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La Fripe à Jo prépare sa première Fashion Week

La Fripe a Jo prepare sa premiere Fashion Week

Voilà trois ans que Joana Bender confectionne des sacs à partir de ballons.

© ISAMAR CHABOT

C’est sur le coin d’une table de cuisine en bois usé que Joana s’active. Cet espace de travail pourrait être tout à fait banal si on parlait d’une amatrice de cuisine ou d’une pâtissière. Oui, sauf que là, dans cette salle à manger quelque part à Genève, Joana, 24 ans, fabrique des… sacs à partir de ballons de foot, de rugby ou encore de basket… Aiguilles, pinces, colles, peinture, il a fallu deux mois à cette créatrice autodidacte pour trouver le bon matos et parfaire sa technique. Quelques milliers de «basket bags» plus tard, la Genevoise s’apprête à présenter douze looks le 28 septembre 2023 à la Fashion Week de Paris!

Pour mener sa mission à bien, elle s’est entourée de deux stylistes indépendantes qui lui ont prêté main forte tout au long du processus de création. Et fait rare, quelques semaines avant le défilé, la collection qui aura pour thème le sport est déjà prête! «Je vous avoue que la pression commence à monter», avoue la romande.

La pandémie: les débuts des basket bags

Tout commence en 2019. Comme plein d’autres filles de son âge, Joana vend des vêtements sur son compte Instagram, d’où le nom: La Fripe à Jo. C’est à cette période qu’elle se familiarise avec les tissus et les matières. «Au fil des ventes, je me suis découvert une passion pour la mode», confie-t-elle. Une année plus tard, tout s’arrête.

«Le Covid est arrivé en Suisse et tout a été fermé. Je me suis retrouvée avec une tonne d’habits sur les bras. J’ai alors décidé de proposer mes services en tant que styliste.

Après une poignée de mois, j’ai voulu me lancer un nouveau défi: la création de basket bags, soit des accessoires inspirés des fameux sacs de l’ancienne joueuse de basketball américaine Andrea Bergart.»

Loin de se douter jusqu’où ce challenge va l’amener, la Suissesse commence à faire des tests: «Je prenais une règle et j’essayais de prendre des mesures, de voir où je devais découper mon ballon et comment je devais placer ma fermeture éclair. C’était compliqué parce qu’il fallait le bon fil pour faire tenir le tout, la bonne aiguille qui ne casse pas au moment de la planter dans la matière épaisse, et la bonne colle… bref, tout ça pour dire qu’au début, je mettais presque une journée à faire un sac. Maintenant, je pourrais faire un sac les yeux fermés. Si je me dépêche, je peux finir en 2 heures chrono.»

Sacrifices derrière le glamour

De fil en aiguille, ses créations commencent à cartonner. Boom d’abonné-e-s sur son compte Insta, défilés, ventes chez Manor et collaborations avec des influenceuses françaises comme Natoo ou Léna Situations, tout semble aller de soi. Sauf qu’en coulisses, à l’abri des regards émerveillés des abonné-e-s et des fans qui la reconnaissent dans la rue, se cache en fait énormément de travail, voire de sacrifices.

«Tout ce que j’ai pu gagner, je l’ai réinjecté dans ma marque. Je n’ai donc jamais pu vivre de mon art.

En plus des sacs, je gère tout toute seule. Ça va de la communication sur les réseaux aux séances photos en passant par le service après-vente… À côté de ma passion, je bosse comme monitrice dans une maison de quartier à Meyrin et comme serveuse. Sans oublier qu’il y a deux ans, j’ai pris la décision d’arrêter mes études pour me consacrer à ma marque. Aujourd’hui, je n’ai pas de diplôme. Je n’ai donc pas le choix, il faut que je réussisse!»

Serait-ce donc ça le prix à payer pour faire carrière en tant que créatrice de mode? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est que la romande n’a jamais filé du mauvais coton et s’est donné les moyens de réussir. Ses exemples? Jacquemus ou encore le Suisse Kevin Germanier, deux créateurs partis de pas grand chose qui sont désormais mondialement connus. «Comme eux, je voudrais que ma marque soit au top du top de mon vivant». Il se trouve d’ailleurs que les deux stylistes ont eux aussi été invités à présenter leur collection à la Fashion Week de Paris il y a quelques années.

Des sacs mais encore…

Joana le sait, pour connaître le même succès que ses modèles, il lui faudra tirer son épingle du jeu et se détacher de ses basket bags. «Aujourd’hui, je dois absolument me démarquer. Même si on est encore peu à faire des basket bags, l’accessoire est de plus en plus connu. On peut en trouver sur Aliexpress. Et imaginez si demain Nike décide d’en produire à 80 francs la pièce… je n’arriverai pas à rivaliser avec mon fait-main à 165 francs…»

Le rêve: proposer un panel de créations de sacs mais aussi de vêtements bien sûr, le tout en vente dans plusieurs boutiques aux quatre coins du monde. Quant à la vieille table de cuisine, celle qui aura vu naître les basket bags signés La Fripe à Jo, elle sera toujours là pour lui rappeler qu'elle a eu raison de s’accrocher.

Bio express

Août 1999 Naissance à Genève

Octobre 2019 Création du compte Instagram La Fripe à Jo

Février 2020 Premier semi-confinement en Suisse. Joana propose ses services de styliste avant de se lancer dans la création de basket bags

Septembre 2021 Première collaboration avec Manor Genève

Septembre 2023 Le 28, premier défilé à la Fashion Week de Paris à la Maison des Métallos

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