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Pourquoi les enfants aiment construire des cabanes
Les enfants sont d’insatiables bâtisseurs. Ils perchent des plateformes dans les arbres, érigent des cabanes dans les bois, dressent des tipis dans les salons ou des tentes de fortune constituées de vieux draps dans leur chambre. Dans tous les cas se joue le même phénomène: créer une bulle à part.
Apprentissage du monde
Quoi! nos enfants sont-ils malheureux au point de vouloir faire sécession? Cette autonomisation est en réalité davantage de l’ordre du symbolique, selon la psychologue Adèle Zufferey, pour qui la construction de cabanes et autres pour qui la construction de cabanes et autres abris cosy trouve son origine dans un mécanisme de mimétisme des grands: «Ce n’est pas comme les chambres d’ado, qui reflètent l’affirmation d’identité de celui ou de celle qui l’occupe. Il s’agit plutôt de reproduire des comportements que les petits pensent être typiques de l’âge adulte.»
Derrière le côté ludique, il y a une importante dimension d’apprentissage, le jeu étant rarement anodin. «Cela sert à maîtriser des fonctions adaptatives, à comprendre ce que fait l’humanité, souligne Evelyne Thommen. Fabriquer une cabane, y instaurer des règles de vie et d’usage, permet de jouer des rôles sociaux pour appréhender les codes de notre communauté.»
Contrôler l’espace
En plus de préparer l’enfant à sa vie future en société, la pratique de l’architecture enfantine semble répondre à un besoin cognitif d’interagir avec son environnement et de le modeler. «On retrouve ce phénomène dans certains On retrouve ce phénomène dans certains jeux vidéo, où il s’agit de construire sa maison, son village, son territoire», fait remarquer Dante Trojan, pédopsychiatre aux HUG. «Il y a effectivement une idée de construire l’espace, comme les enfants le font en dessinant des routes pour les petites voitures, souligne Evelyne Thommen.»
Reste qu’au-delà de son aspect bénéfique au développement du cerveau des bambins, la cabane offre une bulle spécifique permettant de mieux maîtriser les concepts de public et de privé, de montrer et de cacher. Un endroit, peut-être le seul, où les adultes ne sont pas censés pénétrer sans y avoir été invités.
Pas un truc de filles?
«Ce sont presque exclusivement des garçons qui édifient des cabanes, observe Dante Trojan. Les filles sont peut-être encore beaucoup éduquées pour jouer avec des mécanismes de mimétisme de la maternité, de la sphère domestique et les garçons plus poussés à jouer dehors.»
L’impact toujours actuel des jouets genrés se ressent sans doute, avance Adèle Zufferey: «Cela dit, je pense que les filles aiment aussi les cabanes lorsqu’elles ont l’occasion d’explorer de tels jeux.»
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