Femina Logo

solidarité

L'édito de Géraldine Savary: «La violence ne doit pas avoir lieu dans les préaux»

L'édito de Géraldine Savary

«En attendant de rationaliser les causes et de documenter le problème, les enseignant-e-s, qui se tiennent en première ligne pour affronter les fractures que traverse la société, doivent être préparés à la violence qu’ils peuvent rencontrer.» - Géraldine Savary

© ELSA GUILLET

Pensons un instant à ces jeunes personnes qui ont toujours rêvé d’être institutrice ou instituteur. Elles ont sans doute vécu une belle expérience à l’école. Leur maîtresse a été la première à déceler leurs talents, leur a donné l’envie de lire, de comprendre l’Histoire, a stimulé l’agilité de leur intelligence pour le calcul oral.

Et à l’âge où il faut choisir une profession, elles se sont rappelé que l’école les avait aimées, libérées, elles ont choisi l’enseignement. À l’horizon, beaucoup de vacances certes, mais aussi d’abnégation, des salaires qui stagnent et des plans de carrière horizontaux. Qu’importe, la passion de transmettre est vive, comme celle d’être au contact des enfants, de les voir à leur tour nourrir leur curiosité de la complexité exigeante de la connaissance.

Pensons ensuite à ces enseignantes et enseignants qui, aujourd’hui, à la veille des vacances de Pâques, ont parcouru les trois quarts d’une année. Dans la plupart des cas, tout s’est bien passé. Les collègues sont sympas, la direction d’établissement aussi, la classe a bien pris, les enfants se sont intégrés, l’exercice de l’autorité a fonctionné: ni trop ni trop peu.

Injures, menaces, harcèlement, coups…

Mais d’autres ont commencé l’année remplis de confiance, enthousiastes à l’idée d’instruire et de partager, et se retrouvent retranchés derrière leur bureau comme sur un champ de bataille. Injuriés, moqués sur WhatsApp, contestés par les enfants avec le soutien parfois actif des parents.

J’exagère? Les coups qui sont tombés sur un professeur dans le canton du Jura sont l’expression la plus brutale de situations rares mais préoccupantes. Lisez les témoignages que nous avons recueillis. Ils montrent comment des enseignantes et des enseignants ont perdu goût à leur métier, fatigués de l’agressivité dans laquelle ils doivent travailler.

La faute au Covid? Sans doute. Au désarroi des jeunes? Aussi. Aux angoisses du futur, aux réseaux sociaux? Pourquoi pas.

En attendant de rationaliser les causes et de documenter le problème, les enseignantes et les enseignants, qui se tiennent – comme les personnels de santé ou de sécurité publiques – en première ligne pour affronter les fractures que traverse la société, doivent être préparés à la violence qu’ils peuvent rencontrer. Qu’ils bénéficient de soutiens de la part des établissements scolaires. Que les parents acceptent la mission confiée à l’école: faire de leurs enfants de futurs adultes libres, curieux et conscients de leurs devoirs.

La Rédaction vous suggère de lire aussi:

Podcasts

Dans vos écouteurs

E94: Les bienfaits du jeu vidéo sur notre épanouissement

Dans vos écouteurs

Tout va bien E89: Comment mieux comprendre nos rêves

Notre Mission

Un concentré de coups de cœur, d'actualités féminines et d'idées inspirantes pour accompagner et informer les Romandes au quotidien.

Icon Newsletter

Newsletter

Vous êtes à un clic de recevoir nos sélections d'articles Femina

Merci de votre inscription

Ups, l'inscription n'a pas fonctionné