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Rencontre avec Jonathan Adler, génie du glamour américain
Fondé en 2005 par Cécile Demole, le studio d’architecture et concept store Dôme Project Interiors a enchanté le canton de Vaud durant près de 17 ans. Installé en vieille ville de Genève depuis novembre 2021, le bureau spécialisé dans la conception et la réalisation d’espaces intérieurs renferme aussi un magnifique espace showroom, réparti sur deux étages. Un lieu raffiné, dont l’ambiance cosy et colorée envoutera tout amoureux et amoureuse du design.
Ici, meubles, art de la table, textiles et objets déco portent la signature de maisons prestigieuses, telles que Fornasetti, Giobagnara, Bitossi. Une collection de livres d’éditions phares à l’instar d’Assouline, Taschen et Phaidon viennent compléter cette sélection de choix.
Depuis plus de cinq ans, Dôme a noué un partenariat avec le designer et céramiste américain Jonathan Adler. En Suisse, l’enseigne est d’ailleurs l’un des plus gros revendeurs de la marque. Pour la première fois, en janvier 2024, Jonathan Adler a posé ses valises dans la cité de Calvin. C’est dans cet écrin dédié à la décoration intérieure que le potier, designer et auteur nous parle de son travail, tout en distillant quelques conseils déco.
FEMINA Comment décririez-vous votre style?
Jonathan Adler Je dis que c'est du glamour américain moderne. Cela signifie que j’essaie de créer des objets modernes et tournés vers l’avenir. Je suis américain. Et pour moi, être américain, c’est un sentiment d’optimisme et de possibilité. Le glamour, je pense, est le mot le plus difficile à définir en anglais. Mais selon moi, ce terme signifie être mémorable et confiant. Donc le glamour américain moderne fait sens, non?
Vous avez travaillé pour le cinéma. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la céramique?
Oui dans ma jeunesse, j’ai travaillé pour le cinéma. Mais j'ai été licencié de cinq emplois d'affilée et personne ne voulait m’engager! J’ai alors commencé à donner des cours de poterie et j’ai finalement vendu un pot. Je pensais que j'allais vivre une vie de pauvre potier; je n'avais aucun plan. J'étais juste excité de pouvoir faire de la poterie et être créatif. Donc tout ce qui s’est passé est tout à fait par hasard. Et c'est un délicieux accident.
Oui, d’ailleurs vous avez vendu une de vos premières créations chez Barneys, une enseigne de grands magasins new-yorkaise.
Oui, c'était extraordinaire. Je ne pouvais pas y croire!
Vos créations abordent le surréalisme?
De temps en temps, oui.
Est-ce que le cinéma vous a influencé dans ce sens? Quelles sont vos sources d’inspiration?
Comme tout artiste, je m'intéresse au corps humain. Je fabrique donc beaucoup de produits contenant des parties du corps humain. Je m'intéresse aussi beaucoup aux drogues, même si je n’en consomme pas du tout. Je vis la vie la plus saine imaginable. Mais j’aime l’idée d’un univers alternatif que les drogues peuvent offrir. Mon rapport à la drogue est très ambivalent. Je n’en prends jamais, mais j'y pense beaucoup. Je suis une personne très disciplinée et ma vie l’est aussi. Par contre, ma vie créative est le lieu où je me déchaîne. Ma vie est à l'opposé de mon travail, qui lui est très audacieux, coloré et déconnecté de la réalité, alors que je suis discipliné et très travailleur.
Avez-vous d’autres sources d’inspiration? Par exemple, est-ce que vos voyages influencent votre travail?
Oui, bien sûr. Je voyage beaucoup et j'essaie toujours d'aller dans des endroits comme Capri, Palm Beach ou Saint-Tropez. J'imagine alors comment Jackie O. vivrait dans ces endroits. L'idée de lieux spécifiques, dans un esprit glamour jet-set, m’inspire.
Comment travaillez-vous? Par quoi commencez-vous vos collections?
