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Société

L'édito de Géraldine Savary: «Mahsa, elle n’avait rien demandé»

Edito Geraldine Savary redactrice en chef Femina

«Mahsa Jina Amini n’était pas une militante engagée, ni une politicienne réformiste ni une avocate des droits humains, juste une jeune fille qui se promenait dans la rue et qui, avec l’insouciance de ses 22 ans, marchait d’un pas leste.»

© ELSA GUILLET

Cette semaine, on a commémoré l’attentat contre les tours jumelles à New York, le 11 septembre 2001, le coup d’État d’Augusto Pinochet contre le président Allende, le même jour de 1973, et samedi la mort de Mahsa Jina Amini, en Iran, le 16 septembre 2022. Ces tragiques événements ont changé notre regard sur la société, ont marqué durablement les relations entre les nations, alimenté les conflits, fait naître ou taire les espoirs collectifs; ils influencent encore aujourd’hui le rapport que nous avons au monde.

Mahsa Jina Amini n’était pas une militante engagée, ni une politicienne réformiste ni une avocate des droits humains, juste une jeune fille qui se promenait dans la rue et qui, avec l’insouciance de ses 22 ans, marchait d’un pas leste. Dans le mouvement, son voile a bougé et quelques mèches de cheveux s’en sont échappées. Pour ce crime, elle a été arrêtée, manifestement battue, elle est tombée dans le coma et est décédée trois jours plus tard à l’hôpital.

La jeune fille est devenue malgré elle le symbole de la répression du régime islamique en Iran et au-delà des systèmes politiques qui répriment les femmes. L’anniversaire de la mort de Mahsa résonne aussi douloureusement en Afghanistan, en Arabie saoudite et dans bien d’autres régions du globe, y compris chez nous.

Otage des rapports de force politiques ou religieux

Il rappelle précisément jusqu’à l’indignation à quel point aujourd’hui les femmes, qu’elles soient simples citoyennes, mères, salariées, jeunes écolières, sont systématiquement prises en otage des rapports de force politiques ou religieux. Mahsa Amini est devenue symbole mais elle n’avait rien demandé, elle voulait juste vivre sa vie de jeune fille pleine de rêves et de joie. Les femmes afghanes non plus n’exigent pas la lune ou des territoires, elles veulent se former, avoir un travail, se faire soigner.

Et voilà qu’on les couvre, qu’on les cache, qu’on les enterre, qu’on les exclut de la société.

Parce qu’humilier une femme, la rabaisser sert à montrer son pouvoir.

Je ne suis pas loin de penser qu’on retrouve le même réflexe chez ces ministres français qui convoquent la presse devant les préaux des écoles pour pointer un doigt accusateur vers des jeunes filles en abaya et leur dire d’aller se rhabiller.

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