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«Text me when you get home»

Royaume-Uni: Pourquoi la mort de Sarah Everard nous concerne toutes

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Le samedi 13 mars 2021, des milliers de femmes britanniques ont manifesté dans les rues anglaises, afin de dénoncer les violences faites aux femmes et souligner la peur que chacune d'entre nous a déjà ressentie, en rentrant seule, dans la pénombre.

© Getty Images

«Écris-moi quand tu seras arrivée chez toi». Ces mots, terriblement familiers, nous glacent le sang: laquelle d'entre nous n'a jamais reçu ou envoyé ce SMS? Laquelle d'entre nous n'a jamais tremblé en rentrant chez elle, seule, le soir? Si Sarah Everard, 33 ans, avait réceptionné ce message, elle n'aurait jamais pu y répondre: le 3 mars 2021, la jeune britannique était enlevée et tuée, sur le chemin de son domicile, dans le quartier londonien de Clapham.

La disparition de Sarah Everard, puis l'annonce de sa mort, ont dévasté le Royaume-Uni. Les réseaux sociaux témoignent d'un véritable déferlement de témoignages, de messages de condoléances et de cris de rage, alors que les femmes dénoncent la peur qui les guette, dès qu'elles traversent la rue, seules, dans la pénombre. Les mots «Text me when you get home», massivement partagés sur Instagram, sont devenus le symbole d'un nouveau mouvement de lutte contre les violences faites aux femmes. Le 13 mars 2021, des milliers d'entre elles ont manifesté dans les rues de Londres, afin de rendre hommage à Sarah Everard et exprimer leur colère. Choquées par ce drame, elles se sentent profondément touchées, puisque la mort de Sarah fait écho à leurs propres peurs, aux mêmes dangers qu'elles mesurent depuis l'enfance. Sur leurs panneaux, on pouvait lire «Elle voulait juste rentrer chez elle» ou encore «Cela aurait pu être n'importe laquelle d'entre nous».

En mémoire de la jeune femme, un immense tapis de fleurs a été déposé dans le parc de Clapham Common, l'un des lieux où Sarah a été aperçue pour la dernière fois. La duchesse de Cambridge en personne s'est aussi jointe à la foule, en toute discrétion, pour y déposer un bouquet.

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«Text me when you get home»

Devenu viral, le post de l'influenceuse anglaise Lucy Mountain, a fait de cette phrase un véritable symbole, slogan du mouvement au même titre que «She was just walking home» («Elle rentrait juste chez elle») et «We will not be silenced» («Nous ne serons pas réduites au silence»).

Publié le 12 mars 2021, il exprime les sentiments que nous sommes trop nombreuses à ressentir, en pensant à Sarah Everard:

«Je ressens une profonde connexion avec toutes les autres femmes, cette semaine, écrit-elle notamment. Et il s'agit d'une connexion autour de la peur: nous avons toutes déjà partagé notre localisation. Nous avons toutes changé de chaussures.

Nous avons toutes tenu nos clés entre nos doigts. Nous avons toutes passé des coups de fil, qu'ils soient réels ou feints. Nous avons toutes enfoui nos cheveux sous notre veste. Nous avons toutes couru pour traverser une allée sombre. Nous avons toutes imaginé comment nous pourrions nous enfuir, en cas de besoin.»

Aussi la jeune femme souligne-t-elle que ces réflexes sont enracinés en nous depuis l'enfance. «Je voudrais que davantage d'hommes comprennent que nous ne pouvons marcher seules durant la nuit, avec des écouteurs dans les oreilles [...], que dès que nous passons à côté d'un groupe d'hommes, notre rythme cardiaque s'accélère», ajoute-t-elle. Le post a été liké près de trois millions de fois, en quatre jours.

Parmi la foule présente à Londres et sur les réseaux sociaux, on aperçoit également des messages appelant à une meilleure sensibilisation des garçons («Educate your sons!»).

Policier présumé coupable

Autre aspect du débat enflammant actuellement le Royaume-Uni: un policier de 48 ans, membre des équipes assurant la sécurité du palais de Westminster, a été inculpé, après que le corps de Sarah a été retrouvé, le 10 mars 2021. Soupçonné du meurtre de la jeune femme, il a été présenté à la justice le samedi 13 mars et est actuellement détenu.

Scandalisées, les manifestantes ont également souligné, au moyen de leurs panneaux, la colère de constater que le danger se cache même «dans le système censé nous protéger». Il s'avère également que la police, présente durant le cortège du 13 mars, a arrêté trois manifestantes, les accusant de ne pas respecter la distanciation sociale (les rassemblements sont toujours interdits au Royaume-Uni, qui ne se déconfine que très progressivement.) L'une d'entre elles s'est vue plaquée au sol et menottée, provoquant une forte vague de colère. De nombreux appels exigent désormais que Cressida Dick, responsable du MET (Metropolitan Police Service, de Londres) quitte son poste.

On peut désormais lire de nouveaux slogans, inscrits sur les panneaux des femmes en colère: «Protégez-nous, plutôt que de nous arrêter». L'affaire se complexifie donc, mais le message de fond reste le même: les violences, le harcèlement et l'irrespect dirigés contre les femmes doivent absolument cesser. Elles n'en peuvent plus. Le gouvernement de Boris Johnson est sommé d'agir en conséquence et fortement mis sous pression. Affaire à suivre.

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