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foule d’obstacles

Femmes et sport: la longue marche vers l’égalité

Femmes et sport la longue marche vers legalite

En Suisse, la couverture médiatique du sport au féminin frise le ridicule, pour ne pas dire l’insulte, surtout quand on sait l’importance des modèles positifs pour susciter des vocations.

© Getty Images

On ne le répétera jamais assez: bouger et avoir des activités physiques, c’est bon pour la santé. Le problème, c’est que suivre ce conseil n’a rien d’évident quand on est une femme. Eh non! Car même si ça ne devrait pas être le cas, le sport est encore méchamment genré. Ce qui implique une foule d’obstacles qui peuvent rebuter ou même casser les envies de s’y mettre. Une exagération à la chienne de garde? Malheureusement non.

Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un petit coup d’œil à l’étude réalisée par la Ville et l’Université de Lausanne, publiée le 26 mai 2021. Les chiffres cités sont édifiants (lire en fin d'article). Et l’analyse corrobore (tristement) aussi bien les résultats d’autres recherches menées à travers le monde que nos propres vécus de sportives du dimanche.

Cela dit, si la partie n’est décidément pas fair-play, elle n’est pas perdue pour autant. Ainsi que le montre par exemple Helsinki, qui fait figure de (très) bon élève en termes d’actions concrètes, notamment grâce à Nasima Razmyar. Adjointe au maire d’Helsinki, la jeune femme, en charge de la Culture et des Sports depuis 2017, a en effet entrepris un véritable marathon pour faire bouger les lignes. Actuellement injoignable en raison d’un agenda surchargé – elle est en pleine course électorale –, elle a toutefois largement communiqué sur les mesures appliquées. Parmi lesquelles…

Education

Histoire de faire comprendre aux petites filles que tous les sports leur sont ouverts et possibles, y compris les plus connotés mecs, un programme éducationnel a été lancé. Les écoles et les jardins d’enfants s’impliquent à fond, aussi bien en théorie qu’en pratique, afin «d’inculquer les valeurs du sport et de l’égalité des sexes dès le plus jeune âge.»

Infrastructures

Régulièrement trop éloignées du domicile, insuffisantes ou trustées par des hommes (ou des équipes mixtes au meilleur des cas!), les infrastructures doivent être repensées au féminin. Ce à quoi travaille Nasima Razmyar (en photo, ci-dessous):

«Une mise en place adaptée aux besoins des femmes et des jeunes filles est de la plus haute importance pour encourager leur participation à toute forme d’activité physique. Cela inclut aussi l’aspect géographique de ces lieux, car plus ils sont accessibles, mieux c’est!»

Pour le coup, de nouvelles installations sportives fleurissent dans l’espace public helsinkien (fitness urbain, street workout…)

© Jukka Pekka Flander / SDP

Equipements

Côté équipements, ils sont parfois inadaptés et pas forcément women friendly. A ce propos, certains petits clubs suisses n’ont même pas de vestiaires Dames. Si bien qu’on se douche chez les garçons ou qu’on attend d’être rentrée chez soi. Bonjour l’accueil! Là encore, le problème a été pris en main en Finlande.

Pallier le manque de présence féminine

Si Lausanne déplore que les femmes soient «peu présentes dans les postes d’entraînement, d’encadrement ainsi que dans les instances décisionnelles du monde sportif», Helsinki ne fait pas encore beaucoup mieux: «Bien que mon pays ait une politique forte en termes de parité, je dois avouer que le domaine du sport reste dominé par les hommes.» Mais Nasima Razmyar ne désespère pas et s’est attelée au problème: nominations féminines à des postes clés, communications pour appeler des candidates…

Manifestations ciblées

Pour motiver les femmes à bouger, de plus en plus de manifestations sportives mixtes ou féminines sont organisées dans la ville, portées par des figures populaires. Et le succès est au rendez-vous…

Contrer le harcèlement

Celles qui pratiquent des sports hors clubs le savent bien: entre sifflets, regards indésirables et commentaires au mieux moqueurs, au pire déplacés, insultants, voire menaçants, il faut avoir une motivation olympique pour ne pas se sentir désécurisée et renoncer à courir, nager, crossfitter, etc. Les Finlandaises ne sont évidemment pas épargnées par le harcèlement de rue. En revanche, elles ne se privent pas d’en appeler à la justice et des amendes sont régulièrement infligées aux malotrus.

Modèles inspirants

En Suisse, la couverture médiatique du sport au féminin frise le ridicule, pour ne pas dire l’insulte, surtout quand on sait l’importance des modèles positifs pour susciter des vocations. En Finlande, la presse est régulièrement sollicitée pour faire la part belle aux femmes et la société de radio-télévision nationale a pour sa part été priée de «faire plus et mieux».

Des emplâtres sur une jambe de bois? Du tout. Ce type de démarche a fait ses preuves à Genève ou à Bordeaux, par exemple, où la pratique du sport féminin a augmenté de 18% en quatre ans. C’est dire si on se réjouit des résultats de Lausanne, qui vient de définir un catalogue de mesures concrètes et, dans la foulée, lance dès demain une campagne de sensibilisation en ligne (site internet, réseaux sociaux, etc.) et dans la rue, via des affiches de modèles inspirants. On espère évidemment que, comme dans une bonne course de relais, le témoin se passera rapidement de ville en ville…

À l’échelle lausannoise

93% du temps, ce sont les hommes qui occupent les terrains subventionnés par la Ville de Lausanne.

96% des subventions pour équipes élites sont perçues par des hommes.

69% des ressources allouées aux clubs bénéficient aux hommes.

66% des sportives ont une pratique hors d’un club.

25% seulement des subventions et aides allouées par la Ville le sont au bénéfice des femmes.

28% des membres de clubs ou d’associations sportives sont des femmes (72% d’hommes).

19% des femmes interrogées disent avoir été victimes d’actes ou de paroles sexistes (remarques déplacées, sifflements, attouchements, invectives, harcèlement, etc.) dans leur(s) pratique(s) sportive(s) et 20% ont été témoins de tels agissements.

4% des femmes souhaiteraient pratiquer leur sport dans un contexte exclusivement féminin, 2% dans un contexte majoritairement masculin, 28% dans un environnement mixte, tandis que 64% n’ont pas de préférence.

Source: «La politique sportive lausannoise à l’épreuve du genre», rapport de la Ville de Lausanne publié en mai 2021.

À l’échelle internationale

75% des sportives ont dû réduire ou même arrêter leur sport par manque de temps.

70% des sportives qui travaillent à plein temps et ont des enfants de 0 à 14 ans disent se sentir «toujours ou très souvent» sous la pression du temps – contre 56% des hommes.

7% de la couverture sportive en ligne est consacrée aux sports féminins.

51% des jeunes filles auront abandonné le sport à l’âge de 17 ans.

Source: «Femmes dans le Sport», rapport de l’Union mondiale des villes olympiques


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