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Elle a beau être la star d’une émission télévisée, gérer une marque de vêtements à succès, compter d’innombrables fans à travers le monde et se trouver à la tête d’une gigantesque fortune, Khloé Kardashian a terriblement souffert de sa rupture avec Lamar Odom en décembre 2013. Dévastée, elle décide pourtant de se reprendre en main et enchaîne les heures de gym. «Etre belle était pour moi la meilleure des vengeances», déclare-t-elle. Avec Khloé naît un nouveau phénomène: le «revenge body», ou «corps de la vengeance». Si prometteur que la chaîne télévisée «E!» a propulsé Khloé «mentor en revenge body» dans une nouvelle émission de télé-réalité qui sera diffusée courant 2016.

Le concept: on délaisse pot de crème glacée aux pépites de chocolat et journées à se lamenter en contemplant de vieilles photos, et on gère sa rupture amoureuse en se défoulant dans les salles de sport. Bien sûr, on n’oublie pas de faire partager le fruit de son dur labeur à ses «followers» sur Instagram et autres réseaux. Car si le phénomène a été initié par les célébrités, des milliers de posts signés «Mesdames lambda» s’accompagnent aujourd’hui du hashtag #revengebody. Le but recherché: optimiser les chances que son ex tombe sur l’un de ces clichés et lui faire regretter d’avoir osé larguer une bombasse comme nous.

Se battre ou disparaître

Pour Nicole Kranz, coach romande en séduction, publier des photos de ses abdos est la pire chose à faire: «C’est du pur narcissisme. La démarche résulte d’un manque de confiance en soi. Ces femmes ont peur d’affronter leur moi, elles préfèrent donc se confronter aux autres.» A l’inverse, plusieurs mettent en avant les «good vibes» 2.0 issues des réseaux. «Bien sûr, j’ai d’abord posté quelques photos sur Instagram en espérant que mon ex tombe dessus, raconte Camille. Mais peu à peu, je me suis prise au jeu: je recevais des encouragements, des conseils. Ça m’a donné confiance. Et aujourd’hui, me voilà fière de mon corps.» Michael Saraga, psychiatre au CHUV, renchérit: «On peut envisager cela comme une manière de se reconstruire, de lier de nouveaux liens, peut-être un équivalent contemporain de la mobilisation des proches après une rupture.»

Au-delà des réseaux, enchaîner les sessions de «CrossFit», les smoothies de chou plume et les factures d’entraîneur personnel serait-il un bon moyen de panser ses peines de cœur? «Oui, si c’est ce qui nous fait du bien, répond Patricia Delahaie, auteure de «Comment guérir du mal d’amour» (Ed. Leduc). Après une rupture, on se met en mode survie. Tout ce qui aide à sortir la tête de l’eau est bon à prendre, même si, dans un premier temps, c’est souvent excessif. Et mieux vaut se rendre à la salle de sport plutôt que de se réfugier dans l’alcool ou les loukoums!» Francesco Bianchi-Demicheli, spécialiste en médecine sexuelle aux HUG, souligne également les bénéfices d’une telle démarche: «Au moment de la rupture, l’image de soi est souvent perturbée et la souffrance très grande. Beaucoup de femmes réagissent en prenant soin d’elles, en perdant du poids, en se faisant belles. Cette attitude ne se révèle pas forcément problématique, l’activité physique peut représenter un moyen de se réconcilier avec soi-même.»

Suer pour ne pas pleurer

OK, on comprend bien l’importance de reprendre confiance, mais d’où vient le besoin de vengeance? «En tentant d’amener l’autre à regretter, on atténue le choc violent de la rupture, note Céline Schmink. C’est faire porter à celui qui nous a quitté le poids de la souffrance que l’on aurait voulu le voir endosser dès la séparation.» La journaliste et écrivaine française parle en connaissance de cause: elle est elle-même passée par la case «revenge body». «A première vue, on peut penser que les femmes qui s’y adonnent sont égotiques et superficielles, témoigne-t-elle. Pourtant, si je m’en tiens à mon vécu, ça a constitué une petite renaissance et marqué le début d’une nouvelle vie. Cela m’a permis de me reconnecter avec moi-même.»

En effet, pour Céline Schmink, auteure de «Reprendre sa vie en main après une rupture», le «revenge body» ne se conçoit pas sans un «revenge mind», comprenez un travail mental sur soi-même. «L’esprit et le corps sont indissociables. Dans mon cas, le bien-être procuré par mon nouveau look s’est mué en pensée positive. Après la transformation corporelle, j’ai développé en moi les qualités que j’attendais chez mon futur partenaire. L’investissement a été autant physique que mental.»

Yann Personnic, coach sportif, veille justement à ce que ses clientes en mal de reconnaissance ne négligent pas leur psychisme. «C’est essentiel, on ne peut pas travailler uniquement son aspect physique. Lorsque l’on surcompense le manque d’amour, il y a un moment où il faut presser sur «pause» et avoir le courage de regarder le mur qui est en face de soi. De ce point de vue, le sport s’avère un excellent outil pour reprendre le contrôle de son existence.» Et passer insensiblement de la vengeance à la prise de conscience.

Selon Nicole Kranz, le «revenge body» reste pourtant loin d’être l’antidote magique postséparation. «Le terme de «revanche» me pose problème, souligne-telle. Cela prouve que l’on fait des efforts pour son ex et non pour soi. Le côté malsain du phénomène, c’est que plus l’on s’attarde à blesser l’autre, moins l’on porte de l’intérêt à l’essentiel: notre vie à nous. On pense destruction de l’ancien compagnon au lieu de construction de soi.» Anne-Catherine Pozza, fondatrice d’Orchydia (cabinet de coaching amoureux à Genève), pointe elle aussi du doigt ce besoin viscéral de vengeance: «Cela peut cacher un manque de maturité affective. Cet esprit n’a rien d’un acte d’amour, mais plutôt d’un repli narcissique, que les réseaux sociaux rendent public.»

