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ÉDITO

Glacier à Zermatt: «Il n’y en a plus? Qu’on en jette encore!»

EDITO ALEXANDRE LANZ ELSA GUILLET

«Faisant fi de l’inexorable fonte des glaciers, le sillon se creuse pour permettre à la compétition internationale de faire comme si de rien n’était.» - Alexandre Lanz

© ELSA GUILLET

Dimanche 15 octobre 2023, tout le monde ne parlait que de ça, et pour cause: épinglé en «une» du Matin Dimanche, on découvrait en attaque du cahier Sports le sujet consacré à la nouvelle piste creusée dans le glacier à Zermatt. Objectif: assurer le tapis blanc pour la Coupe du monde de ski en novembre. Les images chocs montrent les pelleteuses forant depuis des semaines le glacier du Théodule avec vue imprenable sur le Cervin. Ugo Curty, chef de rubrique, entamait son commentaire par cette phrase lourde de sens: «Une aberration écologique». Oui, c’est bien de cela qu’il s’agit ici. Et non, on n’est pas en train de visionner une nouvelle comédie dramatique imaginée par l’équipe de Don’t Look Up: Déni cosmique.

Pourtant… Après s’être pincé pour comprendre qu’on ne rêve pas et qu’on est bien dans la réalité, on peut légitimement se poser des questions sur le concept de ce massacre qui semble répondre à la maxime: «Quand il n’y en a plus, on en jette encore.» On le sait, on le ressent chaque année plus fort, victimes du dérèglement climatique, les glaciers se réduisent comme peau de chagrin dans nos Alpes à mesure que les déserts avancent en Afrique. Mais cela ne semble pas suffire. Tant qu’à y être déjà en plein, autant foncer encore plus rapidement dans le mur.

Tension anxiogène

Pour un peu, les canons à neige passeraient presque pour des anges du climat. Faisant fi de l’inexorable fonte des glaciers, le sillon se creuse pour permettre à la compétition internationale de faire comme si de rien n’était. Impossible de ne pas songer aux spectrales bâches géotextiles qui couvrent les glaciers comme un pansement pour limiter la casse du réchauffement climatique. Ah, la dolce vita des neoannées 20, on en redemande!

Dans cette ère régie par la tension anxiogène entre les théories du complot, le déni perfide des grandes industries, la culpabilité citoyenne au quotidien, l’invasion des punaises de lit et la haine du prochain aboutissant tristement à des conflits et des guerres telles que nous les voyons défiler sur nos écrans, on s’exaspère dans le confort de l’habitacle de nos voitures de voir des jeunes activistes se coller sur l’asphalte pour réveiller les consciences, mais on laisse tranquillement les organisateurs de la Gran Becca dézinguer un glacier. Deux poids, deux mesures, c’est ça?

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