Société
La traite d’êtres humains, un fléau qui touche aussi la Suisse
Basée à Lausanne, et cofondée en 2014 par Anne Ansermet Pagot et Angela Oriti, Astrée est une association de soutien aux victimes de traite et d’exploitation. Son but? Gèrer la prise en charge des victimes de la traite des êtres humains dans le canton de Vaud. Sur le terrain, son activité s’avère plus que nécessaire. En effet, l’identification des victimes a explosé depuis la création de la structure. Depuis 2022, Angela Oriti, directrice d’Astrée, est seule aux commandes de l'organisation, interview.
FEMINA Quelles sont les formes que peut prendre la traite d’êtres humains (TEH) dans notre pays?
Angela Oriti La traite d’êtres humains est une infraction pénale et une violation des droits de l’homme qui consiste à recruter, héberger, ou transférer une personne de son pays pour la forcer, par différents moyens de contrainte, à travailler, à se prostituer ou à commettre des activités illicites.
En réalité, le phénomène touche des femmes, des hommes et des enfants de toute origine, exploité-e-s dans la prostitution, le travail domestique, la restauration, sur les chantiers ou qui sont contraint-e-s à des cambriolages ou à dealer. En 2022, Astrée a suivi 96 victimes (77 femmes et 19 hommes). Parmi ces personnes, 57 ont été contraintes à la prostitution, 43 ont été victimes d’exploitation de la force de travail et 5 ont été forcées à commettre des actes illicites. Certaines ont été exploitées dans plusieurs milieux.
Comment l’association vient-elle en aide aux victimes?
Astrée a été créée fin 2014, avec le soutien du Département de la santé et de l’action sociale de l’État de Vaud, pour gérer le dispositif cantonal de protection des victimes de TEH. Pour faciliter le rétablissement et l’intégration des victimes, nous proposons un hébergement en foyer sécurisé et dans des appartements de transition. Nous collaborons aussi avec des hôtels et des foyers afin d’offrir un toit à toute victime s’adressant à nous. Depuis 2015, nous proposons des consultations juridiques et sociales pour les personnes migrantes et des formations pour les professionnels en contact avec des victimes potentielles.
La prise en charge inclut les démarches liées à un éventuel retour volontaire au pays ou le soutien intensif dans le rétablissement suite à l’exploitation subie, l’assistance en vue de l’obtention d’une autorisation de séjour en Suisse, l’accompagnement lors d’une éventuelle procédure pénale contre les auteurs de l’exploitation et l’orientation vers le réseau de soins en collaboration avec Unisanté.
Quels sont les futurs enjeux de l’association?
Concrètement, durant les deux prochaines années, nous envisageons de louer d’autres appartements de transition afin d’accueillir les hommes victimes de traite qui ne peuvent pas, à l’heure actuelle, résider dans notre foyer. Nous souhaitons aussi renforcer notre accompagnement juridique et nos offres de formation.