Pamela Anderson sans maquillage: révolution ou normalité?

Une superstar qui refuse de porter du blush, du mascara ou du fond de teint en pleine Fashion Week et le monde s’affole. On s’extasie, on applaudit, on s’émerveille… pourquoi tant de commentaires? «Disons simplement que refuser le maquillage lors d’un événement si huppé n’est pas très attendu. Pamela Anderson a surpris les gens en optant pour le naturel, alors même que les stars invitées à la Semaine de la mode sont généralement accompagnées d’équipes de pros pour s’occuper de leur mise en beauté», indique Jennifer Padjemi dont le dernier ouvrage s’intitule Selfie - Comment le capitalisme contrôle nos corps (Éd. Stock).

Nouveaux codes post-covid

Si l’on apprécie forcément de voir une une Pamela Anderson sûre d’elle et heureuse d’assumer ses imperfections, on ne peut s’empêcher de se dire que, malgré tout, ne pas se maquiller ne constitue pas un événement en soi. «Notons que de plus en plus de personnes ne se maquillent pas quotidiennement. C’est même devenu beaucoup plus commun après la pandémie.» En 2023, les gens semblent avoir opté pour moins d’artifices et plus de confort ou s’autorisent à se montrer au naturel. Comme nous l’explique l’autrice et journaliste française: le maquillage ne fait plus partie des passages obligés, on mise désormais beaucoup plus sur les soins de soi et de sa peau.

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«La chance de pouvoir se payer ce luxe-là»

Toutefois, «Pamela Anderson a les moyens de s’offrir les produits les plus chers et les meilleurs facialistes, sans oublier qu’elle a également le temps et l’argent pour bien s’alimenter, manger des plats ultra-sains préparés par des chefs ou encore faire du sport avec un coach privé… Pas tout le monde a la chance de pouvoir se payer ce luxe-là», précise Jennifer Padjemi avant d’ajouter que l’actrice coche toutes les cases des standards de beauté occidentaux. «Si elle avait été grosse, noire avec des cheveux crépus ou alors simplement pleine d’acné, le discours aurait été tout autre.»

Les limites du body positive

Avant elle, d’autres personnalités ont déjà misé sur le naturel et revendiqué leur choix. On peut citer Sophie Fontanel, qui a voulu assumer ses cheveux blancs ou Ariana Grande qui a décidé d’arrêter les injections. Cependant pour l’essayiste, on n’atteindra la liberté que lorsqu’on aura normalisé le fait d’être naturelle, sans s’attendre à un résultat calibré et surtout sans que ça fasse débat.

Les limites du body positive consisteraient à se contenter de petits buzz, sans s’attaquer vraiment à ce qui pose problème dans la société. «Il ne suffit pas de se montrer sans maquillage sur le tapis rouge, ou de diffuser une pub avec un mannequin plus size accompagné d’une phrase inspirante pour endiguer le problème. Il faut questionner la grossophobie, le validisme ou encore le colorisme, et ce de manière collective.» D’autant plus que s’accepter peut prendre de nombreuses années. L’exemple de Pamela Anderson est donc intéressant dans ce qu’il révèle de la société d’aujourd’hui. Et non pas de ce qu’il révèle de nous-mêmes.