Dépasser les apparences

Autre spécificité du «revenge body»: c’est «un truc de filles». Si seuls les cœurs brisés féminins s’y adonnent, on peut le comprendre, selon Céline Schmink, en se référant à des traditions ancestrales: «Depuis la nuit des temps, la femme a été mise en concurrence. Elle ne choisit jamais son mari, on décide pour elle. Lisez «Peau d’âne» ou «Cendrillon»: difficile de lutter contre cet imaginaire bien ancré où il y a un homme, des femmes, une seule gagnante, des perdantes. La revanche intellectuelle étant invisible, on se tourne du côté du physique pour faire enrager son ex.»

Michael Saraga, psychiatre au CHUV, perçoit quant à lui cette démarche comme une façon d’utiliser son corps, en en faisant une arme de guerre, afin d’atteindre l’autre. «Le phénomène rappelle les critiques, notamment féministes, de la transformation du corps des femmes en objet. On peut penser que ces femmes reproduisent ce schéma en utilisant leur corps comme l’instrument à la fois de leur reconstruction et de leur vengeance.» La blogueuse newyorkaise Ej Dickson va encore plus loin: «Le ‘revenge body’ est un produit culturel qui nous dit qu’il n’y a que deux choses pouvant rendre une femme heureuse: 1. Etre mince. 2. Avoir un homme. Et lorsqu’elle perd l’un de ces deux «attributs», elle doit se battre comme une diablesse pour conserver l’autre. Sa seule ressource: son physique.»

Au bout du compte, le «revenge body» n’atteint que très rarement son but: l’ex ne revient pas conquérir sa belle après que celle-là eut posté un selfie «Amaro filtré» à travers lequel on distingue son corps survitaminé. Et tant mieux! S’il rappliquait, cela signifierait que seule l’apparence comptait pour lui. Même Khloé n’a pas récupéré son Lamar. Mais elle a repris sa vie en main, comme bon nombre d’adeptes. Et si, finalement, la revanche ultime ne consistait pas à être heureuse avec ou sans biscotos? «Etre belle n’est pas la meilleure des vengeances, conclut Patricia Delahaie. Mais être bien dans sa peau, quelle que soit la taille de son jean, se prouver que l’on se sent encore mieux sans cet homme, ça n’a pas de prix.»

3 revanches posizives 2.0

Revendre les affaires de son ex «Never liked it anyway» permet de se débarrasser des cadeaux et objets offerts ou liés à son ex. On trouve de tout sur ce Ricardo des cœurs brisés: bagues de fiançailles, parfums, sacs à main, jeux de PlayStation, équipements de surf, tubes de Ketchup, etc. L’enjeu est plus symbolique que financier: en vendant ces objets, on fait une croix sur sa relation. Le plus? Une section commentaire permet à chacune de raconter son histoire.

Suivre Marisa sur Instagram Y a-t-il pire que voir l’homme qu’on aime partir au bras de sa meilleure amie? Marisa Hochberg, jeune New-Yorkaise de 27 ans, pensait ne jamais s’en remettre. Au final, ce choc émotionnel lui a permis de se reprendre en main. En surpoids, elle a perdu 34 kilos et est devenue prof de fitness. Depuis, elle distille ses conseils et encouragements à ses abonnés sur Instagram. Son compte: @marisahochberg.

Ouvrir un blog Susan J. Elliott a lancé le sien suite à sa rupture. Pour parler du comportement de son ex, de ses sentiments, de ses doutes. Très vite, ce blog thérapeutique s’est propagé et ses posts ont recueilli énormément de commentaires. Les internautes lui posaient d’innombrables questions sur la façon de gérer une séparation. La plus belle vengeance de Susan? La parution de son livre, «Comment réussir sa rupture? Transformer la séparation en la meilleure chose qui puisse vous arriver!» (Ixelles Editions).

Les peoples en question

Britney Spears La star de 34 ans enchaîne les ruptures: Jason Trawick en 2013, David Lucado en 2014 et Charlie Ebersol en 2015. Son remède? Les cours de gym intensifs. Vengeance oblige, l’interprète de «Toxic» n’hésite pas à taguer ses tablettes de choc sur Instagram.

Khloé Kardashian Après sa rupture avec le basketteur Lamar Odom, la starlette sculpte son corps pour lui faire regretter son choix. Elle sera à l’affiche d’une nouvelle émission, «Revenge Body with Khloé». Celle-là suivra le relooking extrême de femmes en mal de vengeance. La date de diffusion n’a pas encore été communiquée.


©instagram.com/britneyspears; GC Images/Getty

Reese Witherspoon En 2009, la comédienne dit bye-bye à Jake Gyllenhaal. Elle opte alors pour la technique «vendetta». Le principe? Au lieu d’élaborer un plan pour faire mal à l’autre, on devient une meilleure personne. Première étape obligatoire: le «bootcamp».

Perrie Edwards Larguée par Zayn Malik après trois ans de relation, la chanteuse de 22 ans prend depuis un malin plaisir à poster des photos plus «hot» que jamais sur les réseaux sociaux.


©GC Images/Getty; instagram.com/perrieeele

Ou encore Kate Hudson Quatre ans de relation, un déménagement à Londres, un bébé, puis la rupture. Après s’être séparée de Matthew Bellamy, chanteur de Muse, l’actrice de 36 ans a «transformé son malheur en énergie positive». Ça lui réussit!

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