récit inspirant
Un couple quitte Genève pour partir à l'aventure à moto
«On sait que les lieux et les gens qui se trouvent à côté de chez nous sont aussi exceptionnels qu’à l’autre bout du monde.»
© VINCENT ET NATHALIA WEIL«Il y a beaucoup de manières différentes de vivre sur cette planète. On veut casser les schémas et remettre en question les idées préconçues.» C’est dans un café de Saint-Jean, à Genève, à l’heure du brunch, que Vincent et Nathalia sont revenus avec nous sur leur histoire. Falkor, elle, est en révision à Sierre. Ce qui ne les empêche pas d’arriver sur une moto (de prêt), bravant la pluie.
On vous explique vite qui ils sont? Vins et Natha, 35 ans, tombent amoureux dans un skatepark en 2002, à l’âge de 14 ans. Ils font le tour du monde durant un an en 2009, se marient en 2014, vivent en Inde en 2015 pendant sept mois pour y faire du bénévolat. La même année, ils prennent le large sur un voilier pour une Transatlantique, suivie de pérégrinations en Amérique du Sud: un voyage qui durera onze mois. Mais revenons au fameux tour du monde de 2009: «Avant le départ, on n’avait pas conscience que ce voyage allait changer notre perception du monde, expliquent les aventuriers, qui ne se départissent jamais de leur joie de vivre.
On a visité 22 pays en 12 mois. Aujourd’hui on fait un peu l’inverse; on trouve que la consommation rapide a moins de valeur et on essaie d’être en immersion.»
Une bouteille pour donner la direction
Le 1er août 2021, le duo fait tourner une bouteille de vin sur une carte et enfourche Falkor droit derrière, direction l’ouest. Avec l’imprévu comme boussole, le désormais trio se laisse guider par les rencontres et les échanges de services qu’ils réalisent. Sans date de retour, ils avancent lentement, simplement, en symbiose avec la planète, se laissant porter par la spontanéité. Ils se font offrir le gîte ou bivouaquent à la belle étoile. «Ce n’est pas simplement un voyage, mais une réelle rupture dans nos vies. Nous avons vendu toutes nos affaires et quitté nos boulots pour vivre cette nouvelle vie nomade.
Au bout de 20 ans de couple, on se devait de bousculer notre quotidien.»
Durant deux mois, ceux qui considèrent le monde comme leur maison se posent à 6 heures de route de Genève, sans avoir imaginé qu’ils pourraient être ainsi dépaysés en France, et aident à rénover un mas dans les Pyrénées-Orientales. Ils poursuivent en Espagne, au Portugal, au Maroc, en Corse, en Italie, affrontent neige et -3° à Andorre et 52,5° dans le désert marocain. Déjà 500 jours de voyage ont passé! Et après ces 23 000 premiers kilomètres, c’est le moment de faire escale en Suisse. Au fait, pourquoi la moto? «Parce que c’est physique, plus rapide que le vélo mais plus libre que la voiture, sans carrosserie qui te sépare de la nature et des paysages.»
Lents comme des blobs
Les pétillants Vins et Natha documentent toutes leurs aventures sur leur blog Take Me Everywhere, ainsi que sur les réseaux sociaux (lui est fou de vidéo et de montage). Sur Polarstep, une appli qui traque leur itinéraire, ils se décrivent comme «deux Blobtrotteurs aspirant à la lenteur, vivant le moment présent». Et… c’est quoi un Blobtrotteur? «Un blob, c’est un animal qui avance très lentement, qui ne passe jamais deux fois au même endroit, qui peut transmettre des informations à des congénères en fusionnant avec eux… On avait lu un article scientifique sur lui et on s’est trouvé plein de points communs. On a clairement inventé ce terme!» rigole Nathalia.
Côté budget, le couple a dépensé 12 000 francs à deux sur un an, tout compris. «On s’est déconnectés du travail, mais la suite sera différente, nous allons essayer d’avoir des rentrées d’argent pour pérenniser cette vie.» Et le couple dans tout ça? «Comme on est tout le temps ensemble, il nous arrive de nous énerver et de bouder un peu, mais ça ne dure jamais longtemps. Dans une telle situation, la communication doit passer avant tout, on est obligés de partager et de comprendre nos points de vue.»
Après trois mois en Suisse, le trio infernal est reparti le 1er jour du printemps direction l’Asie. «On s’est débarrassés d’affaires, on repart avec de nouveaux équipements, plus d’expérience en théorie, mais toujours autant de peine à gérer le froid.
Le dépaysement nous appelle, mais aujourd’hui, on sait faire preuve de patience, car on sait que les lieux et les gens qui se trouvent à côté de chez nous sont aussi exceptionnels qu’à l’autre bout du monde.
On ne regarde pas notre objectif sur la carte, car ça nous donne beaucoup trop le tournis. La route nous y mènera à son rythme, alors on vit chaque kilomètre avec gratitude et émerveillement.».
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