Mode
L'édito de Géraldine Savary: «Mon pull Kookaï bientôt collector?»
Tout un pan de notre vie de filles qui aiment se balader dans les rues en regardant les vitrines est en train de s’effondrer. Des enseignes qui faisaient partie de notre quotidien disparaissent peu à peu, faillites après faillites, laissant des centaines de personnes sur le carreau. Kookaï, Camaïeu, Naf Naf, Pimkie, San Marina, André sont en train de tirer le rideau. À Zurich, Jelmoli ferme ses portes. Et dans les centres-villes et les surfaces commerciales risquent bientôt de s’aligner des façades au regard aveugle.
Bien sûr, ces marques un peu chères mais pas trop ne squattent pas les défilés des Fashion Weeks dont on parle dans nos pages. Elles ont plu à des gens de la génération préboomers, qui ont appris, dans les années nonante, à devenir des femmes à l’allure conquérante mais pas snob, incarnant sans doute l’émergence d’une classe moyenne urbaine, tentée par le consumérisme mais intimidée à l’idée de montrer trop ostensiblement les signes de leur ascension sociale.
À la rédaction de Femina, quand on a abordé le sujet, et que je me désolais de devoir remiser ces marques qui ont accompagné les sorties du samedi soir, les virées entre copines ou le premier entretien professionnel, on m’a dit que c’était devenu ringard, et qu’au mieux, avec un peu de patience, mon petit pull aux boutons en faux nacre allait devenir collector.
Vers un mode de consommation plus responsable?
En attendant, la transformation de l’industrie vestimentaire est-elle une bonne nouvelle? Oui, si cela signifie que les modes de consommation virent à plus de responsabilité, à la tendance du «moins mais mieux». Si les consciences se rappellent que, derrière un tee-shirt en coton pas cher, il y a de petites mains ouïgoures et des litres de kérosène.
Oui, si nous privilégions les circuits plus courts, le deuxième main, et si les centres-villes inventent de nouveaux lieux qui privilégient le partage des espaces et des loyers, la mise en valeur des entreprises locales, les petites adresses sympas.
Mais non, clairement non, si ces enseignes sont remplacées par des plateformes d’achats en ligne et des géants qui vendent des vêtements fabriqués à la chaîne et qui partent en poussières polluantes en Afrique. Aux plus pauvres, on réserve la fast fashion, aux très friqué-e-s les logos dorés de la haute couture.
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