Bien-être
L'édito de Julien Pidoux: «Les nonante jours du mois de février»
Allez, entre nous, lâchez le morceau: vous avez déjà abandonné vos bonnes résolutions de début d’année, vous aussi? Vous passez tous les jours en baissant la tête devant ce fitness où vous venez de souscrire un abonnement («Non je t’assure, cette fois c’est la bonne, je suis hypermotivé, et je me suis acheté des petits gants pour ne pas me faire de cloques en soulevant les poids»), vous avez installé 18 applications sur votre smartphone, pour faire du yoga, de la méditation, du HIIT (le tout avant le lever du soleil)? Acheté 25 kilos de citrons pour vous faire un petit jus frais tous les matins («Tu verras, ça te change la vie»)?
Je pourrais continuer cette liste ad aeternam, mais on va s’arrêter là, vous avez compris le principe. Si janvier est le mois des résolutions et de l’optimisme forcené, février est celui du retour au bon sens. Ce n’est pas pour rien qu’on a choisi ce moment dans l’année pour vous proposer un numéro autour du bien-être, alors que les jours sont encore courts et gris, le plafond nuageux aussi bas que notre moral, et que le temps s’écoule au ralenti, comme si ce mois s’était décidé à durer nonante jours au lieu des vingt-huit prévus initialement.
Être bien, sans pression
J’ai cherché la définition dans le Larousse du terme «bien-être»: «État agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l’esprit.» J’aurais envie d’y ajouter un appendice: «le tout obtenu sans se faire avoir ni par les affiches publicitaires pour des abonnements de fitness au tarif alléchant, ni par ces wellness influencers et autres gym coachs qui te filent des complexes sur les réseaux sous couvert de te donner des conseils (au passage, faites comme moi: passez une demi-heure sur Instagram à enchaîner des vidéos de petits singes: l’algorithme d’Instagram va commencer à vous abreuver de bébés chimpanzés en train de chiller au soleil au lieu de vous mettre sous le nez des six-packs complexifiants – ça marche bien).
Bref, comme le dit aussi le philosophe Fabrice Midal, pour être heureuses et heureux, pas besoin de chercher la zénitude à tous crins ou de sombrer dans la bigorexie – l’addiction au sport. Un effluve de bergamote, un mouvement inspiré du yoga sur sa chaise de bureau, un soupçon d’huile d’amande massée sur le corps, et la magie – parfois – opère.