C'est votre histoire
«J’ai tissé ma vie entre Normandie et Valais»
Originaire de Normandie, je me passionne pour le textile depuis toujours. J’ai une formation multiple dans les vêtements, car je suis diplômée en couture, en stylisme, en chapellerie (modiste), mais aussi en costumes de scènes et en teinture naturelle. Depuis une dizaine d’années, j’alterne jobs saisonniers et créatifs. Mon cœur a toujours été tiraillé entre vivre au jour le jour, voyager et créer. Par ailleurs, je suis sensible depuis toute petite à l’environnement. Pendant longtemps, et malgré mes études, je ne me suis pas sentie à ma place dans la mode. Deuxième industrie la plus polluante au monde, sa fast fashion m’a dégoûtée d’elle. En 2013, par exemple, j’ai été scandalisé par le drame du Rana Plazza, au Bangladesh, dans lequel plus de 1000 ouvriers du textile ont trouvé la mort lors de l’effondrement de leur usine, qui confectionnait des vêtements pour de grandes enseignes à bas prix.
De vraies histoires
A l’issue d’un périple de huit mois en sac à dos en Asie du Sud-Est, je suis rentrée et me suis sentie déconnectée du monde qui m’entourait. A ce moment-là, j’ai vraiment ressenti une sorte de post-blues de mes aventures passées. Il était primordial pour moi de trouver, de donner un sens à ma vie. L’envie de repartir était vraiment forte.
L’excitation était au rendez-vous! Pour mener à bien mes activités créatives, et pour répondre à mes besoins financiers, je suis partie faire une saison, une nouvelle fois.
Je connaissais bien les Alpes françaises pour y avoir travaillé et j’ai eu envie de voir ce qui se passait ailleurs. A l’hiver 2016-2017, j’ai ainsi posé mes valises à Veysonnaz pour faire une saison en restauration. Au printemps, je m’apprêtais à reprendre ma routine normande, quand j’ai découvert celui qui allait devenir mon amoureux. Notre amour du voyage et nos valeurs communes ont tout de suite matché. Je ne suis jamais repartie du Valais. Côté textile, mon ambition était, et est toujours, de confectionner des vêtements et des accessoires dans une démarche responsable, le plus possible conçus dans un circuit court. Via des points de vente ou des marchés, j’ai pris conscience qu’il y avait un engouement pour les articles éthiques que je proposais.
En France, j’ai mis en place un partenariat avec des structures associatives locales; je leur rachète les matières invendables pour en faire des pièces uniques upyclées, et suis en train d’élaborer le même concept ici, en Valais.
Made in bout du monde
Au printemps prochain, j’animerais de nouveaux ateliers de sensibilisation au recyclage textile et de couture à Veysonnaz. Lors de ces workshops, j’aime enseigner comment on peut transformer une chute de chemise en cabas ou encore regarder d’où viennent les vêtements qu’on porte en lisant leurs étiquettes. Les enfants, comme les adultes, en découvrant sur un globe la distance usine-Suisse parcourue par nos jeans ou nos t-shirts, sont sidérés. Je me dis que si la graine d’une réflexion éthique germait dans la tête des gens, ne serait-ce qu’une minute, j’aurais fait mon job.
Dans mon quotidien très chargé d’entrepreneuse, je peux compter sur mon conjoint et mes amis, et j’ai été surprise de la confiance que la Suisse m’a offerte. En Normandie, il est clairement plus difficile de faire son trou!
Aujourd’hui, c’est ici, dans les montagnes valaisannes, que j’ai trouvé mon équilibre de vie. Entre voyages et création, je peux continuer ma quête d’une mode plus éthique, plus responsable où le débat est possible. Mon paradis!
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