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PMA: ce si long chemin semé d’embûches

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Dans le monde, une femme sur dix a déjà vécu un arrêt naturel de grossesse selon une étude parue en 2021 dans The Lancet.

© LINE RIME

Une cousine, une collègue, une amie: autour de nous, il existe de nombreuses femmes qui rêvent de devenir maman mais n’y parviennent pas. La preuve: dans notre pays, un couple sur six a des problèmes à concevoir. Lorsqu’on y est confronté et que l’on choisit de ne pas le cacher, on doit faire face à de nombreux préjugés. «Moins tu y penses, plus vite ça viendra», «ne stresse pas comme ça, c’est mauvais»…

Comme le prouvent les quatre femmes qui ont accepté de témoigner, chaque histoire de procréation médicalement assistée (PMA) est unique. Il y a – parfois – un happy end. Mais certaines caractéristiques sont immuables: chaque PMA est un sacrifice financier pour celles qui sautent le pas et les souffrances, quelles qu’elles soient, semblent inévitables.

C’est pour soutenir les femmes en désir d’enfant que Corinne Badet a ouvert son cabinet de coaching PMA en 2020. Si peu de femmes osent aujourd’hui parler ouvertement de leur parcours, les tabous entourant ces traitements semblent néanmoins s’amenuiser, observe la spécialiste biennoise. «On se sent souvent seule en vivant cela, d’autant plus lorsque l’on est entourée d’amies qui semblent toutes tomber enceintes les unes après les autres. Mais j’aimerais leur dire à toutes qu’elles ne sont pas des cas isolés, au contraire!»

«Tous les jours, je scrutais ma culotte en croisant les doigts pour qu’il n’y ait pas de sang»

Jenny, 33 ans, a vécu sept fausses couches. Un véritable parcours du combattant pour cette jeune femme qui a traversé ces épreuves en se sentant parfois très seule. Aujourd’hui, elle en parle ouvertement pour briser les tabous entourant les interruptions de grossesse.

J’ai 33 ans, et j’ai fait 7 fausses couches. Pourtant, a priori, rien ne cloche chez moi, même si c’est très dur d’y croire. Les causes étaient à chaque fois différentes: grossesse extra-utérine, œuf clair, cœur qui ne bat plus… Ma gynécologue n’a pas jugé nécessaire de pousser plus loin les investigations. Il ne faudrait pas voir cela comme une faiblesse, mais lorsqu’on le vit, c’est plus compliqué… Aujourd’hui, je suis enceinte de mon second enfant. Lorsque l’on me dit qu’il s’agit de ma neuvième grossesse, ça me fait toujours bizarre. Mais c’est bien le cas: tous ces précédents essais comptent.

Cette grossesse, c’était celle de la dernière chance. Je n’en pouvais plus: à chaque fois, j’ai des symptômes très forts, des nausées, beaucoup de fatigue. Endurer tout cela pour perdre le fœtus, c’est très dur à encaisser. Physiquement, j’étais à bout. Mon corps a pris très cher: lorsque l’on met tous les essais bout à bout, cela fait des années que je suis enceinte finalement!

La plupart des embryons sont partis naturellement. Mais à une reprise, j’ai été forcée de prendre des médicaments. Ça a été un cauchemar: j’ai fini à l’hôpital, car la dose ingérée était beaucoup trop forte. J’étais enceinte de 12 semaines, j’ai eu des contractions comme en fin d’accouchement pour évacuer le fœtus. C’était horrible de vivre cela, d’endurer cette souffrance pour rien. Mais j’étais au moins à l’hôpital, j’avais alors l’impression que cela comptait tout de même. Car voir mes autres grossesses terminer dans la cuvette des toilettes, c’était extrêmement barbare. Mon mari était à mes côtés, mais finalement, j’étais seule à vivre cela, à le ressentir dans mon corps.

J’ai tenu bon durant toutes ces années, je ne me suis jamais écroulée devant lui. Il me comprenait sans vraiment me comprendre, cela ne se passait pas dans son corps. On a toujours eu du mal à en parler ensemble. Il ne pouvait pas ressentir ce que j’éprouvais, j’ai préféré porter ce poids seule. Par contre, je me suis rendue à plusieurs reprises chez une kinésiologue et chez un acupuncteur. C’est important selon moi, il faut tenter quelque chose, trouver des thérapies qui nous font du bien. Cela me rassurait d’avoir un lieu où je pouvais déposer tout ce que je gardais en moi, tout ce poids qui me pesait.

