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Les hockeyeuses de Neuchâtel lancent un crowdfunding pour réaliser leur rêve
La Supercoupe d’Europe? La Neuchâtel Hockey Academy (NHA) s’y était inscrite sans trop y croire. «Nous avions pensé jouer quelques bons matchs pour préparer la saison, explique Laure Aeschimann, présidente du club. Mais les résultats ont été au-delà de nos espérances!» Enchaînant les victoires, les Hirondelles du Littoral ont ainsi eu la chance de décrocher une place pour jouer le tour final de la compétition. Ce dernier se déroulera du 19 au 20 février 2022 à Budapest. L’élite du hockey européen féminin sera présent.
Manque cruel de moyens et de reconnaissance
Problème: le club ne peut soutenir financièrement cet important déplacement. Se qualifier pour cette prestigieuse compétition et devoir y renoncer faute d’argent? Un crève-cœur pour toutes les joueuses, vices-championnes de Suisse, qui sacrifient déjà énormément de temps et d’argent pour leur sport. «Elles doivent tout payer elles-mêmes: les déplacements, leur équipement et même les cotisations, déplore Laure Aeschimann. Il faut vraiment être passionnée à 100%, car malheureusement, il n’y a aucun retour ou presque.»
Pour donner une chance aux Hirondelles de pouvoir se rendre à Budapest, l’équipe a lancé une opération de crowdfunding sur la plateforme «I Believe in You». «Ce serait vraiment dommage de devoir tirer un trait sur cette finale, c’est une occasion unique, souligne Laure Aeschimann. Nous espérons le soutien du public et des sponsors pour oser y croire. Les filles montrent vraiment du beau spectacle, je n’arrive pas à comprendre ce manque d’intérêt et de soutien de la part des médias comme des entreprises ou de la municipalité. Les clubs féminins, aussi bons soient-ils, passent forcément derrière tous les hommes.» La preuve à la Maladière: la Neuchâtel Hockey Academy, pourtant premier club romand, doit continuellement se battre, ne serait-ce que pour bénéficier d’un temps de glace correct.
Inégalités salariales: des écarts effarants entre hommes et femmes
Les chiffres donnent le vertige: le budget annuel du NHA est de 150’000 fr., soit le cinquième seulement d’un joueur masculin de l’équipe suisse, dont le salaire annuel tourne autour des 800’000 fr. «Il y a énormément de travail à faire pour promouvoir le hockey féminin, explique Laure Aeschimann. Les choses bougent pour le foot, j’espère que le hockey suivra la même voie.»
Et de souligner que de bons résultats de l’équipe suisse aux Jeux olympiques de Pékin seraient bénéfiques pour son sport de prédilection: «Une médiatisation tous les 4 ans ne suffit pas, mais cela aide tout de même à nous faire connaître. Ce que je souhaite pour la suite? Sensibiliser de nouveaux sponsors, avoir davantage de budget, pouvoir professionnaliser l’équipe et créer un mouvement junior féminin.» Et si cela commençait par une victoire des Hirondelles à Budapest? On ose y croire, avec elles et pour elles.