Dans mon atelier de poterie, en général je commence une maquette. C'est vraiment cool. Nous avons une étagère contenant des centaines de petites maquettes. C'est intéressant.
Avez-vous un calendrier saisonnier, comme c’est le cas dans la mode?
On pourrait dire que je lance une collection deux fois par an. Mais je devrais probablement ralentir.
Quelles sont les matières que vous employez pour faire vos maquettes?
L'argile, toujours! La céramique c’est mon premier amour. Il ne faut pas que mon mari lise ça. Mon mari arrive en deuxième position. En fait non, en troisième position: ma chienne passe avant! Je vais vous montrer sa photo et vous verrez pourquoi (ndlr: il nous montre une photo de sa chienne sur son smartphone).
Ah oui, là je comprends pourquoi. Elle est trop belle. Quel est son nom?
Foxylady.
En matière de décoration intérieure, quel est votre conseil le plus important pour améliorer un espace de vie ?
Débarrassez-vous de tout ce que vous n'aimez pas chez vous. Si vous n'aimez pas un objet, donnez-le.
Et lorsqu’on ne jure que par le blanc ou le beige, comment adopter la couleur à la maison et par quoi commencer?
Commencez avec de petits objets. Il y a toujours de la place pour ajouter un soupçon de couleur. Mais vous savez, je crée aussi beaucoup de pièces dans des tons beiges et neutres. Le beige est ok, dès le moment qu’il est super.
Qu’est-ce qu’un super beige?
C’est un objet conçu dans des matériaux géniaux, de très belle qualité. Et mon autre conseil est que tout le monde devrait épouser un-e conjoint-e très riche afin de pouvoir acheter des choses exquises! Moi je n'ai pas épousé un homme très riche... Je peux vous dire que c'est ma plus grosse erreur dans la vie (dit-il en riant).
Mais l’amour est le plus important, non?
Hélas oui.
Quelle est l’erreur à éviter lorsqu’on veut renouveler sa décoration?
Décorer est vraiment difficile. Si je suis sincère, je vous conseille de décrire en trois mots comment vous voulez que votre maison soit, puis d'utiliser ces mots comme fil rouge.
Cela signifie qu’il faut parfois sortir du cadre, quitte à faire des erreurs?
Il n'y a rien de mal à commettre une erreur. Mais la décoration est difficile et coûteuse. C'est pour ça qu'il vous faut un mari ou une femme riche!
Parmi vos créations, quelle est la pièce indispensable en céramique à avoir chez soi?
Probablement mon vase Dora Maar en céramique.
Selon vous, quel est l’espace qui se prête le plus à la fantaisie?
Aux États-Unis, nous appelons cet espace the powder room (ndlr: une petite salle d’eau). En décoration intérieure, la petite salle de bain se prête le plus à la folie.
Vous avez exploré toutes sortes de catégories dans le design: céramique, mobilier, textiles…quels sont vos projets pour 2024?
Mon mot préféré est «more» (ndlr: plus). Mon plan est donc simplement d’en faire plus.
La bio express de Jonathan Adler
Jonathan Adler naît en 1966 dans le New Jersey. Vers l’âge de douze ans, il découvre la poterie lors d’un camp d’été. C’est le coup de foudre et le futur designer passera toute son adolescence à façonner des pièces en céramique. En 1990, il emménage à New York et commence à travailler dans l’industrie du cinéma. Quatre ans plus tard, Jonathan Adler revient à son premier amour: la poterie et parvient même à vendre sa première création dans le prestigieux magasin Barneys à New York.
Sa marque éponyme lancée, le céramiste ouvre sa première boutique en 1998, dans le quartier de SoHo. Dès lors, la carrière du designer se développe, ouvrant la voie à des projets divers. De la rénovation de l’hôtel californien The Parker Palm Springs, en passant par la publication d’un livre, Jonathan Adler devient même directeur artistique de Fisher Price en 2016. Multi casquette et touche à tout, le designer compose une collection capsule en collaboration avec H&M Home en 2019. En 2023, le céramiste célébrait ses trente ans de carrière teintée de glamour américain et moderne.
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