Et puis, je me suis toujours dit qu’il y avait bien plus grave, cela m’aidait à tenir. Je me blindais, je me forçais à ne rien ressentir. Je n’ai jamais manqué un seul jour de travail, cela fait partie de mon caractère. Pour moi, il y avait une raison derrière tout cela, ce n’était pas possible de devoir vivre toutes ces fausses couches pour rien.

Par chance, j’ai traversé toutes ces épreuves avec une amie très proche, qui vivait la même chose que moi au même moment. On était ensemble, pour les hauts comme pour les bas. Car traverser une fausse couche, c’est un véritable ascenseur émotionnel. Même si, avec les échecs qui s’accumulent, on apprend à ne plus trop se réjouir lors des premiers tests, à se déconnecter de certaines émotions. Et tous les jours, on scrute sa culotte en croisant les doigts pour qu’il n’y ait pas de sang.

Les fausses couches sont tellement taboues: personne n’en parle. Mais les chiffres sont hallucinants (ndlr: dans le monde, une femme sur dix a déjà vécu un arrêt naturel de grossesse selon une étude parue en 2021 dans The Lancet)!

Et dans notre entourage aussi, énormément de couples sont touchés. Beaucoup de personnes m’ont contactée, car j’en ai toujours parlé ouvertement. On est si seule lorsque l’on traverse cette épreuve.

«Ça viendra tout seul»

Le pire conseil que l’on m’ait donné? «N’y pense plus, ça viendra tout seul.» C’est impossible! C’est un tel bouleversement au quotidien, tout change lorsque l’on vit cela. J’avais alors la sensation de stagner, j’étais obnubilée par cette idée de tomber enceinte. C’était ma première pensée le matin, la dernière en me couchant le soir. Ne pas y penser, lorsque c’est tout ce que l’on a toujours souhaité, c’est juste irréaliste. On est à l’affût du moindre symptôme, le mois entier est rythmé par cela. Ce serait vraiment bien que celles et ceux qui balancent des paroles aussi vides de sens y réfléchissent à deux fois…

J’aurais plutôt eu besoin que l’on me dise «ça peut arriver», «ça n’est pas toujours facile». Car lorsqu’on s’est mariés, j’étais certaine d’accoucher l’année suivante! C’est un sujet tabou, alors qu’il est très important d’en parler. Les gynécologues devraient également ouvrir la discussion sur ce sujet. Il y a un tel mystère qui entoure les trois premiers mois de grossesse, je trouve cela vraiment stupide. Si l’on était plus transparent, il y aurait bien moins de remarques. Je trouve que, de ce point de vue, Instagram est une bonne chose: de plus en plus de femmes osent partager leurs fausses couches sur ce réseau. Cela aide beaucoup, on se sent moins seule lorsque l’on traverse les mêmes épreuves.

En Suisse, j’ai également été scandalisée de découvrir que les trois premiers mois d’une grossesse ne sont pas pris en charge par les assurances. À chaque fois, tous les frais médicaux ont été pour nous. Entre les analyses, les trajets en ambulances, les rendez-vous médicaux, ce n’est pas à la portée de tous les couples, loin de là. Je trouve ça tellement triste lorsqu’un problème financier empêche quelqu’un de devenir parent. On vit dans un pays riche, pourquoi s’impose-t-on cela?

© LINE RIME

«La PMA m’a tout pris: mes rêves, mon estime de soi, ma santé, mon portefeuille»

Stéphanie ignore qu’elle souffre d’endométriose lorsqu’elle se lance dans un parcours de procréation médicalement assistée. Après avoir frôlé le pire et enduré de terribles souffrances, son mari et elle prennent la décision la plus difficile de leur vie: ils ne seront jamais parents.

J’ai souvent lu et entendu des parcours longs et laborieux de PMA qui se soldaient par un succès. Moi, je fais partie de la majorité silencieuse: celles qui souffrent, mais n’ont pas eu d’enfant. Malgré tous les sacrifices.

Avec mon mari, nous avons tout de suite souhaité devenir parents. Mais après un an d’essais, toujours rien. Ayant une mauvaise santé depuis toute petite, je n’ai pas trop tardé avant de faire des tests. Et les résultats se sont avérés très mauvais. Pour ne rien arranger, les résultats de mon mari étaient également loin d’être bons. On a essayé de nombreuses médecines alternatives pour booster notre fécondité: magnétiseur, acupuncture, kinésiologie… Mais rien ne semblait porter ses fruits. J’ai eu droit à trois inséminations remboursées par l’assurance maladie: aucune n’a fonctionné.

