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Instagram, moment pour soi, gratitude...

Interview feel-good: La créatrice des «Fabuleuses au Foyer» parle aux mamans confinées

Hélène Bonhomme: «En confinement, j’essaie de pratiquer activement la gratitude»

«En disant à son fils ou à sa fille qu’il a le droit d’être imparfait mais, en même temps, en étant extrêmement exigeant envers soi-même, en ne se pardonnant jamais rien, on l’intoxique.»

© Getty Images

Nous avons rencontré Hélène Bonhomme dans «une autre vie», ou presque. Début mars 2020, la Française assurait une tournée de son spectacle, «Hélène Bonhomme lave son linge sale en famille». Avant l’un de ses shows à Bienne (BE), la jeune femme est revenue avec nous sur son parcours, son expérience du burn-out maternel, les forces du mouvement qu’elle a mis en place suite à la naissance de ses jumeaux. Par e-mail, elle a accepté de compléter cette interview en nous donnant ses astuces bien-être pour gérer au mieux la situation actuelle lorsque l’on est forcé de rester chez-soi… avec ses enfants!

FEMINA Avez-vous un conseil anti «pétage de plombs» à partager avec les mamans en cette période de confinement?
Hélène Bonhomme J'essaie de parvenir à prendre 10 petites minutes pour moi chaque jour. Enfermée dans les toilettes, ou avec un café sur le balcon… Quelques minutes de solitude essentielle!

Pour vous, quel est l'aspect le plus compliqué à gérer en ce moment?
Piloter mon entreprise avec trois enfants H24 dans les pattes:-)

Au contraire, que tirez-vous de positif de cette période compliquée?
Face aux mauvaises nouvelles qui ne cessent de tomber, nous sommes forcés de considérer nos vies ordinaires comme des cadeaux: non, tout le monde n'est pas en bonne santé! J'essaie de pratiquer activement et régulièrement la gratitude en faisant dans mon journal des listes de choses ordinaires qui sont en fait extraordinaires: l'électricité qui sort de la prise, le café qui coule de la machine, passer du temps avec ceux que j'aime le plus au monde… La gratitude est une émotion que l'on peut cultiver et, c'est prouvé par la science, qui est bonne pour la santé!

Hélène Bonhomme, maman de trois jeunes enfants et fondatrice du mouvement «Fabuleuses au Foyer» © Fabuleuses au Foyer

Comment a débuté l’histoire des Fabuleuses au Foyer?
Je suis maman de jumeaux, et d’une petite fille de six mois et demi. Lorsque mes garçons sont nés, j’ai pris un congé parental de 3 ans pour rester à la maison avec eux. C’était tout ce que j’avais toujours voulu, mais ça ne s’est pas du tout passé comme je l’avais imaginé… J’ai fait des études de philo, j’écrivais déjà en agence de communication, je prêtais ma plume à pas mal de gens. Mais je n’avais jamais vraiment rédigé de choses pour moi, me concernant directement. Pendant ce congé, je me suis pris la vague de la maternité en pleine face. Écrire me permettait de faire du tri dans ma tête, comme une sorte de catharsis. J’avais pas mal d’articles en stock sur mon ordinateur. Et c’est mon mari qui m’a poussé à les publier. C’était le 8 mars 2014.

À l’époque, le sujet de la maternité était encore bien plus tabou qu’aujourd’hui.
Oui, complètement. Par bonheur, avec les années, les choses ont évolué. Tant mieux, cela veut dire que la société commence à reconnaître le vrai visage de la maternité, et non pas celui que l’on retrouve dans les publicités ou les réseaux sociaux.

Avec les Fabuleuses, vous proposez des newsletters, mais aussi des livres, des formations en ligne… et même des spectacles!
Oui, c’est un véritable couteau suisse avec pour objectif le bien-être des mamans. Dès le début des Fabuleuses, j’ai été invitée à donner des conférences. Et j’ai adoré cela, ça m’amusait beaucoup. Avec le temps et la confiance, les spectacles qui me ressemblent se sont mis en place. Il y a de la légèreté, de l’humour. Mais l’humour parvient aussi à ouvrir le cœur, à dévoiler des vérités qui font du bien. Au-delà du fait que cela me plaît énormément, c’est aussi un vrai plus pour les Fabuleuses qui participent. Rien que le fait de sortir, ça a l’air bête, mais ça fait tellement de bien.

