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Vis ma vie de journaliste

L'édito de Sonia Arnal: Mauvais stress

L’édito de Sonia Arnal: Jules César et mon chat, même combat

Chaque matin je me sens à l’article de la mort (...) et je me retiens de me jeter sur la moquette de mon bureau en position latérale de sécurité uniquement parce qu’il est vitré, que mes collègues me verraient et que je ne veux pas leur rajouter un stress supplémentaire, qui pourrait les rendre malade. Etc.

© Ludovic Andral

Ce qu’il y a de bien quand vous êtes journaliste, c’est que vous pouvez lire les journaux, au bureau, toute la journée, et personne ne peut vous faire de commentaire déplaisant sur le temps que vous y passez – vous travaillez! L’aspect moins sympathique, c’est que vous arrivez à 8 heures, vous regardez ce qui se passe dans le monde en rapport avec votre spécialité, et c’est mauvais pour votre moral. Dans mon cas, par exemple, ça donne «Plus de 2,2 milliards de personnes souffrent de troubles de la vision», «50 millions d’obèses en plus dans les pays de l’OCDE depuis 2010», «Grossesse: la pollution de l’air suspectée d’augmenter le risque de fausse couche», «L’estomac, un redoutable sac d’acide chlorhydrique», «Après un cancer du sein, l’hormonothérapie altère la qualité de vie», «Le stress peut-il provoquer le cancer?» Si la réponse à la dernière question est oui, j’ai du souci à me faire.

Avec toutes ces catastrophes que je me prends en pleine figure dès potron-minet, il y a de quoi surventiler. Chaque matin je me sens à l’article de la mort (même mon estomac menace de me tuer, vous avez vu?) et je me retiens de me jeter sur la moquette de mon bureau en position latérale de sécurité uniquement parce qu’il est vitré, que mes collègues me verraient et que je ne veux pas leur rajouter un stress supplémentaire, qui pourrait les rendre malades. Etc.

«Tous des gauchistes»

Bref, c’est littéralement mortifère, ces news, et d’ailleurs tous ceux de mes amis qui ne sont pas journalistes ne manquent pas de me demander: «Mais pourquoi vous ne publiez que des mauvaises nouvelles et des désastres à venir?». C’est pas faux, mais comme on nous l’apprend à l’école de journalisme, parler des trains qui partent et arrivent à l’heure plutôt que de ceux qui déraillent, ce n’est pas trop notre mission.

Du coup, c’est très anxiogène comme profession, je ne vous le cache pas.

Donc, si on ne va pas au bistrot pour lire le journal, car ce serait faire des heures sup, on y va pour l’apéro, histoire de déstresser. Le week-end passé, en deux heures et autant d’estaminets, j’ai eu droit à: «Toute façon vous êtes tous des gauchistes et tous pour le loup, donc je ne discute même pas», suivi de: «Dans les groupes de presse vous êtes tous des vendus à la solde du grand capital, aucun esprit critique, plus personne pour défendre un projet de société alternatif.» La vraie vie, c’est toujours tellement mieux que ce que nous racontent les médias.


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