On a alors pris la décision de commencer des fécondations in vitro. Depuis mon adolescence, j’ai toujours eu des règles très douloureuses. Et les stimulations d’hormones effectuées avant la FIV ont complètement déréglé mon système.

Résultat: mon endométriose, non décelée jusque-là, a complètement explosé.

J’ai fini aux urgences, j’étais sous morphine tellement la douleur me terrassait. Psychologiquement, nous étions complètement abattus, c’était une période extrêmement noire. Je me suis fait opérer pour enlever les foyers infectieux. L’opération a été très longue, j’ai mis beaucoup de temps à m’en remettre. Je sentais mon corps totalement à bout: il n’aurait jamais pu porter un enfant en étant si malade, si faible. Nous avons pris alors la décision la plus difficile au monde: il n’y aurait jamais d’embryon dans mon ventre.

Couple au bord de la rupture

Je me suis jetée à corps perdu dans le travail, je me suis mise à mon compte avant de faire faillite. J’avais ce besoin viscéral de réaliser un autre rêve, quel qu’il soit. Mais la chute a été brutale: j’ai fait un burn-out avec tendances suicidaires, j’ai perdu 70% de ma mobilité. J’ai été suivie par un psychiatre qui a mis le doigt sur mon problème: il fallait que je fasse la paix avec mon corps, que j’arrête d’être en colère contre lui. C’est alors que mon processus de deuil a véritablement pu commencer.

La PMA a détruit ma vie, elle m’a tout pris: elle a détruit mes rêves, mon estime de soi, ma santé, mon portefeuille. Elle a failli détruire notre couple aussi. Par chance, nous avons été tous les deux suivis psychologiquement, c’est cela qui nous a sauvés. Mais un couple sur deux n’a pas cette chance…

J’ai de la peine à croiser des femmes enceintes. Je suis encore dans la souffrance et le deuil, c’est dur pour moi de me retrouver confrontée au bonheur de celles qui portent la vie. Mais j’aimerais que les parents soient plus honnêtes parfois, qu’ils décrivent vraiment leur réalité. Car je n’ai pas l’impression que ce soit du bonheur à 100% d’être mère ou père, loin de là. J’idéalisais la parentalité, je ne m’étais jamais envisagée autrement que comme mère. J’ai dû me créer un autre chemin, apprendre qu’il était possible d’être heureuse sans enfant. On a survécu, j’ignore par quel miracle.

Aujourd’hui, je savoure la vie que j’ai construite, aux côtés de mon mari. On s’investit auprès de nos nièces, neveux, filleul et filleule. On fait tous les deux beaucoup de bénévolat. Et on profite du présent, on ne se prive de rien! Si la vie n’a pas voulu nous donner d’enfant, il y a peut-être une raison. Nous étions certainement destinés à autre chose. J’ai perdu trop d’années dans ce processus. Aujourd’hui, j’ai envie de vivre. Simplement.

«S’infliger une telle déception chaque mois était devenu inhumain»

Emilie a ressenti l’envie d’être maman alors qu’elle avait 44 ans. Entre désillusions et actes jugés illégaux en Suisse, la Vaudoise pose un regard acéré sur le don d’ovocyte et la formation des gynécologues.

J’ai rencontré mon compagnon alors que j’avais passé 40 ans. Avec lui, fonder une famille a immédiatement été une évidence. Au départ, on ne s’est pas trop posé de questions: si ça fonctionne, tant mieux, sinon ce ne sera pas la fin du monde. Mais je me suis vite rendu compte que, chaque mois, j’attendais la réponse. Et après trois ans d’essais infructueux, on s’est finalement décidé à faire des tests. C’est alors que l’engrenage a commencé…

Je me suis rendue dans un grand hôpital. Le rendez-vous s’est très mal passé. Sans même connaître mon vécu, on m’a directement asséné:

«Sachez que votre âge est dépassé, on ne peut rien faire pour vous.» J’étais dévastée.

Et au bout d’une nouvelle année sans résultat, nous avons décidé de prendre les choses en main. Car le processus était de plus en plus stressant: on se mettait la pression, on n’avait plus aucune envie de faire l’amour, c’était devenu un devoir. Chaque rapport sexuel avait pour but d’enfanter, l’envie s’était évaporée.

