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«Nous défendons une liberté d'importuner»: 100 femmes signent une tribune choc pour «Le Monde»

Catherine deneuve manteau rose getty

«Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste.» Parmi la centaine de femmes a avoir signé ce texte, l'actrice Catherine Deneuve et l'écrivaine Catherine Millet.

© Getty

Entre l'affaire Weinstein, le mouvement #MeToo et le collectif «Time's Up», on peut dire que les femmes ont (enfin) élevé leurs voix en choeur pour réclamer leurs droits! Et non sans récolter, par-ci par-là, les fruits de leurs efforts combinés: l'Islande a officiellement pénalisé l'inégalité salariale le 1er janvier 2018, tandis qu'à notre petite échelle, la ville de Lausanne prend des mesures concrètes contre le harcèlement de rue. Le féminisme, notion cruciale dont la définition tend à être complexifiée par la délicatesse et l'immensité du débat, monopolise les Unes occidentales, au fur et à mesure que des célébrités largement médiatisées en font leur cheval de bataille.

Mais lorsqu'il s'agit de la notion même et des objectifs du féminisme, les intéressées sont-elles toutes d'accord? Une tribune publiée le 9 janvier 2018 dans le journal français «Le Monde» tend malheureusement à prouver que non. Selon la centaine d'actrices, femmes de Lettres et businesswomen ayant signé le texte, les événements de ces derniers mois nous auraient encouragées à couver une certaine «haine de l'homme», qui nuirait à notre liberté sexuelle:

«Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste. [...] En tant que femmes, nous ne nous reconnaissons pas dans ce féminisme qui, au-delà de la dénonciation des abus de pouvoir, prend le visage d’une haine des hommes et de la sexualité. Nous pensons que la liberté de dire non à une proposition sexuelle ne va pas sans la liberté d’importuner. Et nous considérons qu’il faut savoir répondre à cette liberté d’importuner autrement qu’en s’enfermant dans le rôle de la proie.»

En effet, les auteures de la tribune ajoutent que les mouvements féministes récents ont relégué les femmes au rang de «victime» ou de «proie», un rôle qui semble les scandaliser, alors que l'objectif du féminisme est justement de brosser un portrait fort et indépendent du prétendu «sexe faible». Selon elles, la situation aurait pris des proportions démesurées:

«De fait, #metoo a entraîné dans la presse et sur les réseaux sociaux une campagne de délations et de mises en accusation publiques d’individus qui, sans qu’on leur laisse la possibilité ni de répondre ni de se défendre, ont été mis exactement sur le même plan que des agresseurs sexuels. Cette justice expéditive a déjà ses victimes, des hommes sanctionnés dans l’exercice de leur métier, contraints à la démission, etc., alors qu’ils n’ont eu pour seul tort que d’avoir touché un genou, tenté de voler un baiser, parlé de choses "intimes" lors d’un dîner professionnel ou d’avoir envoyé des messages à connotation sexuelle à une femme chez qui l’attirance n’était pas réciproque.»

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Pauvres petites choses?

Par ailleurs, les rédactrices de l'article avancent avec courroux que la libération de la parole féminine, issue (entre autres) du scandale Weinstein, se serait finalement retournée contre nous:

«C’est là le propre du puritanisme que d’emprunter, au nom d’un prétendu bien général, les arguments de la protection des femmes et de leur émancipation pour mieux les enchaîner à un statut d’éternelles victimes, de pauvres petites choses sous l’emprise de phallocrates démons, comme au bon vieux temps de la sorcellerie.»

Ainsi rappellent-elles que les femmes sont «suffisamment averties» pour distinguer abus sexuels et la «drague maladroite», et suffisamment libres pour endosser deux rôles prétendument opposés, selon des contextes très différents:

Une femme peut, dans la même journée, diriger une équipe professionnelle et jouir d’être l’objet sexuel d’un homme, sans être une «salope», ni une vile complice du patriarcat.

Sans la moindre hésitation, le magazine français «Causette» a gratifié le texte d'un bonnet d'âne cinglant, absolument scandalisé de ces propos. Une chose est sûre: le débat se complique. Gardons toutefois les yeux rivés sur les progrès effectifs qu'il permet, et sur la place que les médias accordent actuellement aux droits des femmes. Quant au reste, chacune possède la liberté et l'intelligence (oui, oui!) de se forger une opinion.

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