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Comment mieux vivre la ménopause

Sante comment mieux vivre la menopause

Si on réévalue ce dont le corps a besoin en matière d’alimentation à la ménopause – et moyennant une activité physique régulière (natation, marche, vélo) –, certains symptômes désagréables pourraient diminuer, voire disparaître.

© GETTY IMAGES/MALTE MUELLER

«Si j’avais su à l’époque que les hormones allaient me débarrasser de mes foutues bouffées de chaleur, je les aurais prises directement», se souvient Françoise, 64 ans, à qui aucun spécialiste n’avait parlé de cette option lorsqu’elle souffrait à la quarantaine de symptômes liés à la ménopause handicapants, au travail et dans sa vie privée.

«Pour moi, ne plus avoir de règles a révolutionné ma sexualité!» s’enthousiasme Vanina, 57 ans, qui a traversé cette phase «comme une lettre à la poste».

Gisèle, elle, est en pleine périménopause à 46 ans et à la limite de la dépression tellement elle n’arrive plus à passer une nuit sans bouffées de chaleur, ni à boucler ses jeans au niveau de la taille: «J’ai pris trois kilos en quelques mois, sans rien changer à mon alimentation ni à mon activité physique pourtant soutenue et régulière. Ça me mine au quotidien et je me sens seule face à ce problème.»

Les témoignages, positifs comme négatifs, se récoltent à la pelle dès qu’on lâche le mot ménopause dans une discussion. Pour les unes, elle fait peur, pour les autres, elle est une broutille, un passage obligé qui n’a finalement pas que des mauvais côtés.

Il n’empêche qu’on en parle un peu plus aujourd’hui, peut-être parce que les femmes ménopausées constituent le groupe de la population active qui connaît la plus forte croissance.

Ainsi, en Suisse, selon les derniers chiffres de l’OFS, en 2021, la population féminine de plus de 50 ans était d’environ 1,8 million, soit près de 41,6% de la population féminine.

Des femmes de plus de cinquante ans qui travaillent toujours plus longtemps. De quoi motiver à se pencher sur les effets sur la santé qu’induit ce changement hormonal par lequel toutes les femmes passent, avec plus ou moins de perturbations, pour permettre aux femmes de continuer leur activité professionnelle dans les meilleures conditions.

Si la prise de conscience de l’importance de ce phénomène sur les femmes et leur santé en est à ses balbutiements, les choses bougent et, aujourd’hui, la ménopause est enfin prise en compte par la médecine avec des consultations dédiées et des recherches en cours.

De fait, en Suisse romande, plusieurs projets de recherche doivent être lancés prochainement, à l’instar de celui des équipes de l’Université de Lausanne et d’Unisanté, qui veulent évaluer l’impact de la ménopause sur le monde professionnel. Symptômes, invisibilisation, alimentation, traitements et sexualité: éclairage en six questions qu’on se pose quand on parle ménopause.

1. Qu'est-ce que la ménopause?

«La plupart des femmes vont passer un tiers, voire la moitié de leur vie en périménopause, écrit la Dre Jen Gunter dans Ménopause Manifesto (Éd. First). Elle définit la périménopause comme étant «la période allant des premières irrégularités menstruelles aux toutes dernières règles, qui marquent la ménopause proprement dite». Médicalement parlant, le phénomène naturel de la ménopause est marqué par l’arrêt de l’ovulation et la disparition des règles.

On la considère installée après un an d’absence de règles, en moyenne entre les âges de 50 à 52 ans. Et elle dure jusqu’à la fin de la vie, comme l’explique Anna Surbone, médecin associée au Service de gynécologie et obstétrique du CHUV, spécialiste en médecine de la reproduction et en endocrinologie gynécologique: «C’est un état permanent. Souvent, on fait un peu la confusion entre ce que sont la périménopause et la ménopause.

Mais ce qui pose problème, c’est la phase de transition de la périménopause qui peut durer plusieurs années – en moyenne cinq ans – avec son lot de symptômes plus ou moins dérangeants selon les patientes.»

Difficile de dire avec précision quand cette phase commence pour chacune, car les premiers symptômes légers peuvent apparaître dès 40 ans, on parle alors de «préménopause». Selon certaines études, l’âge de la ménopause serait 50% héréditaire, ce qui suggère une origine génétique. Mais le paradoxe est que même entre mère et fille, la transmission de cette expérience ne semble pas aller de soi.

2. Inégales face aux symptômes?

Ce sont les fluctuations hormonales de la ménopause, dont l’effondrement du taux d’œstrogènes produits par les follicules ovariens, qui peuvent causer des symptômes très gênants pour certaines femmes. Parmi les plus connus, les bouffées de chaleur sont la pointe de l’iceberg. Elles restent néanmoins la principale cause de consultation au CHUV, selon la Dre Surbone, «car elles ont un effet sur plusieurs autres paramètres comme le sommeil, la vie professionnelle et sociale». Mais commencer à s’informer sur ces symptômes, c’est ouvrir la boîte de Pandore. «Dans le syndrome climatérique de la ménopause, il n’y a pas que les bouffées de chaleur, souligne la Dre Carole Nicolas Bonne du Service de médecine de la reproduction et d’endocrinologie gynécologique des HUG. Il y a un listing de plus de quinze symptômes qui vont des troubles du sommeil, de l’irritabilité ou de l’humeur aux douleurs articulaires ou à la frilosité.»

