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«Je suis entré dans le Guinness… par magie!»

Temoignage magicien record guinness

«J’aime tellement donner du rêve aux gens, leur permettre de se laisser bercer et retrouver une âme d’enfant! Je me suis dit: "Et pourquoi pas?"»

© Corinne Sporrer

Je ne me fais aucune illusion, je sais que mon record va fatalement tomber et qu’un jour ou l’autre, quelqu’un arrivera à enchaîner plus de 30 tours de magie en une minute. Mais pour l’édition 2021 du Guinness Book, eh bien c’est mon nom qui figurera en regard de cette catégorie… et c’est franchement plutôt sympa!

Pourquoi ce défi? L’idée m’en est venue en mars 2020. De fait, lorsque je me suis retrouvé confiné et que mes contrats étaient annulés les uns après les autres – je me produis régulièrement comme magicien humoriste depuis 35 ans – j’ai d’abord fait comme tout le monde en essayant de m’occuper comme je pouvais: du rangement, des bricoles, la recherche de nouveaux tours… mais rien de très palpitant. En plus, j’ai vite réalisé que la petite dose d’adrénaline que me procuraient les spectacles me manquait terriblement.

J’aime tellement donner du rêve aux gens, leur permettre de se laisser bercer et retrouver une âme d’enfant! Je me suis dit: «Et pourquoi pas?»

Alors j’ai pris contact avec le Guinness, à Londres. Comme tout était également bloqué pour eux et qu’ils n’étaient pas débordés (merci coronavirus!), ils m’ont très vite répondu. Après que je leur ai expliqué mon projet et qu’ils ont constaté que ça entrait bien dans leurs critères, ils m’ont répondu positivement.

Evidemment, comme c’est une énorme machine, qu’ils ont des règlements hyperstricts et qu’ils ne laissent rien au hasard, il y a une foule de choses à prendre en compte et nous avons eu des dizaines d’échanges à propos de tout: l’organisation de l’événement proprement dit (réservation d’une salle, public, présence d’un notaire homologué, etc.), la communication (la moindre publication sur les réseaux sociaux doit être soumise à approbation)… chaque étape est sous contrôle et attention au moindre faux pas!

En fait, c’est un sacré tralala, cette histoire de records! Bon, si cet aspect des choses n’était peut-être pas particulièrement marrant, en même temps, je me disais: «Allez, ça te fait un challenge, c’est un truc stimulant, tu restes dans l’esprit de la magie, ça t’oblige à être créatif et ça t’occupe!» Et occupé, je l’ai été puisque, en plus de ces démarches, j’ai bien sûr dû élaborer un scénario, mettre au point mes effets et m’entraîner. Mais ça, c’est la partie fun!

Une formule bien spécifique

Comme je suis tombé dans la marmite magique grâce à un ami vers l’âge de 15 ans et que c’est la grande passion de ma vie, ce monde-là n’a plus vraiment de secrets pour moi.

Jeune, quand ce n’était encore qu’un hobby parallèle à ma carrière, je faisais même des numéros de grande illusion du type femme sciée!

J’ai d’ailleurs fini par troquer ma veste d’enseignant pour la cape d’illusionniste il y a 15 ans, une fois mes trois enfants sortis de la coquille. Bref, je ne suis pas naïf et je sais que pour réussir un record de nombre d’enchaînements à la minute, il faut se concentrer exclusivement sur une formule de base très spécifique: apparitions, disparitions et transpositions. Cela étant donc bien clair dans ma tête, il m’a quand même fallu choisir quels tours réaliser, car il y en a pléthore.

Là encore, le fait de me tenir très au courant non seulement des modes, mais aussi des effets qu’on peut bricoler par soi-même ou qui sont disponibles sur le marché m’a bien aidé. Dès que j’ai eu le feu vert de Guinness, j’ai commencé à regarder ce qu’il y avait comme tours possibles, ceux que je maîtrisais ou ceux qui allaient dans le sens que je voulais et puis hop! Une fois que ça a été défini, j’ai mis tout ça sur une table, j’ai échafaudé un déroulé, puis j’ai essayé. Ça ne s’est bien entendu pas fait d’un coup de baguette et j’ai dû adapter, modifier, changer l’ordre des tours… mais grosso modo, les choses se sont assez naturellement mises en place.

Quant à l’entraînement proprement dit, j’ai dépassé les 500 fois, je pense. Le dernier mois, avec l’ami qui m’a filmé, on a répété je ne sais combien de fois par jour pour tout régler au millième de seconde. C’est d’ailleurs l’une des exigences des Guinness: ils veulent deux films. Le premier à vitesse normale et le second en version ralenti. Pour eux, c’est une manière de s’assurer du sérieux de la performance, car il n’est pas question qu’en déroulement ralenti ou par un arrêt sur image, un geste ou la position d’une main puisse laisser entrevoir le truc, donner des indices et ainsi révéler un secret!

Du pur plaisir dans l’esprit de la magie

Cela dit, m’exercer n’était pas un problème, bien au contraire. L’idée, c’est justement que le geste devienne automatique et qu’on ait plus besoin d’y réfléchir. C’est comme manger un petit pain, on n’a pas besoin de se prendre la tête, on sait comment on va le prendre, le rompre et le mettre dans sa bouche puis le mâcher et l’avaler sans se poser de questions. Pour en revenir à la magie, m’entraîner m’a permis de constater que j’étais parfaitement capable d’atteindre l’objectif fixé. Si, au début, j’étais à 1’ 15”, j’ai rapidement atteint la minute. Finalement, le jour J, j’étais tellement concentré et dedans que j’ai mis… 55 secondes!

Je me suis d’ailleurs demandé si je n’allais pas aller plus loin en tentant 35 tours, mais je me suis aussitôt repris: je suis satisfait d’avoir mené à bien le défi que je m’étais lancé, heureux d’être arrivé au bout. Cette petite minute est la récompense et l’aboutissement de plusieurs mois d’un travail de fada, qui n’avait finalement pas d’autre but que de me donner du pur plaisir dans l’esprit de la magie!

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