton énergie. Ça ne sera pas facile, tu auras tendance à te renfermer sur toi-même face aux personnes malveillantes. Aime-toi. Mets-toi au défi, tu es une personne ouverte d’esprit et très spirituelle. Ressentir un peu trop les énergies va te freiner dans un premier temps, mais tu vas créer des connexions magiques. Tu es capable de réaliser tout ce que tu souhaites, car tu es une femme intelligente. On a beau te dire que tu es nulle, tu ne l’es pas! Tu es incroyable, vas-y, fonce!»: voilà ce que j’aurais envie de dire à moi enfant aujourd’hui.

À l’école, je me faisais harceler, c’était horrible. J’étais une victime assez facile, je divertissais mes tyrans en leur répondant tout le temps. ça leur donnait une raison supplémentaire de me taper! Je rigolais, je ne ressentais plus la douleur. Ce qui est réellement horrible, c’est que j’avais l’impression que c’était normal de me faire frapper.

Moon: première drag queen trans genevoise à Drag Race France
© FTV/NATHALIE GUYON

Aujourd’hui, en leur montrant de quoi je suis capable, je leur fais un beau doigt d’honneur. D’ailleurs, j’en vois certains réapparaître, souvent les plus homophobes, pour me faire des propositions indécentes. Toute la haine que j’avais pour eux s’est dissipée quand j’ai commencé à me trouver moi-même. Je n’alimente pas d’énergie négative. Quand je pense à mes bullies (ndlr: harceleurs), je les plains. Ça doit être triste de vivre une vie entière sans saveur, sans amour.

J’ai su que j’étais une femme trans depuis toute petite, autour des six ans.

J’étais consciente d’être différente et que quelque chose était bloqué, mais je ne parvenais pas à mettre des mots dessus. Je m’estimais trop monstrueuse pour mériter d’éclore proportionnellement à mes attentes et j’avais tellement peur de moi-même que je n’avais pas envie d’en parler avec mes parents. Maintenant, je sais qu’ils m’auraient soutenue, ils m’ont toujours instauré un endroit safe dans lequel je pouvais fleurir. Je m’étais un peu recluse.

Depuis deux ans, mes parents sont heureux d’avoir une fille et ils sont fiers de moi, tout comme je suis moi-même fière d’eux. J’ai aussi une sœur fantastique avec qui j’ai toujours pu parler. À l’adolescence, j’ai tenté de montrer une masculinité presque toxique pour me rassurer que je n’étais pas une femme. J’ai fait mon outing de femme trans à trente ans, il y a deux ans. Certains pourraient penser que c’est vieux, c’était le bon moment pour moi.

Moon m’a beaucoup aidée à comprendre où je situais ma féminité. Je tentais de me féminiser et paradoxalement, en tant que femme trans, j’ai l’impression de m’autoriser plus de masculinité qu’avant. Le drag m’a canalisée et aidée à m’aimer moi-même. C’est assez thérapeutique. J’ai trouvé mon nom de drag quand j’étais en échange scolaire à Londres. J’avais écrit l’histoire de cette entité imaginaire qui s’appelle Moon. Un peu perdue sur Terre, elle ne sait pas depuis combien de temps elle s’y trouve, ni quel âge elle a. En quête de connexion avec les humains, elle se sent chez elle en observant la Lune.

Créature de la nuit

La Lune m’a toujours donné la sensation que je pouvais m’échapper et être qui je voulais. Parce qu’on la voit la nuit et que la nuit détient le mystère des secrets. C’est là que les créatures sortent… Je me ressource la nuit, ça me permet de survivre la journée. Il m’arrive d’avoir si peu envie d’affronter le jour que je reste dans la nuit. D’ailleurs, l’hiver est ma saison préférée. Je ne pense pas être dark, mais je suis une personne très mélancolique.

Moon: première drag queen trans genevoise à Drag Race France
© FTV/NATHALIE GUYON

Je me suis inscrite à Drag Race parce que j’avais besoin de revendiquer certaines choses. Il faut des représentations. Je suis fière d’être une femme trans tzigane et une artiste suissesse. J’avais aussi envie de démontrer que le drag est accessible à tout le monde, peu importe l’âge et le background. Il n’y a pas besoin d’être riche. Il existe plein de façons de faire du drag, il n’y a pas un unique modèle à suivre et le Drag Race n’est pas une norme. On peut faire du drag avec des vêtements bon marché. Emmaüs est ton ami! Personnellement, j’aime pouvoir faire du drag avec ce que je trouve.

Savoir s'aimer et s'écouter: l'ultime challenge

Encore une fois, je ressens très fortement les énergies. On exprime tant de choses dans le silence… Si on se regardait, si on s’écoutait un peu plus, tout le monde irait mieux. Quand j’ai décidé de quitter le concours pour ma santé mentale, j’ai simplement écouté mon corps. La décision n’a pas été difficile à prendre. Je m’étais beaucoup dévoilée et c’était trop tôt pour moi. J’ai énormément parlé d’Ava durant le concours et j’ai réalisé que j’ai vécu beaucoup de traumatismes sur une courte période. Avec le stress et la fatigue en plus, je ne parvenais plus à me défaire de toutes mes pensées. J’étais dans ma bulle, je suis partie pour cette raison. Je ne le regrette pas, la santé mentale est primordiale. Savoir s’aimer et s’écouter c’est peut-être la l’ultime challenge au final.»

Drag Race France en tournée, au Théâtre du Léman à Genève le 17 octobre 2023. Billetterie: ticketcorner.ch

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