Parmi les spectatrices, il y a des femmes qui, depuis des années, ne se sont pas accordé une soirée de deux heures pour elles toutes seules. Et se faire du bien à soi, en tant que maman, c’est aussi faire du bien à toute la famille.

Vous avez également créé la communauté du Village.
Oui, notre mouvement ne se résume pas à un site internet. Pour moi, c’est d’abord une communauté, et c’est la chose dont je suis la plus fière dans toute cette aventure. Les membres interagissent entre elles, s’encouragent. Il y a des histoires incroyables de mamans qui accouchent d’un bébé prématuré et qui se font soutenir par d’autres qui ont vécu pareil. Après, sur Internet, ça va dans les deux sens. Il y a le côté superficiel, bien sûr. Mais ce peut être aussi un vrai outil, notamment pour toutes les mamans qui sont dans la solitude.

On va les chercher sur Facebook, sur Instagram. Elles n’ont pas forcément de collègues, elles n’osent pas parler de ce qu’elles vivent à leurs proches, car elles ont parfois honte. Il y a une vraie solitude qui peut être brisée par Internet, c’est peut-être plus facile au début pour certaines. Et cela peut déboucher sur de belles amitiés dans la vraie vie. Au travers de la formation du Village et des événements qu’on organise notamment, on donne une occasion aux personnes de se retrouver en vrai. Certaines finissent par partir en vacances ensemble, alors qu’elles ne se connaissaient pas du tout avant, c’est vraiment très sympa.

Mais les réseaux sociaux peuvent également être une source d’angoisse…
Complètement. Sur Instagram, je prends bien soin de trier mes abonnements. Les familles parfaites où tout va bien, c’est déprimant! C’est la fameuse comparaison, qui nous vole notre joie. Ça va dans les deux sens, c’est ça qui est terrible: on se sent nulle en se comparant à ceux qui sont mieux que nous, et, soyons honnêtes, on se compare aussi à ceux qui sont moins bien que nous, car ça nous rassure. C’est terrible! On le fait tous, malheureusement. La comparaison est un fléau, d’autant plus sur les réseaux sociaux. Il faut le rappeler: ça n’est pas la vraie vie. Mais on est les premières à bien cadrer la photo, à n’immortaliser que les 3 mètres carrés qui sont bien rangés…

Avez-vous aussi une pensée pour celles qui essaient d’avoir un enfant ou ne peuvent pas en avoir?
Oui, bien sûr. Nous avons récemment publié un texte sur le sujet, «A mon amie qui ne peut pas avoir d’enfant». La maternité, c’est une vague dans notre vie qui peut venir bouleverser pas mal d’émotions. J’y inclus le désir qui n’aboutit pas forcément. Il y a un truc très compliqué, qui s’appelle l’absence de contrôle. J’ai des amies qui essaient depuis des années d’avoir des enfants, d’autres qui me disent «ça n’était pas du tout prévu». C’est cette absence de contrôle qui fait que la maternité nous chamboule complètement dans nos têtes, dans nos émotions. Certaines disent «J’en ai voulu toute ma vie», d’autres «Je regrette d’avoir des enfants». Il y a une forme de schizophrénie dans la maternité, de «je veux/je ne veux pas», «j’aimerais contrôler mais je n’y arrive pas du tout», etc. Après, j’ai quand même une ligne éditoriale qui découle de ma propre histoire, du fait d’avoir eu deux enfants en même temps et d’avoir pété les plombs, d’être tombée dans l’épuisement.

En parlant d’épuisement, de burn-out maternel: selon vous, à partir de quand est-il nécessaire de tirer la sonnette d’alarme? Quels signes devraient nous alerter?
Je ne suis pas experte, mais je peux vous parler de mon expérience personnelle. Mon seul regret, c’est d’avoir trop attendu avec de débuter une thérapie. Après coup, je me rends compte que c’est le fait d’avoir touché le fond de la piscine qui m’a fait y aller, mais ça m’aurait fait un bien fou de sauter le pas avant. Revisiter son passé, comprendre ce qui nous a construits: cette démarche pourrait être intéressante et bénéfique pour chacun d’entre nous.

