Société
Géraldine Savary: «Faut-il encore se marier?»
Dans les salles du parlement fédéral, on discute mariage. Parce que oui, «le plus beau jour de la vie» est aussi sujet à débat politique. Le couple est-il une entité à part entière, indivisible aux yeux des fonctionnaires des impôts et de la société ou les trajectoires des êtres humains se déploient-elles indépendamment de la situation maritale? Comment réunir les destins, les ambitions, les tâches, les revenus et les rentes et, dans le même temps, exister en tant que personne, rester autonome, pouvoir survivre à la disparition ou au départ de l’être aimé?
Pendant que l’administration fiscale et le monde politique se disputent depuis un demi-siècle quant à la manière de légiférer sur les liens qui unissent les gens, le petit peuple de l’amour que nous sommes, celui qui en rêve, le trouve ou y renonce, se demande s’il faut ou non entrer en grande pompe dans l’institution du mariage. S’il faut faire ce pari insensé de s’unir pour la vie, ou du moins, pour une vie, plaire aux parents, déplaire aux amis, suivre les traditions ou les fuir à l’autre bout du monde.
Jeter le patriarcat, mais pas la robe de mariée
Lectrices, lecteurs, on vous a posé la question et vous avez été nombreuses et nombreux à participer à notre sondage; nous vous avons sollicité-e-s pour savoir de quel mariage vous êtes l’apôtre et vous nous avez raconté plein d’histoires magnifiques et touchantes. Nous vous avons même demandé de ressortir votre robe de mariée et vous avez joué le jeu, à tel point qu’à la rédaction, nous avons eu les larmes aux yeux à lire vos témoignages.
La robe blanche, la montée vers l’autel au bras du papa, les enterrements de vie de jeunes filles sont-elles des traditions dépassées, voire conservatrices? Oui, bien sûr. Et encore, à ma connaissance, les contemporains de l’époux n’arrachent plus la jarretière de l’épouse avec les dents. On sait aussi que les liens du mariage poussent, autant si ce n’est plus que l’arrivée des enfants, les femmes à réduire leur temps de travail.
Mais ce qu’il faut jeter, ce n’est pas la robe, c’est le patriarcat. Nous avons besoin de rites de passage, de serments lancés à l’autre et au monde, d’albums à feuilleter. J’ai fait ça récemment et je suis retombée sur le sourire des ami-e-s, sur les visages émus de la famille, sur la silhouette d’un oncle aimé et aujourd’hui disparu.
Retrouvez cet édito dans le magazine «Femina» du 5 mai 2024.
Vous avez aimé ce contenu? Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir tous nos nouveaux articles!