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Six personnalités romandes partagent leurs souvenirs d'école
Le nombre d’inscrits à l’école obligatoire dépassera bientôt le million au niveau suisse. Plus d’un tiers de ces élèves sont romands. Ils se lancent, dès quatre ans pour les plus jeunes, dans un long et rigoureux apprentissage: onze ans tout de même et autant de rentrées scolaires. Même si on en est sorti il y a des années, voire des décennies, on garde toujours un lien avec l’école.
C’est peut-être grâce au petit Louis qui habite le quartier et qui ramène toujours des bricolages fabriqués avec sa maîtresse – qu’il adore au passage, et dont il parle tout le temps – ou parce qu’un jour, tout à fait par hasard, on aperçoit ce bâtiment au cœur d’un village dont on ignore tout. La simple mention «École primaire» a ce pouvoir-là: instantanément, elle ouvre la boîte de Pandore. Tous les souvenirs refont surface à la vue de cette cour en béton, de ce petit clocher, de cette balançoire sous le saule ou de ce banc abrité par l’avant-toit. On y a passé des heures, à jouer au ballon, à l’élastique et à tous les derniers jeux à la mode. On y a ri, pleuré parfois et on s’est au moins fait punir une fois pour l’une de ces deux raisons. On a souvent trouvé la récréation trop courte: «Allez Monsieur, on veut finir la partie!» Et très longue, par mauvais temps en plein mois de novembre.
Partager souvenirs et conseils
Les souvenirs d’enfance sont précieux. Il y en a qu’on chérit, d’autres qu’on préfère oublier. En vue de la rentrée, six personnalités romandes ont accepté de nous partager des bribes de leur expérience en tant qu’enfant et leurs meilleurs conseils de parents. On plie les vacances, on ressort les cahiers. On entend d’ici la sonnerie, comme le réveil qui nous extirperait d’un rêve délicieux. Pour les plus réfractaires, Valentine Caporale, créatrice de contenu genevoise, vous encouragerait en vous disant que la rentrée, «c’est comme une page blanche» sur laquelle on peut inscrire absolument ce qu’on veut. Alors on en profite.
Valentine Caporale, créatrice de contenu: «J’adore les débuts!»
La fin des vacances? Chez Valentine Caporale, maman de trois enfants, c’est le début d’une nouvelle aventure. «Nous sommes tous assez excités et stressés à l’approche de la rentrée, car nous savons que notre routine d’été est terminée et que nous allons retrouver la routine scolaire, commence-t-elle. Mais les enfants sont aussi très fiers de débuter une nouvelle année, ils savent qu’ils apprendront des choses et qu’ils devront relever des défis et je crois que ça leur plaît.»
Son compte Instagram fourni en fait l’une des personnalités les plus suivies de Suisse romande. Et son auditoire dépasse largement les frontières nationales. Valaisanne d’origine et basée à Genève, Valentine Caporale chérit particulièrement ce moment de l’année:
Ses aînés sont partagés entre la joie de revoir leurs copains et la tristesse de quitter le cocon familial. «C’était notre premier été à cinq depuis la naissance de Charlize en mai. Leonardo et Axel sont dingues de leur petite sœur. Je pense que c’est ce qui va être le plus difficile pour eux, devoir retourner à l’école et la laisser». Cette maman se souvient d’avoir été un jour à leur place: «enfant, l’école était ma passion et j’avais plein de copines. La veille de la rentrée, j’étais tellement surexcitée que je ne pouvais pas dormir. Je me souviens aussi du bonheur d’acheter un nouveau cartable, une trousse, des feutres, des stylos et par-dessus tout: l’agenda! On s’en servait pour noter les leçons mais aussi pour se laisser des petits mots entre copines, dessiner ou coller des photos, c’était précieux.»
Anna Pieri Zuercher, actrice: : «Nous, on devait recouvrir nos cahiers. J’adorais faire ça!»
Dans la famille d’Anna Pieri Zuercher, ce moment de l’année est toujours abordé de façon positive. «L’école, c’est quelque chose de beau et de joyeux», estime l’enquêtrice de la série allemande Tatort. Selon elle, il est important d’entretenir la soif d’apprendre. Que ce soit à travers la lecture, les musées, la culture. Cette année, son fils de 12 ans change d’école. Il entre à l’école secondaire. De son côté, pas d’appréhension, il se réjouit. «Ça fait sept semaines qu’il n’a pas vu ses copains. La famille, c’est chouette, mais les copains, c’est quand même mieux!», lance Anna Pieri Zuercher.
Pour celle qui a grandi à Bienne, cette période de l’année fait remonter des souvenirs: «Nous, on devait recouvrir nos cahiers. J’adorais faire ça! On pouvait choisir la couverture, le papier. Je me souviens que ça me procurait un plaisir énorme. En plus je pouvais mettre une étiquette avec mon nom, la matière, etc.». Préparer la rentrée, dans la famille d’Anna, c’est sacré. «Ma mère, artiste, et mon père, urbaniste, sont des gens qui utilisaient beaucoup les crayons. Ils s’attelaient toujours à tailler les miens. Grâce à eux, j’avais les trousses les plus parfaites!» raconte-t-elle.
Côté cinéma, Anna Pieri Zuercher fait sa rentrée sur le petit écran le 24 septembre dans un nouvel épisode de Tatort diffusé sur SRF1 et ARD. En novembre, elle rejoint le casting de la série policière tessinoise Alter Ego aux côtés de Gianmarco Tognazzi.
