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Olivia Doigo: La tireuse à l'arc collectionne les médailles d’or

Portrait OLIVIA DOIGO archery

Des heures d'entraînement, des kilomètres à parcourir, un matériel ultra technique, Olivia connaît déjà le prix de sa passion et de ses ambitions.

© ZOE JOBIN

Elle évolue comme un poisson dans l’eau, au milieu d’une rangée de Legolas modernes, avec leurs arcs et leurs tenues en lycra. Pour Olivia Doigo, 16 ans, le centre World Archery Excellence, dans les hauts de Lausanne, est comme une deuxième maison. Elle y vient toutes les semaines depuis La Neuveville pour s’entraîner, alternant avec d’autres clubs à Neuchâtel, Berne ou au Tessin, et les compétitions le week-end. Environ quinze heures de sport par semaine, et une heure trente de trajet par jour pour l’apprentie horlogère avec matu au lycée technique de Bienne.

«Le tir à l’arc m’apporte beaucoup au niveau concentration, mais pas assez en dépense d’énergie», avoue la jeune fille.

C’est pour cela qu’elle pratique aussi le taekwondo, le vélo, la course, l’escalade. Olivia parle aussi quatre langues couramment, et est en train d’apprendre l’allemand et le suisse allemand, «pour pouvoir échanger avec mon sponsor». Elle communique en italien avec son père, en coréen avec sa mère, l’anglais est leur langue commune, et le français la langue dans laquelle elle pense et elle rêve!

Des rêves, elle en a plein justement, notamment participer aux Jeux olympiques. La fédération la juge trop jeune pour Paris 2024, mais elle tentera les qualifications de dernière minute. C’est qu’elle est plutôt seule dans sa catégorie, celle des dames de moins de 18 ans. «Aux championnats du monde en salle, en janvier à Nîmes, elle a été déclassée, faute d’adversaires. Elle a fini en quart de finale contre 90 archères plus âgées qu’elle», raconte fièrement son papa, Claudio.

Inspirée par son grand-père coréen

C’est son grand-père coréen – les Coréen-ne-s excellent dans cette discipline – qui lui a donné l’envie de tirer à l’arc. Dès la première fois où elle s’est essayée à ce sport exigeant, juste avant le confinement, elle a fait preuve d’une aisance hors du commun. En juillet 2021, elle achète son premier arc, d’occasion. Il est plus vieux qu’elle! Elle l’appelle affectueusement «ce fossile». Première compétition en novembre de la même année, alors qu’elle fête ses 14 ans. Elle est repérée par l’entraîneur coréen Kyeong Su Jeong, qui la prend sous son aile. Quatre mois plus tard, elle est championne suisse indoor et, neuf mois plus tard, outdoor. Elle est sélectionnée par l’équipe suisse en septembre 2022, section «relève».

Une ado comme les autres

Outre le temps investi, le matériel a aussi son prix, à commencer par l’arc olympique dernier cri à plusieurs milliers de francs, indispensable pour les compétitions, qu’elle transporte dans une valise et monte et démonte à chaque entraînement. Elle prépare ses flèches elle-même, en les coupant à la bonne longueur et les «emplumant», puis ajustant la pointe en tungstène: «Chaque flèche vaut 100 francs», précise-t-elle au milieu de cet étalage de pièces trop techniques pour une journaliste néophyte. Tout comme le système de points qui permet d’établir le classement, mais on comprend que dans sa discipline, Olivia est assez exceptionnelle.

Elle enfile sa protection et bande son arc l’air de rien, et envoie trois flèches dans le centre de la cible à 70 mètres. «Vous les voyez? Dans le jaune, à 7 h, les deux autres à 5 h.» Euh, non, pas vraiment! Les flèches sont profondément enfoncées, impossible de les retirer à mains nues (on s’y essaie pour faire rire la jeune athlète) et on se demande comment elle fait pour pratiquer parfois dans sa chambre. «J’ai aussi un jeu de fléchettes, c’est moins dangereux!»

Tiens, Olivia aurait-elle le temps d’avoir des loisirs de jeune fille de son âge?

«Bien sûr que j’ai des amis, mais nous, les archers et les archères, on est quand même des introverti-e-s. Durant les camps d’entraînement, on a des plages obligatoires de sociabilité!»

Sinon, elle profite des trajets en train pour regarder Netflix, notamment des séries coréennes autour du sport, comme Weightlifting Fairy Kim Bok-joo. Elle aime aussi les Marvel ou les Disney. Et comme tous les ados, son passe-temps favori reste… sa Switch.

Bio express

2006 Naissance en novembre à Neuchâtel

2020 découvre le tir à l’arc, appelée par ses racines coréennes

2021 Achète son premier arc

2022 Sélectionnée en équipe nationale, championne suisse indoor et outdoor (dames moins de 18 ans)

2023 Reçoit les mérites sportifs de la ville de Neuchâtel, confirme son statut de championne suisse indoor

2024 ou 2028 En route pour les Jeux Olympiques?

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