C’est en discutant avec ma sœur que j’ai eu le déclic. Elle m’a dit alors: «Tu peux être ménopausée dans dix ans, est-ce que tu veux vraiment t’infliger cela chaque mois, en laissant faire la nature?» J’ai alors pris rendez-vous chez une merveilleuse gynécologue. Elle m’a clairement dit: «Vous êtes fertile, mais ça n’est pas suffisant.» Pour la première fois, j’ai alors compris que mes ovocytes, comme moi, avaient vieilli. Certes, ils pouvaient encore fonctionner, mais c’était clairement de l’ordre du miracle à mon âge.

Une violence masculine et archaïque

Les taux de réussite pour une fécondation in vitro ne sont pas assez élevés, passé 40 ans. Elle m’a donc parlé du don d’ovocytes, une pratique illégale en Suisse, qui consiste à miser sur le matériel génétique d’une donneuse. Bien sûr, cela remet tout en question. Étions-nous prêts à franchir ce pas? La solution nous semblait aisée, presque trop simple: si l’on a des économies, on peut tomber enceinte en trois mois, ça nous paraissait complètement fou! On s’est tourné vers l’Espagne, qui nous semblait à la pointe dans ce domaine. En deux voyages, c’était fait: j’étais enceinte!

J’avais peur d’être jugée par le corps médical. Mais pas du tout: personne n’a été dans le jugement. J’ai toutefois été victime d’un radiologue terrible, alors que j’étais en France. Il fallait absolument qu’il m’ausculte pour savoir si l’endomètre était prêt à recevoir l’embryon, avant mon second voyage en Espagne.

C’était terrible, car j’étais tributaire de cet homme qui m’a dit que les femmes comme moi ne devraient jamais tomber enceintes, que c’était contre nature, «quand c’est passé, c’est passé, c’est trop tard pour avoir des enfants», répétait-il. Être victime d’une telle violence, masculine et archaïque, était dur à encaisser.

Nous en avons toujours parlé très ouvertement à tous nos amis. Et j’ai été stupéfaite de constater qu’énormément de gens vivaient la même chose! J’aimerais tellement que le don d’ovocytes devienne légal en Suisse, c’est très injuste que ce ne soit pas encore le cas. Le processus nous a coûté 10000 euros au total: peu de gens peuvent se le permettre. Cela me révolte que cette option ne soit pas offerte à tout le monde. Ce serait également essentiel que les gynécologues en parlent avec leurs patientes, lorsqu’elles ont 25-30 ans. Car à 35 ans, on est déjà trop vieilles pour congeler ses ovocytes.

Traverser tout cela avec mon compagnon nous a encore davantage rapprochés. On ne s’est jamais autant aimé! Et notre amour ne fait que grandir encore, avec cette petite fille qui nous rejoindra tout prochainement. Sa conception ne sera pas un sujet tabou: on compte lui en parler très rapidement.

© LINE RIME

«Cela m’aurait tellement aidé que d’autres personnes dans mon entourage me partagent leur vécu»

Alors que les annonces de grossesse se multiplient dans son entourage, Chloé ne parvient pas à tomber enceinte. Après avoir finalement réalisé son rêve, elle vivra très mal cette grossesse durant laquelle, chaque jour, elle aura peur de perdre son bébé.

À la base, je n’étais pas pressée de tomber enceinte. Mais lorsque ça n’a pas fonctionné, j’ai ressenti ce besoin, cette urgence. J’ai arrêté la pilule juste après que mon compagnon et moi nous nous sommes mariés. Je suis de nature pessimiste: très vite, j’ai senti que quelque chose ne fonctionnait pas. Durant cinq mois, je n’ai pas eu de règles. J’ai pris rendez-vous chez mon gynécologue, le verdict est tombé: ovaires polykystiques.

En entendant le diagnostic, j’ai pris peur. Mais il m’a vite rassuré en me disant que cela était courant et que ça expliquait l’absence de menstruations. J’ai pris un médicament pour que mes règles se déclenchent artificiellement, puis deux autres traitements médicamenteux. Je ne tombais toujours pas enceinte. J’avais des sautes d’humeur, les jambes gonflées, mais pas de bébé.

Le confinement m’a vraiment fait stresser. Alors que j’aurais dû commencer des injections d’hormones, tous mes rendez-vous ont été annulés du jour au lendemain. J’ai très mal vécu cette période. Sans compter que toutes mes copines ou presque semblaient tomber enceintes.