Licia Chery, artiste genevoise: «Je me souviens de l’excitation ressentie la veille»
Pour Licia Chery, artiste et animatrice du jeu télévisé C’est ma question, sur la RTS, la rentrée est synonyme de renouveau. «C’est un peu comme le 1er janvier, qui offre une nouvelle chance, de nouvelles opportunités. Il faut voir l’année scolaire comme une grande aventure, de laquelle on ressort grandi, avec plein de nouvelles connaissances.» C’est comme ça que la Genevoise, mère de deux enfants, aime aborder le retour à l’école. Pour son fils, ce moment de l’année soulève plein de questions: «Comme s’il s’imaginait un monde inconnu», décrit-elle. Dans la tête de Licia Chery, les souvenirs refont surface:
Dernièrement, elle a fondé les Éditions visibles. Son but? Offrir de la visibilité aux personnages et sujets souvent absents de la littérature. «La plupart des enfants non blancs et des enfants qui ont des handicaps, des maladies, n’ont pas encore trouvé leur place dans la littérature jeunesse. En ouvrant ma maison d’édition, je peux proposer à d’autres auteurs et autrices de s’exprimer.»
Les trois premiers épisodes de la série Les aventures de Tichéri – dont deux viennent de sortir – sont disponibles chez Payot dès la rentrée. «Je me réjouis de voir comment le public accueillera ma petite héroïne!»
Laura Paccot, vigneronne: «J’étais un peu stressée à l’approche de la rentrée»
La vigneronne Laura Paccot, qui vient de reprendre la tête du Domaine La Colombe à Féchy, a une petite fille de 5 ans. C’est sa deuxième rentrée scolaire et à l’approche du jour J, la famille reprend les bonnes habitudes. «On prépare ses affaires ensemble, on ne va pas au lit trop tard. L’année dernière, on est allés voir la place de jeux pour qu’elle puisse se familiariser avec les lieux. On a aussi eu l’occasion d’accompagner les enfants durant une demi-journée», précise-t-elle.
Une période qui ravive forcément quelques souvenirs: «quand j’étais petite, j’étais timide, donc j’étais un peu stressée à l’approche de la rentrée», se rappelle cette mère de deux enfants. De son côté, Jeanne se réjouit: «on a vraiment de la chance, elle adore sa maîtresse et a hâte de retrouver ses copines. Elle est au stade où les vacances, c’est cool, mais l’école c’est cool aussi.»
Comme la petite Jeanne sur les bancs d’école, Laura Paccot et ses équipes font également leur retour dans les vignes, avec les vendanges en septembre. «C’est le moment où tout recommence», résume-t-elle. La vigneronne sera présente au Festival des vins nature à Lausanne le 21 août et au Swiss wine tasting à Zurich le 28 août. Autre projet en route: «Bottle back», aux ambitions écologiques, mis en place par Laura et sept autres vignerons vaudois. «La refonte des bouteilles de vin utilise beaucoup d’énergie. Dans notre activité, c’est un des éléments qui pèse le plus dans notre bilan carbone, explique-t-elle. On s’est donc mis d’accord sur une bouteille unique qui facilite la récupération, le transport et le lavage des bouteilles». Lancé en juin de cette année, «Bottle back» est encore en phase pilote.
Maude Mathys, vice-championne du monde de course de montagne et championne du monde de trail: «Ne pas se précipiter pour acheter des affaires»
Chez Maude Mathys, la rentrée n’est pas perçue de la même manière par tout le monde. Pour l’athlète vaudoise, «c’est le début des vacances». Pour ses deux enfants, en revanche, «c’est le début de la prison!» La maman temporise: «c’est un peu fort, mais ils veulent dire qu’ils auront moins de temps pour les loisirs. C’est plutôt une réjouissance, car même si c’est une "prison", ils aiment aller à l’école, retrouver les copains». «Pour moi, ça me laisse davantage de temps pour m’entraîner. Avec ma pratique sportive, j’ai la chance d’être présente à la maison - sauf lors de compétitions». Un conseil à donner aux autres parents?
Cet été, la vice-championne du monde de course de montagne est au repos forcé. «Je me suis faite opérer du talon fin juin. Je suis actuellement en béquille. Je pourrai recommencer les compétitions l’année prochaine: certainement de la course de montagne, peut-être un marathon sur route et du ski-alpinisme.»
Philippe Revaz, journaliste à la RTS: «À ma première rentrée, je me suis enfui en courant…»
Nombreux sont les Romandes et les Romands à avoir rendez-vous avec Philippe Revaz les soirs de semaine à 19 h 30 sur la RTS. Depuis bientôt quatre ans, le Valaisan d’origine est le visage du téléjournal. Mais avant tout, il est papa de deux enfants et comme tous les parents, s’apprête à vivre la rentrée. «Cette année, mes enfants changent d’école. Ils se réjouissent et se demandent aussi ce qui les attend», confie-t-il. Un événement que toute la famille a pris soin de préparer: «Avec un sens remarquable de la prévoyance, nous nous sommes tous rendus à la mi-juillet dans un centre commercial pour acheter des sacs d’école. Il devait bien faire 30 degrés à l’extérieur.» Que lui inspire ce moment de l’année?
Sa toute première rentrée des classes, il l’a faite à 4 ans: «je me suis enfui en courant pour me cacher quelques centaines de mètres plus loin, derrière un muret, où j’imaginais que personne ne me retrouverait. J’étais persuadé que la perspective d’aller à l’école était définitivement refermée pour moi. L’idée d’être arraché à ma famille (nombreuse) pour rejoindre l’école était très désagréable. Par la suite, comme je faisais volontiers du chahut depuis le banc du fond, la maîtresse inscrivait mon nom dans une cage dessinée à la craie au tableau noir, se souvient le journaliste. Mes dimanches soir sont une lointaine réminiscence de ces rentrées délicates.»
Un conseil à donner aux parents? «Je dirais qu’il vaut mieux anticiper, se plonger dans ce que sera la semaine de rentrée, histoire d’éviter une transition brusque.»