La spécialiste précise encore: «Chaque femme peut avoir des symptômes différents et identiques. Il y a un côté systématique de certains symptômes, mais il faut faire la part des choses pour savoir s’ils sont liés à la ménopause ou pas.»

De fait, environ 20% des femmes subissent des symptômes fortement impactants sur leur qualité de vie.

«Si la majorité voit une amélioration de ces symptômes avec le temps, pour certaines ils peuvent perdurer plus de dix à quinze ans après la ménopause.» Quant aux 80% qui présentent des symptômes sans trop en souffrir, compter environ un an d’adaptation hormonale, avec des taux d’acceptabilité variables.

3. Les kilos en plus, une fatalité?

C’est un des sujets ultrasensibles à aborder – ou pas – avec ses copines qui entrent dans cette phase: la prise de poids qui concernerait 44% des femmes à la ménopause, selon les études.

«La majorité des études montrent en effet qu’il y a un changement corporel qui se fait, au niveau du poids aussi, avec la graisse qui se localise au niveau abdominal à cause du manque d’œstrogènes qui se produit lors de la ménopause, explique la Dre Anna Surbone. C’est un peu la graisse typique des hommes, qui est liée aux maladies cardiovasculaires.»

La bonne nouvelle, c’est que si on réévalue ce dont le corps a besoin en matière d’alimentation à cette période de la vie – et moyennant une activité physique régulière –, certains symptômes désagréables pourraient diminuer, voire disparaître.

Après trois mois déjà selon certaines études. «En effet, une alimentation inspirée de la diète méditerranéenne par exemple, à base de fruits, de légumes, de céréales complètes, peut diminuer les bouffées de chaleur et améliorer la qualité du sommeil, note Anna Surbone.

Cette alimentation peut à la fois limiter l’excès de maladie cardiovasculaire qu’on ne voit pas avant la ménopause et les risques de cancers également.» Autres points sur lesquels insistent les spécialistes, l’apport en calcium avec trois portions par jour sous forme de yaourts, fromages ou lait, pour prévenir le risque d’ostéoporose.

4. Avec ou sans hormones?

«Je ne veux pas prendre d’hormones, il y a trop de risques liés au cancer du sein.» Cette phrase, on l’entend forcément à un moment de la discussion autour de la ménopause. Sauf que le lien établi entre traitement hormonal (THM) et cancer du sein date d’une étude américaine publiée à grand bruit certes, mais il y a plus de vingt ans. De l’eau a coulé sous les ponts depuis, comme l’explique la spécialiste des HUG:

«Les surrisques du cancer du sein ont été réévalués. On a un léger surrisque mais au final pas d’augmentation de la mortalité chez les femmes traitées parce que ce sont des femmes qui sont beaucoup mieux suivies.

«Mieux vaut traiter si la ménopause est très symptomatique, ça reste la principale indication, ou si la ménopause est précoce parce qu’on va être plus sur une balance bénéfice-risque clairement en faveur du traitement que de ne pas traiter», ajoute la spécialiste des HUG. Tout en soulignant que la prescription du traitement est à pondérer en fonction de chaque patiente. S’il y a des antécédents familiaux génétiques de cancer du sein, une option intéressante est proposée, comme l’explique la Dre Surbone:

«Il y a des traitements qui ne sont pas hormonaux, des molécules qui sont les mêmes que celles des antidépresseurs et qui peuvent avoir des effets sur les bouffées de chaleur. Ce symptôme reste l’indication principale.»

La consultation auprès d’un spécialiste est donc indispensable pour une utilisation à bon escient des THM. «On a aujourd’hui des hormones qui sont beaucoup plus proches d’œstrogènes et de la progestérone naturelle, car l’idée c’est vraiment de pouvoir proposer un traitement qui soit le plus proche du naturel, commente Carole Nicolas Bonne.

Les effets sont bénéfiques sur toute la présentation du syndrome climatérique, ainsi que sur la protection osseuse et cardiovasculaire.» Quant à la phytothérapie pour les femmes ne souhaitant pas de THM, les deux spécialistes nuancent ses effets.

«Pourquoi pas pour celles qui sont réticentes aux hormones, mais il faut se méfier car certaines phytothérapies contiennent beaucoup de phyto-oestrogène, donc s’il y a une contre-indication aux traitements hormonaux, ce n’est pas forcément mieux et il faudrait la respecter», conclut la Dre Nicolas Bonne.

