histoire de femme
L'édito de Géraldine Savary: «Pim, Pam et pas pomme»
Elle ne fait pas que courir en ralenti en maillot rouge sur une plage de Malibu, elle écrit aussi. Pamela Anderson a publié un livre le 31 janvier 2023 (Love, Pamela), annoncé comme de «nouvelles mémoires qui lui permettent de prendre le contrôle de son histoire pour la première fois»; depuis ce même jour, un documentaire (Pamela, a love story) sur la plateforme de streaming Netflix raconte le destin de cette icône des années nonante, pas mal malmenée par la vie, et qui a su rebondir, telle une créature des mers qui relève la tête sous le rouleau des vagues.
Pamela Anderson, icône d’une génération, oui, qui a fait rêver tout le monde (surtout les garçons), avec ses faux seins triomphants et assumés, ses longs cheveux blonds emmêlés comme si elle sortait d’un lit, bouche entrouverte, narines palpitantes. Elle s’est affichée nue, en une de Playboy, dans des poses alanguies, conformes aux stéréotypes de la fille open et sexy. Soyons sincères, nous les brunes, on n’en pouvait plus de Pamela Anderson, et de manière générale de l’image qu’elle renvoyait des femmes, de la sexualité et des instincts de prédateurs flattés qu’elle faisait naître chez les hommes.
Après le slut-shaming, la réhabilitation
Alors, comme pour Marilyn Monroe ou Britney Spears, on a ri de ses infortunes, on s’est moqué de ses divorces, des images volées de sa vie sexuelle transformées en sextape juteuse, de ses rides, des rares daubes auxquelles elle était encore invitée à participer. Le monde est souvent cruel envers celles qu’il pose sur un piédestal, ou pour le dire à la manière de Churchill: quand tu es statue, apprends à te méfier des pigeons.
Aujourd’hui, les «ravissantes idiotes» nous rappellent qu’elles ont un cerveau et qu’elles s’en servent, qu’un cœur plein de rêves bat sous leur poitrine, qu’elles savent porter un regard drôle et sans complaisance sur leur parcours et sur les personnes qui en ont profité. Ainsi Pamela Anderson nous montre que ses pas l’ont conduite parfois où elle voulait aller, mais aussi qu’elle s’est pris de grosses gamelles et qu’elle a su se relever.
L’histoire des femmes en cours d’écriture permanente ressuscite aujourd’hui les figures invisibles, les oubliées, les génies dont le talent a été volé ou confisqué. Il est juste qu’elle réhabilite aussi celles qui ont été exposées à trop de lumière.