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Récit poignant

Témoignage: Malgré le pronostic, elle a battu son lymphome

Témoignage: Malgré le pronostic, elle a battu son lymphome

Malade d'un cancer, cette jeune maman installée en Valais va tout faire pour donner tort au diagnostic des médecins.

© FLORENCE ZUFFEREY

En 2015, j’ai 35 ans et je suis maman d’une petite fille d’un an et demi. Je dirige une boutique d’horlogerie en station. Quand je ne travaille pas, je me lance le défi de monter toujours plus haut en randonnée avec mon chien. La vie est belle. À Noël de cette année-là, des premiers symptômes apparaissent: dès que je bois une gorgée d’alcool, je suis comme paralysée de la mâchoire jusqu’au bout des doigts. Les mois passent, je me sens épuisée. Mais je mets cela sur le compte de mon rôle de maman. Je cauchemarde la nuit et me réveille en sueur. Un soir, lors de notre petit rituel de lecture avec ma fille, plus un son ne sort de ma bouche. J’ai le souffle coupé et ressens une vive douleur dans le thorax. Je regarde mon époux: «J’ai vraiment la sensation d’avoir quelque chose de grave!» Pas du genre à me plaindre, cette phrase résonne comme un cri d’alarme. Pourtant, je n’investigue pas davantage.

Durant l’été, je développe une vilaine toux, je mets ça sur le compte des pollens qui me chatouillent la gorge. Fin septembre, je tousse encore beaucoup. Un matin, je crache un peu de sang dans la salle de bains, mais comme je viens de me brosser les dents, je pense que cela vient de mes gencives. Quelques jours plus tard, je me remets à cracher du sang, beaucoup cette fois-ci. Mon corps m’envoie des signaux et je cherche aussitôt des excuses pour ne pas les entendre. Ils sont pourtant marquants.

Un mois à vivre

La suite s’enchaîne rapidement. Nous sommes en octobre 2016. Un premier scanner révèle une énorme tache sur mon poumon gauche. Après une biopsie et une quinzaine d’hypothèses, le verdict tombe. Trois médecins et mon mari entourent mon lit d’hôpital. On m’annonce:

«Madame, nous venons de lire votre dossier. Vous avez une petite fille de 2 ans, n’est-ce pas? Votre famille doit envisager la suite sans vous, nous vous donnons un mois.»

Diagnostic: un lymphome de Hodgkin stade 4. Ma première réaction face au corps médical, c’est: «Ce n’est pas possible, vous vous êtes trompés de dossier.»

Les paroles qui suivent, je ne les entends plus distinctement. Dans ce flot nébuleux jaillissent pourtant quelques mots, tels que: «progression fulgurante, lymphome de Hodgkin, cancer du système lymphatique, tumeur de 11 cm sur 7, stade 4». À ce moment-là, je ne sais pas combien de stades existent, mais à voir les expressions sur leurs visages, je comprends que la situation est grave. Mon mari se met à pleurer, je lui fais promettre de refaire sa vie.

Volonté de se battre

Mes jours sont comptés, je lutte chaque soir pour ne pas m’endormir par crainte de ne jamais rouvrir mes yeux. Comment réagir face à un tel diagnostic? De la maison où il s’occupe de notre fille, mon mari m’appelle en vidéo. Mathilde balbutie quelques mots et me fait une démonstration de ses talents de danseuse. Ma vie est là, à leurs côtés. Je ne peux pas baisser les bras, ils ont besoin de moi. À partir de ce moment, mon mantra devient: «Tant que tu respires, tu te bats!»

Je décide ensuite de continuer mes traitements de chimiothérapie à la Clinique de Genolier, où j’ai l’heureuse surprise d’être prise en charge par un oncologue extraordinaire, à l’écoute de ses patients, disponible et désireux de voir les malades se prendre en main.

Durant mes six mois de chimiothérapie, je suis en parallèle les conseils d’un médecin spécialisé en médecine anthroposophique dans l’objectif de m’aider à supporter les traitements, à drainer les produits, à modifier mon alimentation. Cette période me révèle beaucoup de choses. À commencer par ma détermination. Je découvre cette volonté de me battre, sans jamais me sentir intimidée par les opinions autour de moi. Par la force des choses, je découvre également comment fonctionne le corps humain, en tout cas en partie.

J’en suis certaine, si je m’en sors, je serai plus à l’écoute de ce corps qui m’avait lancé tant de signaux que j’avais ignorés.

Comprendre son fonctionnement m’aide à en prendre soin.

Se réinventer après la maladie

À l’issue des six mois de chimiothérapie, suivi d’un mois et demi de radiothérapie, me voilà sortie d’affaire. Du moins, presque… À la fin de ce marathon de traitements, d’examens, de rendez-vous médicaux, de prises de sang, la vie d’après s’avère la plus difficile pour moi. Les questions se bousculent: quelle est ma place dans la société? Suis-je encore capable de travailler? Mon mari m’aimera-t-il encore avec ce physique amoindri? Comment percevoir la vie maintenant qu’on sait que tout peut s’arrêter d’un moment à l’autre?

À ce moment-là, je décide de mettre en pratique mes résolutions d’une meilleure connaissance du corps humain. Je commence une formation en anatomie, physiologie et pathologie, ainsi qu’un cursus en naturopathie. En même temps, je commence un nouvel emploi dans l’horlogerie et suis une formation en nutrition, spécialisée en micronutrition. Aujourd’hui, mon moteur est d’informer mes clientes et mes clients de l’importance des nutriments pour le bon fonctionnement du corps humain.

Je souhaite aussi développer des cours de nutrition à destination des enfants, pour qu’ils comprennent et prennent soin de l’incroyable machine qu’est le corps humain.

En janvier 2024, j’ouvre les portes de mon Centre de Prévention santé à Crans Montana et collabore avec l’un des plus beaux hôtels cinq étoiles de la station, le Guarda Golf Hotel & Résidences. Ensemble, nous proposons un programme de rééquilibrage alimentaire et de détoxification qui combine à la fois un accompagnement personnalisé en nutrition et l’expertise d’accueil et de bien-être propres à l’hôtellerie suisse. C’est une fierté pour moi, mais aussi un nouveau défi à relever: faire comprendre que la maladie n’est pas une fatalité et que comprendre son corps, c’est aussi le préserver.

Vous connaissez une personne dont l’expérience de vie pourrait enrichir cette rubrique? Écrivez-nous, à: redaction@femina.ch

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