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Développement durable: en mode circulaire
Le marché du vêtement ne s’est jamais mieux porté. Le nombre d’habit par personne a ainsi augmenté de 60% depuis l’an 2000, selon une étude menée par McKinsey. Parallèlement la production a presque doublé, passant de 53 milliards de pièces à 100 milliards! Logiquement, le nombre de collections annuelles a suivi le mouvement, allant de deux à cinq en moyenne. Toutefois, cette explosion de la demande a été l’occasion d’une prise de conscience chez nombre de consommateurs. Ceux-ci veulent désormais des produits de meilleure qualité, locaux, bons pour la planète et souhaitent ainsi contribuer à un développement harmonieux.
Prise de conscience
Les marques ont emboîté le pas, même si beaucoup n’en sont qu’aux balbutiements. Ainsi, une nouvelle génération travaille sur le concept de mode circulaire. Le vêtement est désormais considéré comme un objet que l’on peut trier (comme nos bouteilles en PET) et passer par différentes étapes qui vont le revaloriser. Mais il s’agit avant tout de choisir des matières innovantes, n’impactant ni l’environnement ni les personnes qui les produisent, et de promouvoir une consommation plus avertie qui ne passe pas forcément par l’achat. Au final, un recyclage novateur est désormais possible grâce aux avancées technologiques. Le programme est ambitieux et certains aspects sont encore au stade du développement, mais le vêtement de demain est déjà là.
L’industrie avance ainsi pas à pas. «Nous avons l’opportunité de nous éloigner du modèle classique ‘produire, jeter’ et de le remplacer par un modèle circulaire», explique par exemple Jeffrey Hogue, responsable du développement durable chez C&A. «En pratique cela signifie, concevoir, développer et produire des pièces en gardant à l’esprit une utilisation future autre. En extraire un maximum de valeur durant leur utilisation, régénérer les produits et les matériaux en fin de cycle et leur donner une nouvelle vie.» C’est cette dynamique qui a été promue lors du Fashion Summit à Copenhague il y a quelques jours. De grandes enseignes, comme Adidas, H&M, Kering ou Target, ont déjà co-signé un passage à l’acte. «Nous avons besoin d’accélérer la transition de l’industrie de la mode vers un système plus circulaire en augmentant le volume de textiles récoltés, réutilisés et recyclés d’ici 2020», a ainsi confié Eva Kruse, patronne du Global Fashion Agenda, qui organise le sommet, au site The Business of Fashion.
De la théorie à la pratique
Au mois de juin, C&A lancera ainsi deux premiers T-shirts issus de ce processus circulaire et certifiés «Cradle to Cradle». Cette norme, mise au point par William McDonough (architecte et designer américain qui a repensé la notion de déchet dans le livre «Cradle to Cradle, créer et recycler à l'infini», Éd. Alternatives, 2011), garantit et impose un certain nombre de points à respecter. Dans le cas de ces T-shirts on atteint la norme «Gold», ce qui exige: un coton 100% biologique, aucun usage de produits chimiques, que les ressources utilisées soient issues des énergies renouvelables, que la fabrication tienne compte de la sécurité et des aspects sociaux des travailleurs et - enfin - un profond respect de l’environnement. Cerise sur le gâteau, le compostage a été testé par un organisme indépendant et peut se faire à la maison. Il est vrai que deux T-shirts cela paraît peu à l’échelle mondiale, mais c’est bien une première dans ce sens.
Le créateur Christopher Raeburn, très engagé dans ce concept, lancera quant à lui au mois de juin, une collection capsule en collaboration avec Eastpak. Le Britannique reprend au travers de ces sacs son concept principal (Remade-Reduced-Recycled) qui est de réutiliser des tissus militaires pour fabriquer d’autres produits. Par ailleurs, en avril a été lancée une collaboration plutôt surprenante entre la marque de luxe italienne Salvatore Ferragamo et Orange Fiber. Une collection capsule a ainsi été entièrement réalisée avec un tissu à base d’oranges, un procédé qui valorise les déchets d’agrumes, développé par Orange Fiber. Et ce n’est pas rien lorsqu’on sait qu’en Italie seulement, le volume de ces détritus représente 700’000 tonnes, un potentiel énorme pour Enrica Arena et son équipe. Son projet a d’ailleurs remporté l’an dernier le prix du Global Change Award (prix de l’innovation lancé par la fondation H&M), doté de 150’000 € et d’un soutien d’une année en gestion et développement d’entreprise.
C’est de ce support essentiel qu’ont besoin ces start-up qui planchent sur des technologies très spécifiques et dont les besoins de mise en application sont très concrets. Un autre exemple tiré de l’édition 2017 du Global Change Award: une start-up des Pays-Bas propose des matières textiles produites à partir de bouses de vaches. Cette idée, au départ totalement absurde, permet finalement de transformer un déchet problématique en ressource précieuse. Une autre firme travaille quant à elle sur un système d’étiquetage digital qui permettrait de savoir avec précision de quelles matières est composé un vêtement, ce qui lèverait la plus grosse barrière au recyclage de nos habits.
Croire et miser sur l’innovation
Ce n’est pas tout. L’entrepreneure digitale russe de Buro 24/7, Miroslava Duma, vient de se lancer dans un projet qui mise sur l’innovation. Le «Fashion Tech Lab» permettra de financer, connecter et développer des technologies durables dans le but de radicalement changer l’industrie de la mode. «Les millenials et la génération Z placent le développement durable au coeur même de leur existence», a-t-elle affirmé au site The Business of Fashion.
Cette demande - si elle existe réellement et durablement - devra être prise en considération et les marques se plieront aux nouvelles exigences d’une jeuness qui entend bien faire changer la société. Ainsi, cette mode jugée il y a peu encore ringarde et réservée aux soixante-huitards attardés, est-elle devenue le nouveau cool. Les stars ne s’y sont pas trompées, à l’exemple d’Emma Watson, qui a lancé au début de l’année un compte Instagram, The Press Tour, qui met en avant le choix de ses tenues écologiques.
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