J’ai commencé ces fameuses injections en mai, juste après le premier confinement. L’organisation n’était vraiment pas évidente: je devais me rendre tous les trois jours chez le médecin. Et si je quittais la maison pour une soirée, j’étais contrainte de me trimballer avec ma glacière dans les WC, de me désinfecter le ventre avant de me piquer.

Les mois passaient, les tests de grossesse négatifs s’enchaînaient. On a ajouté des médicaments supplémentaires au traitement pour booster l’ovulation. Puis miracle, une fine barre a fini par s’afficher sur l’un des tests. Je n’osais pas du tout y croire. Je n’en ai parlé à personne, pas même à mon mari, avant d’aller faire une prise de sang. Je n’en revenais pas: j’étais enceinte! J’avais vraiment du mal à réaliser. Il a fallu attendre la première échographie, entendre les battements de son cœur, pour vraiment y croire. C’est à l’accouchement que j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en me disant: «Elle est là, tout va bien, personne ne peut plus nous l’enlever désormais.»

La peur ne m’a pas quittée durant toute la grossesse: je craignais tellement de perdre ce bébé. J’ai détesté être enceinte pour cette raison.

C’était si dur de sans cesse envisager le pire. Je faisais tout pour cacher mon ventre, je n’ai jamais mis de vêtements moulants ou de jolies robes qui mettaient mon nouveau physique en avant. J’ai gardé le secret durant cinq mois. Je n’ai rien dit à mes parents, alors que je les vois pourtant chaque semaine. C’était une manière de les protéger. «Je suis enceinte, mais c’était horrible», leur ai-je un jour déclaré, en larmes.

Interdit aux pauvres

Lorsque l’on me demande comment c’était, je ne cache jamais les douleurs, l’attente, le chemin qu’il a fallu parcourir. J’en ai ras le bol du mythe «J’arrête la pilule, le mois suivant je suis enceinte»! Si chacun et chacune était plus honnête, ça rendrait bien service à tout le monde. Cela m’aurait tellement aidé que d’autres personnes dans mon entourage me partagent leur vécu, me parlent librement de leurs parcours.

Financièrement, ce parcours de PMA n’a pas été évident. Rien n’est pris en charge.

Dans notre cas, entre les tests et les injections, on n’est pas loin des 10000 fr. de budget. C’est honteux pour un pays comme le nôtre.

Et cela me révolte que certaines personnes ne puissent pas avoir d’enfants faute de moyens.

Je n’oublierai jamais cette année éprouvante que l’on a traversée. Ces échecs, ces mauvaises nouvelles, ces fichues piqûres à heure fixe. Mais cela nous a renforcés comme jamais en tant que couple. En ayant traversé cela ensemble, je me demande bien ce qui pourra nous séparer! Et ça m’a également permis d’apprendre de précieuses choses sur moi-même. Je ne pensais pas être si forte, être capable d’endurer tout cela.

J’aurais plutôt eu besoin que l’on me dise «ça peut arriver», «ça n’est pas toujours facile». Car lorsqu’on s’est marié, j’étais certaine d’accoucher l’année suivante! C’est un sujet tabou, alors qu’il est très important d’en parler. Les gynécologues devraient également ouvrir la discussion sur ce sujet. Il y a un tel mystère qui entoure les trois premiers mois de grossesse, je trouve cela vraiment stupide. Si l’on était plus transparent, il y aurait bien moins de remarques. Je trouve que, de ce point de vue, Instagram est une bonne chose: de plus en plus de femmes osent partager leurs fausses couches. Cela aide beaucoup, on se sent moins seule lorsque l’on traverse les mêmes épreuves.

La PMA en quelques chiffres

  • Plus de 6200 femmes ont recours à une PMA chaque année en Suisse (46,9% de PMA aboutissant à une grossesse, 34% à une naissance)
  • En Suisse, 1 enfant sur 40 naît d’une fécondation in vitro
  • 1 couple sur 6 a des problèmes à concevoir. Dans 30% des cas, l’infertilité est exclusivement masculine, dans 20% exclusivement féminine. 20% des cas ne s’expliquent pas et dans 30% des cas, une combinaison de plusieurs facteurs en est la cause.
  • Taux de réussite des FIV: 37%
  • Après une année, environ 15% des couples n’arrivent pas à procréer naturellement.

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