À partir du moment où on a des enfants, ils vont nous emmener de toute façon au bout de nous-mêmes. On va reproduire exactement ce qu’on fait nos parents, ou au contraire vouloir faire totalement l’inverse.

Dans tous les cas, devenir parent, c’est être mis face à sa propre enfance, c’est une belle occasion de réfléchir à son passé. Pas forcément parce que l’on va mal, mais aussi parce que l’on veut faire ce cadeau à ses enfants. Mes parents nous disaient souvent: «Que mon plafond soit ton plancher», comme une course de relais géante. Je sais très bien que je vais reléguer des casseroles à mes enfants, car je suis imparfaite. Mais le plus beau cadeau que je peux leur faire, c’est de déjà ranger mes casseroles à moi, car cela se transmet d’une génération à l’autre.

L’éducation bienveillante est-elle un poids de plus qui pèse sur les épaules des mamans?
Non, je pense qu’en soi, c’est un magnifique outil. J’utilise certains préceptes. Mais il faut être intelligent et faire le tri dans ce qu’on lit. La base, c’est de comprendre que l’on ne peut pas être bienveillant envers les autres, tant qu’on ne l’est pas envers soi-même. Si cette bienveillance est uniquement envers l’enfant, elle est bidon et va se retourner un jour ou l’autre contre lui: il va avoir tout pour lui, nous rien pour nous, et cela va nous rendre malade.

J’aime bien utiliser l’image du tabagisme passif: le fumeur pense qu’il est le seul à inhaler les fumées, alors que tous ceux qui sont dans la pièce les subissent également. En disant à son fils ou à sa fille qu’il a le droit d’être imparfait mais, en même temps, en étant extrêmement exigeant envers soi-même, en ne se pardonnant jamais rien, on l’intoxique également d’une certaine manière. Le sous-message qui n’est pas dit, c’est: «Si tu veux être aimé et approuvé, il faut que tu fasses un sans-faute.»

Apprendre à nos enfants à accueillir leurs émotions, c’est magnifique. Mais apprenons d’abord à accueillir les nôtres!

Les pères ont-ils leur place au sein des Fabuleuses?
Oui et non. Ce n’est peut-être pas politiquement correct de le dire, mais je le dis quand même: il y a une différence entre une maman et un papa. Je suis une maman, je vis les événements avec mon cœur de maman. Le bébé était dans mon corps, il me semble que dans le maternel, il y a quelque chose de très particulier. Dans le paternel aussi, mais ça n’est pas mon sujet. Mais je réfléchis à développer peut-être des événements mixtes, car il y a de plus en plus de Fabuleux qui s’intéressent à ce que nous faisons. Et je pense qu’il y en a marre de sans cesse taper sur les hommes qui seraient la cause de tous nos soucis.

Chacun est responsable de son propre bonheur. Et aujourd’hui, il y a une immense majorité d’hommes qui sont fabuleux.

On est parfois tenté de s’en prendre à eux, car ils sont trop au travail par exemple. Mais eux aussi sont en souffrance, ils aimeraient passer plus de temps à la maison, certains subissent d’autres pressions, comme celle des factures à payer. Chez les Fabuleuses, on n’est pas anti-hommes, loin de là. Je crois que l’on peut être vraiment féministe sans être dans une posture de victime des hommes.

La prochaine tournée des Fabuleuses fera-t-elle escale à Bercy?
Et pourquoi pas! On voit grand, parce qu’il y a un grand besoin. On a envie de se structurer pour y répondre. Si un jour l’idée c’est de passer par Bercy, on le fera avec plaisir! Qui penserait que l’on peut remplir une salle de spectacle avec des mamans au bout de leur vie? Ce serait un truc de dingue! L’objectif des Fabuleuses, c’est de révéler la fabuleuse en chaque maman. Et révéler quelque part, c’est aussi montrer. Montrer que l’on peut être maman et s’éclater, avoir du mal, être débordée, avoir plein d’idées, etc. Si, pour ce faire, il faut nous réunir dans d’immenses salles de spectacle, on est partantes!

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