Bikini body
L’édito de Sonia Arnal: virus sans vertus
Etre plus ou moins confiné n’a rien de plaisant et ceux qui nous soûlent avec cette idée qu’il y a forcément du bon à en tirer (on retrouve les vraies valeurs, on prend la peine de tout faire maison, en partant de l’eau et de la farine pour les pâtes et des tomates crues pour la sauce) sont au mieux dans le déni et au pire en phase de décompensation. Aller faire ses longueurs à la piscine, c’est mieux que dans sa baignoire et laisser les pros s’occuper de la coloration de nos têtes, comme on a pu le confirmer cette semaine, c’est aussi mieux que de le faire dans sa baignoire – si vraiment vous devez faire les deux, on vous conseille de commencer par la natation, pas sûr qu’après la teinture vous récupériez vraiment le blanc de votre émail.
Rater le coche
Toutefois, il y a quand même un pensum qui pourrait nous être épargné par le coronavirus et pour un peu je rendrais grâce à nos autorités qui ne se décident pas à nous déconfiner totalement: l’achat du maillot de bain annuel. Si ça se trouve, il n’y aura pas de plage cet été, donc pas de maillot à porter, mais on ne se souhaite pas vraiment ça. On peut donc garder espoir tout en s’épargnant un psychodrame.
On va peut-être même rater le coche. En général, les rayons sont garnis six mois trop tôt. Pour une combinaison de ski, faut voir en octobre – en février, quand tu pourrais en avoir vraiment besoin, c’est plus la saison, te dit-on. Donc là, on est en mai, autant dire que très bientôt il sera trop tard pour la collection été et on pourra essayer à la réouverture des boutiques de mode des doudounes bien couvrantes, ce qui est toujours moins traumatisant que le bikini.
Si on rate la fenêtre d’achat, on aura deux options: ressortir celui de l’année passée, dont l’élastique mangé par le chlore commence à se relâcher dangereusement, ce qui laisse présager des sorties de bassin délicates (monter l’échelle du grand bain et se rendre compte que la culotte du maillot est restée sous l’eau, c’est pas bon non plus pour l’ego) ou alors acheter sur internet et se retrouver: a) saucissonnée dans des ficelles trop petites parce qu’on a cru à tort qu’un M le ferait; b) perdre, de nouveau, la culotte du bikini en sortant de l’eau parce qu’on a cru à tort qu’un M le ferait (aucun M n’a la taille d’un autre M, comme on le sait).
Bref, la morale de l’histoire, c’est qu’au final, même un truc aussi massif que le corona ne nous sauvera pas du drame récurrent de nos étés. C’est sans issue.