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Gymnastique, la longue liste des abus

Gymnastique la longue liste des abus

Selon le rapport, les résultats du sondage fournissent des indices importants sur le fait que, dans ces disciplines sportives, certaines formes de violence psychologique ne sont pas rares, mais sont, en plus, encouragées par le système, ou du moins ne sont pas combattues par ce dernier.

© Thomas Coex/Getty Images

Des insultes, des humiliations, des vexations, des punitions et toutes sortes de maltraitances supportées sans un mot, la peur au ventre. Vivre sa passion quand on est une athlète pleine de potentiel revient, dans certaines disciplines artistiques comme la gymnastique, à s’exposer à des dérives couvertes par une omerta malsaine et une culture de la peur. C’est ce que confirme un rapport de plus de 800 pages réalisé à la demande de la conseillère fédérale Viola Amherd.

Mais on s’en doutait déjà un peu. Car si la cheffe du Département des sports a pris le taureau par les cornes, en 2020, c’est suite à un scandale médiatique qui a laissé le grand public estomaqué par plusieurs témoignages d’anciennes gymnastes d’élite évoquant leur passage par l’école de Macolin et le cortège de mauvais traitements qu’elles avaient eu à subir lors de leurs entraînements dans ce haut lieu du sport national suisse. Le tout dans un silence de plomb, les jeunes femmes ayant trop peur d’être écartées des sélections si elles dénonçaient le comportement de leurs coachs.

Des insultes régulières

Une enquête a donc été menée par le cabinet d’avocats zurichois Rudin Cantieni Rechtsanwälte AG dans le but de faire la lumière sur ces faits, mais aussi sur la situation dans d’autres sports similaires, tels que le trampoline, le plongeon, le patinage artistique et la natation synchronisée. Autant de disciplines à la fois techniques et artistiques qui présentent des risques particuliers, puisqu’elles font peser sur une population d’athlètes jeunes, voire très jeunes, un volume d’heures d’entraînement élevé. À quoi s’ajoute, pour les filles, la gestion délicate des transformations physiques de la puberté souvent considérées «comme un frein aux performances, voire un obstacle à la carrière», relève le rapport dont le volet portant sur la violence émotionnelle et psychique dépeint un tableau sombre.

Sur presque un millier d’athlètes ayant accepté de répondre anonymement à un sondage, 16% indiquent être ou avoir été insultés régulièrement à l’entraînement ou pendant les compétitions.

Un sur cinq a abandonné ou a eu l’idée d’abandonner le sport d’élite pour cause de traitement inéquitable, d’épuisement psychique ou de conflits avec son entraîneur.

Et 40% n’ont jamais osé évoquer des expériences négatives de crainte de représailles. Parmi ceux qui l’ont fait, d’ailleurs, deux tiers indiquent que la situation n’a pas changé par la suite. Pire, entre 9 et 26% ont vu la situation se dégrader après un signalement. Selon le rapport, les résultats du sondage fournissent des indices importants sur le fait que, dans ces disciplines sportives, certaines formes de violence psychologique ne sont pas rares, mais sont, en plus, encouragées par le système, ou du moins ne sont pas combattues par ce dernier.

C’est grâce au courage de plusieurs gymnastes suisses qui ont, en 2020, dénoncé ouvertement des méthodes d’entraînement abusives que les autorités se sont finalement penchées sur les dérives d’un système malsain. De g. à d. Marine Perichon, Lisa Rusconi, Lynn Genhart, Cinzia Mora, Ariella Kaeslin et Sarah Marchini. © Anne Morgenstern

Toilettes interdites

D’autres formes de brutalités ressortent, par ailleurs, parmi lesquelles des punitions par le biais d’exercices supplémentaires, que deux tiers des sondés ont personnellement enduré ou observé. Un athlète sur trois s’est vu interdire ou a vu des camarades être empêchés de boire ou d’aller aux toilettes. Et 15% des personnes interrogées estiment que les blessures n’étaient pas beaucoup prises en considération.

Quant aux attouchements sexuels, ils n’ont été rapportés qu’en natation synchronisée. Dans cette discipline, 26% des nageuses interrogées avaient entendu des remarques désobligeantes. Si, depuis un an, les autorités ont commencé à faire le ménage (licenciement de coachs et de cadres de la fédération de gymnastique), c’est une batterie de mesures visant à «changer la culture dans le sport d’élite» qu’a présenté Viola Amherd la semaine dernière. Au menu, plus de surveillance, des sanctions pour les manquements et une révision de la législation sur l’encouragement du sport, fixant des exigences minimales à respecter pour les fédérations. Mais aussi la création, au 1er janvier 2022, d’un service indépendant de signalement des abus.

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