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Octobre rose: L'importance de visibiliser le cancer du sein

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Confessions de Caroline Receveur et Carla Bruni sur les réseaux sociaux, représentations de la maladie dans la culture et rôle des campagnes de prévention, la visibilisation du cancer du sein permet de soutenir les femmes qui traversent cette tempête.

© GETTY IMAGES/ARNOLD JEROCKI - DANIELE VENTURELLI - NEIL MOCKFORD - NEILSON BARNARD - SAMIR-HUSSEIN

Le crâne chauve, un pansement sur le bras, Caroline Receveur déambule devant le chaleureux personnel soignant d'un hôpital, émue aux larmes. L'influenceuse et star de la téléréalité française a posté le 10 octobre 2023 une vidéo sur son compte Instagram, dévoilant des bribes de son combat contre le cancer du sein. Un diagnostic partagé avec ses 5 millions d'abonné-e-s au mois de juillet. Après plus de 100 jours de traitements et six cycles de chimiothérapie, comme elle le raconte, la jeune femme de 35 ans a parcouru un bout de chemin vers la guérison, encouragée par sa communauté à coup de milliers de commentaires soutenants.

Le 4 octobre 2023, c'est la chanteuse Carla Bruni qui postait une vidéo sur Instagram, enjoignant les femmes à se faire dépister. À l'occasion d'Octobre rose, l'ex-mannequin révélait avoir été diagnostiquée d'un cancer du sein quatre ans auparavant.

Les stars s'expriment sur le cancer du sein

Avant Caroline Receveur, avant Carla Bruni, de nombreuses célébrités ont annoncé publiquement leur cancer du sein: Shannen Doherty, Olivia Newton-John, Kylie Minogue, Cynthia Nixon, la chanteuse Anastacia, Sheryl Crow, la comédienne Kathy Bates ou encore Angelina Jolie qui a décidé de subir une double mastectomie préventive afin de réduire drastiquement les risques de cancer.

Quel est l'impact de ces discours, largement médiatisés? Les confessions de stars peuvent-elles aider les personnes qui traversent actuellement la maladie? «Certainement, répond Pauline Tafelmacher, psychologue FSP formée en psycho-oncologie et en thérapie identitaire. Cela peut rassurer les autres femmes de voir que celles qu'on admire, qui ont du succès et beaucoup d'argent, n'échappent pas à la maladie qui touche toutes les catégories de la société de manière arbitraire. Pouvoir s'identifier à ces personnalités permet aussi de faire naître ou raviver une puissante envie de se battre.» Ces prises de parole n'étonnent pas la psychologue, qui constate que les femmes ont plus de facilité à se confier à propos de la maladie que les hommes.

Pauline Tafelmacher distingue par ailleurs un aspect féministe dans ce type de discours: «Lorsqu'on est une femme célébrée pour son image et que l'on s'autorise une double mastectomie, par exemple, il s'agit d'une réappropriation de son corps. On s'accorde le droit de penser à soi d'abord sans pour autant se retirer du monde, même après une ménopause induite ou une intervention chirurgicale visant à retirer une partie de son corps habituellement sexualisée.»

L'importance de la représentation de la maladie

Visibiliser le cancer du sein dans la société et la culture est crucial, rappelle notre experte. «Cela permet de ne pas se sentir seule lorsqu'on traverse cette épreuve et qu'on est plongée dans l'inconnu.»

«L'effet de solitude peut en effet effrayer et démunir, tout comme la mise en marge de la société, parce qu'on ne peut plus faire telle ou telle activité, qu'on a subi une ablation d'une partie de son corps et que l'on ne ressemble plus aux autres.»

Les discours et les campagnes de sensibilisation autour de la maladie permettent donc d'inclure celle-ci dans la société en tant que norme.

De même, mettre en scène le cancer du sein, ses traitements et leurs symptômes dans la culture, par exemple les productions audiovisuelles grand public, participent à normaliser et sensibiliser au cancer du sein. Si les films et séries abordant la maladie sont plutôt rares, on peut notamment citer Decoding Annie Parker (2013) avec Helen Hunt et Samantha Morton, Ma meilleure amie (2015) avec Toni Collette et Drew Barrymore, De plus belle (2017) avec Florence Foresti, le téléfilm Le souffle du dragon (2022) avec Julie Gayet, mais encore les séries Les randonneuses (2023) et Sex and the City, dont on se souvient que le personnage de Samantha fait face à un cancer du sein lors de la dernière saison.

«Mettre en avant les difficultés du cancer dans un film ou une série permet aux patientes d'être reconnues, précise Pauline Tafelmacher. C'est qu'il est aussi compliqué de se mettre à la place d'autrui: l'entourage peut comprendre les souffrances de la patiente au quotidien, la soutenir, être désolé, mais on ne prend souvent pas conscience de tous les défis que vit la personne.»

«À nouveau, si on voit une héroïne à laquelle s'identifier, un jeu de modèle encourageant, cela peut rassurer. Mettre en scène les différentes étapes de la maladie peut aussi aider les patientes à se préparer à ce qui arrive ensuite.»

«Et bien sûr cela sensibilise le public», ajoute la spécialiste en psycho-oncologie.

Au-delà des représentations culturelles, les témoignages - que ce soit au sein d'associations, de groupes de parole ou d'activités physiques solidaires, ou encore des contenus médiatiques - créent un fort sentiment d'appartenance, comme l'explique Pauline Tafelmacher: «On s'unit dans l'espoir qu'on va s'en sortir. Voir et écouter des personnes en rémission est aussi une réelle motivation.»

La force du rituel d'Octobre rose

«Octobre rose c'est bien, mais le cancer du sein c'est toute l'année.» Voici une critique fréquente en ce mois de lutte contre la maladie qui touche une femme sur huit et représente la première cause de mortalité féminine entre 40 et 50 ans. Nous avons donc demandé à Pauline Tafelmacher quelle était la plus-value d'un rendez-vous comme Octobre rose.

«En effet, on peut se poser des questions sur la mobilisation autour du cancer du sein, notamment vis-à-vis des autres cancers, ainsi que des maladies qui n'auraient pas droit à leur période dédiée dans l'année, répond la psychologue. Cependant, j'observe une solidarité plutôt qu'une rivalité: on peut s'identifier à la cause Octobre rose, même si on lutte contre une autre forme de cancer, par exemple.»

L'experte souligne en outre que le rendez-vous annuel d'octobre permet d'instaurer un rituel. «Cela crée une attente des différents événements organisés et une forte cohésion qui offre l'opportunité de faire partie d'un groupe soudé, comme une bande de copines. Je comprends toutefois que ce rendez-vous annuel jette un silence sur le reste de l'année et que cela puisse être vécu comme une forme de négation de l'épreuve le reste du temps», ajoute-t-elle.

«Mais paradoxalement, peut-être que l'événement Octobre rose serait moins fort si on annulait le rituel et qu'on dispersait les activités et campagnes de sensibilisation sur toute l'année.»

La campagne de communication, lancée en 1985 aux États-Unis a été importée en France en 1994 sous l'impulsion notamment de la marque Estée Lauder et accompagnée du ruban rose. En Suisse, le premier mois d'octobre dédié à la lutte et à la sensibilisation au cancer du sein a eu lieu en 2001, dans le cadre d'un projet genevois. La campagne s'étoffe d'année en année depuis.

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