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Justine Mettraux, la navigatrice qui dompte toutes les mers

Justine Mettraux, la navigatrice qui dompte toutes les mers

«Après les pires moments, on oublie tout pour ne se souvenir que de la vitesse et de la glisse, du contact avec la nature, du dépassement de soi.» - Justine Mettraux

© MATHIEU LODIN

Edit: Le départ de la Transat Jacques Vabre a été différé à cause des conditions météorologiques.

Dans les yeux clairs de Justine Mettraux, que l’on rencontre dans le cadre feutré d’un bar de palace genevois, il y a le bleu vert de la mer. Et aussi, autour des pupilles, cette pointe de brun qui rappelle que le désir de prendre le large n’a de sens que s’il s’accompagne de celui, impérieux, de regagner la terre.

La terre, la navigatrice genevoise, embarquée dans la Transat Jacques Vabre, devrait la toucher à nouveau mi-novembre. Une fois bouclés les 5400 miles de cette course qui relie le port du Havre à Fort-de-France, en Martinique, en passant par le redouté Pot-au-noir, cette zone de l’Atlantique située entre les tropiques où se rencontrent alizés du nord et du sud. Où, sous un ciel sans cesse bas et lourd, peuvent cohabiter pendant des jours vents violents et absolue pétole.

Un cauchemar de marins que ne redoutent ni Justine Mettraux ni son coéquipier Julien Villion, engagé-e-s ensemble pour ces deux semaines de mer à toute vitesse à bord de Teamwork, leur formule 1 des mers. Cette «Route du café», comme on la surnomme, Justine Mettraux la connaît bien, elle qui, en 2017, a terminé quatrième de la course. Un succès parmi d’autres pour cette femme marin aguerrie, qui fait aujourd’hui partie, à 37 ans, des meilleures de sa génération, capable, depuis dix ans, de s’aligner, et de gagner, en duo, en équipage et en solo sur toutes les mers du monde. Sans jamais que la passion ne s’émousse:

«Les marins ont la mémoire courte. Même après les pires moments, on oublie tout pour ne se souvenir que de la vitesse et de la glisse, du contact avec la nature, du dépassement de soi.»

Du tableau noir aux embruns

C’est en 2013, avec sa deuxième place lors de la Mini Transat, que l’on entend parler de ce pur produit des écoles de voile genevoises: elle devient alors la première Suissesse à traverser l’Atlantique en solitaire en course tout en réalisant la meilleure performance féminine de l’histoire de l’épreuve.

Ce succès donne le cap d’un nouveau destin: celle qui a grandi à Versoix, et qui a tiré ses premiers bords en marin d’eau douce sur le voilier familial avec ses quatre frères et sœurs, laisse tomber la carrière d’enseignante à laquelle elle était promise. Installée à Lorient, en Bretagne, elle s’implique dès lors dans la course au large, relevant à l’occasion le challenge des régates notamment avec Lady Cat, le D35 barré par Dona Bertarelli.

Aucune terre à l’horizon

Septième, en solo, sur la dernière Route du Rhum, victorieuse, en équipe, de l’Ocean Race, Justine Mettraux, à la barre de Teamwork, a gagné cette année ses galons pour l’épreuve ultime: le Vendée Globe, la course autour du monde en solo et sans escale qui a lieu tous les quatre ans. Et dont le prochain départ aura lieu le 10 novembre 2024. Une aventure puissante faite de solitude absolue, de tempêtes noires, de vagues monstrueuses, de jours sans sommeil mais aussi de couchers de soleil parmi les plus beaux du monde.

Plus de deux mois de navigation seule à la barre d’une embarcation de vingt mètres qui vole sur ses foils à pleine vitesse à mille milles de toute terre habitée. Justine Mettraux, rookie de cette future édition, répond modestement lorsqu’on l’interroge sur son objectif:

«Mon ambition est de bien mener ma barque, de prendre les bonnes décisions, d’éviter les dégâts et les soucis techniques.»

Mais, son tempérament de gagneuse, son talent sur l’eau couplé à une équipe solide laissent supposer de plus grandes espérances pour cette athlète ultrapolyvalente, qui a réussi à monter son projet tout en s’entraînant et en accumulant les victoires.

À une année de cette aventure ultime, la navigatrice, souriante et alignée, ne laisse aucune place à l’angoisse. Caprices météorologiques, plages de sommeils entrecoupés, craquements incessants du bateau qui file à plus de vingt nœuds, présence d’une baleine ou d’un container comme autant de dangers… tout cela vous donne déjà le mal de mer? Justine Mettraux, elle, n’attend que ça!

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