L'édito d'Alexandre Lanz: «Les biphobes tournent le dos à Billie Eilish»

L’existence serait-elle moins idyllique et bienveillante hors du cadre des vies parfaites sur Instagram? Tout le laisse croire dans le récent exode de 100’000 personnes du compte de Billie Eilish. Un bon tri en somme. La cause de ce désabonnement massif: le coming out bisexuel de l’artiste américaine dans une interview accordée au magazine Variety en novembre 2023.

Ironie du sort, l’incident médiatique global survient au moment où l’on apprend la disparition du magazine queer local 360° après 25 ans d’existence. Les temps sont durs pour les minorités de genre.

On le sait depuis que le showbiz existe, gérer son image au moment d’un coming out quand on est une personnalité en vue peut prendre une tournure vertigineuse. Digne de montagnes russes. Loin d’être la première à en faire les frais à ses propres dépens, la chanteuse n’est certainement pas la dernière. Malheureusement. Avant elle, le management de Ricky Martin avait contraint le posterboy à cacher son homosexualité en s’inventant des relations hétéros dans les médias. Il eut été fâcheux que ses hordes de fans féminines lui tournent les talons en apprenant qu’il préférait les hommes dans l’intimité. Ça, c’était les années 90.

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La double peine des personnes bisexuelles

En 2023, on pourrait s’imaginer que les mœurs ont évolué. Sauf que non. Qu’on soit une star en pâture sur le devant de la scène ou une parfaite inconnue en coulisse, l’homophobie trace son chemin de façon insidieuse. Un peu comme si, après avoir accordé tant de visibilité aux personnes LGBTQ+, après leur avoir offert même le droit de se marier et dans certaines rares contrées de devenir parents, il fallait soudainement la mettre en sourdine. Un peu de résonance d’accord, mais pas trop. Faut pas déconner non plus. On se calme, les minorités. Ou alors on cantonne nos petites affaires discrètement chez soi, pour éviter de heurter les innocentes mirettes des hétérosexuel-le-s. Et pour les bisexuel-le-s, trop souvent taxé-e-s de l’ignorante sentence «ils et elles ne sont pas capables de choisir leur camp», c’est double peine.

Victime de body-shaming à cause d’une photo la montrant en débardeur et en short en 2020, Billie Eilish rempile avec les haters et les trolls. Tant de haine en ligne, n’est-ce pas un trop lourd fardeau à trimballer sur ses épaules à 21 ans?