5. Vers une meilleure prévention?

Les pistes existent. Notamment un soutien psychologique qui est proposé régulièrement au CHUV. «L’acceptation, ça aide, commente la Dre Surbone. Et de voir qu’il y a aussi des aspects positifs dans cette phase. On a des rendez-vous de ménopause, et le projet de mettre en place des activités physiques en lien avec la physiothérapie au CHUV pour des programmes dédiés aux patientes en ménopause. Nous projetons aussi d’offrir des approches plus alternatives comme l’acupuncture.»

Du côté des HUG, depuis janvier 2023, une consultation a été mise en place avec des ateliers d’information par demi-journée avec des sexologues ou des diététiciens notamment, pour aborder tout ce qui peut avoir un impact sur ces symptômes lorsqu’ils sont mal vécus.

«On a envie de plus en parler. C’est un sujet tabou, mais c’est un vrai problème de santé publique, souligne la Dre Nicolas Bonne.

«Il y a tout un travail de prévention à faire, car certes on ne va pas décéder de ses bouffées de chaleur, mais par contre il y a une phase de transition métabolique et cardiovasculaire lors de la ménopause, et les risques cardiovasculaires méritent d’être identifiés et pris en charge, continue la spécialiste des HUG. De plus, les femmes avec un syndrome climatérique fort sont plus à risque dans les études de faire des AVC et des infarctus.»

6. Ménopausées = invisibilisées?

Fruit de la stigmatisation qui entoure la ménopause, cette entrée dans une autre étape de vie, même déclinée au féminin, n’est pas forcément valorisée. Si pour certaines femmes, la ménopause est un soulagement, pour d’autres, c’est quasi une sorte de disqualification sociale qui les exclut de la fécondité et les classe dans la catégorie des corps vieillissants, non désirables et donc invisibilisés. Une exclusion de la sexualité qui est de moins en moins acceptée comme une fatalité, comme l’écrit la Dre Céline Causse dans La sexualité féminine dans tous ses ébats (Éd. Fayard):

«Aujourd’hui, les femmes de 50 ans revendiquent le droit à la poursuite d’une vie sexuelle épanouie, libérée de la contrainte de la reproduction, avec comme seul but le plaisir.

«La croyance est cependant encore très ancrée que la sexualité s’arrête avec la ménopause, alors que malgré tous les changements physiques et psychologiques inhérents à l’arrêt du fonctionnement des ovaires, nous pouvons conserver, voire enrichir notre répertoire sexuel», écrit encore la sexologue, avant d'évoquer que la baisse de la libido lors de la ménopause serait davantage psychologique que purement hormonale: «Sur le plan psychologique, c’est surtout le sentiment d’être moins séduisante, la fatigabilité liée aux désagréments de la ménopause, en particulier les troubles du sommeil ou la dépression, qui entraînent des troubles du désir.»

Quant aux symptômes qui touchent les organes génitaux, comme la sécheresse vaginale par exemple, des traitements sous forme de crème ou d’ovules existent et intéressent également «les femmes qui ne sont plus actives sexuellement, car ces traitements ont une action sur la tonicité du périnée qui joue un rôle dans la prévention des fuites urinaires», ajoute la Dre Nicolas Bonne.

Quoi qu’il en soit, actives sexuellement ou pas, invisibilisées ou pas, on peut toujours s’enthousiasmer en s’inspirant de l’exemple des orques qui, comme les baleines pilotes, sont les seules espèces connues, outre l’humain, à être ménopausées. Cette nouvelle phase de vie chez les cétacés correspond au moment où elles accèdent au plus haut échelon de leur communauté. De quoi en faire notre animal totem.

À lire:

Déréglée, journal d’une ménopause, de Francine Oomen (Éd. Presses de la Cité)

Un récit à la première personne et des dessins qui permettent à Francine Oomen de raconter sa périménopause et de la partager pour la dédramatiser. Drôle et informatif.

Ménopause manifesto, de Jen Gunter (Éd. First)

Un ouvrage très complet pour appréhender toutes les phases, de la préménopause à la ménopause en passant par la périménopause. À peu près les réponses à toutes les questions qu’on se pose lorsqu’on approche de cette période.

Idées reçues sur la ménopause, de Cécile Charlap (Éd. Le Cavalier Bleu)

Une approche sociétale et anthropologique de la ménopause et du regard qui change sur les femmes lorsqu’elles dépassent la cinquantaine. De quoi combattre les idées reçues.

À écouter:

Le podcast Ménopause pour tout le monde, sur France Culture, en 4 épisodes.

Quatre épisodes produits par Perrine Kervran, avec des témoignages, des explications médicales, des chansons et surtout des thématiques très originales. Décomplexant.

Le documentaire Bouffées de chaleur, de Valérie Ganne, sur Arte Radio

«Je suis en pleine ménopause, je voulais savoir quand j’allais voir le bout du tunnel.» Le ton est donné avec cette question posée par Valérie Ganne dans une consultation téléphonique à une voyante. Une enquête - ou une quête - à la première personne pour en rire, un peu.

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