
Chronique sexe
Dans le milieu gay (mais pas que), le «soft sex» est assumé

«Face aux contenus sexuels de plus en plus "hard", préciser que l’on recherche du sexe "doux" et/ou "calme" s’avère presque nécessaire.» - Romy Siegrist
© PETITES LUXURESLe «soft sex» est-il le nouveau «hot sex»? De plus en plus de personnes, gays surtout, mentionnent explicitement sur les applications de rencontres être ouvertes au «soft sex». Ce dernier se trouve-t-il être à l’image des soft ice (mmh, cette pointe tendre), contrebalançant cette stalactite de glace froide que serait la baise? En effet, face aux contenus sexuels de plus en plus «hard», anonymisant et objectivant les corps et les pratiques, face à l’hypersexualité gay présupposée et dès lors pensée comme attendue, préciser que l’on recherche du sexe «doux» et/ou «calme» s’avère presque nécessaire.
Parce que le milieu gay n’est pas exempt des stéréotypes de genre, et que le masculin place la pénétration comme centrale dans sa sexualité, quand bien même bon nombre de gays apprécient plus simplement s’embrasser, se masturber mutuellement, pratiquer ou recevoir une fellation.
De plus, demeure l’idée que si l’on se rencontre, si l’on s’est annoncé «passif» ou «actif» (même si l’on pense ces termes caducs), on cherche respectivement à se faire «défoncer» ou à «défoncer», et cela de manière assez rapide: pas besoin de prendre un verre, on sait pourquoi on vient, et pourquoi l’on repart – parce qu’on a eu «notre dose». On a performé, donné le change, joué le jeu. Un jeu (aux règles implicites liées aux injonctions précitées) qui parfois n’amuse plus, qui est agi en étant «dissocié», ce qui peut mener à des agressions sexuelles. Alors de plus en plus de voix s’élèvent car elles désirent autre chose.
S'ouvrir à la tendresse
Le soft sex, c’est se permettre d’exprimer son envie de tendresse, s’ouvrir à la caresse, aux baisers, aux embrassades. C’est partager l’envie de se sentir «connecté», même si c’est pour une fois. C’est pouvoir vivre un moment d’authenticité et de vulnérabilité sans pour autant avoir peur d’être rejeté car classé dans la catégorie «cherche un partenaire romantique». C’est ramener du lien et de la rencontre, d’humain à humain, au moment où tant de personnes, gays ou pas d’ailleurs, se sentent seules. Parce que la présence est un délicieux cadeau, et que les terminologies pour vibrer à la même corde s’ajustent gentiment mais sûrement. Et ce n’est pas plus mal, ni moins mâle…