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Fête des mères: La rédaction vous partage ses souvenirs

La redaction vous partage ses souvenirs de la fete des meres

Bricolages, pâte de sel, roses et poèmes... À l'occasion du 14 mai 2023, cinq membres de l'équipe Femina vous racontent des anecdotes émouvantes.

© GETTY IMAGES/BO ZAUNDERS

La jeune maman à la perle

Nicolas Poinsot, journaliste

Maman, pardonne-moi d’avoir hacké la déco du salon avec certaines de mes créations de Fête des mères artistiquement approximatives, qui ressemblaient parfois plus à des rebuts de déchetterie qu’à des cadeaux au sens noble du terme. Comme ce cendrier – tu n’as jamais fumé – fait d’un cul de bouteille plastique découpé, aux rebords ciselés façon créneaux de château, le tout nappé d’une mixture en poudre colorée qui s’effritait. Ou comme ce bougeoir en pâte à sel pas super vertical, flanqué de pastilles géométriques, qu’il aurait été irresponsable de coiffer d’une bougie allumée.

Par chance, au milieu de cette famille Addams de présents, tous disparus mystérieusement au fil des années – victimes d’accidents, sans doute – il y a quelques réussites.

Dont ce collier fait de perles noires et blanches alternées, dans lequel j’avais inséré une unique perle de couleur translucide comme de l’ambre, «orange pour qu’il soit plus personnel, les autres élèves de la classe avaient tous fait pareil», te souviens-tu. Il y a aussi ce poème où je disais que tu m’avais «donné le soleil et offert la lune». Car oui, bien avant Elon Musk, les mamans mettent presque les étoiles à notre portée.

La rose de mon frère

Julien Pidoux, journaliste

Bon, à la base, je n’aime pas trop l’esprit parfois hortico-mercantile de la Fête des mères (comme de la Saint-Valentin), mais je me fais un devoir, chaque année, de célébrer ma maman. D’une manière un peu particulière, depuis 2007 précisément, je vous explique: mon petit frère avait l’habitude d’offrir une seule et unique fleur à ma mère – parfois achetée, mais souvent «cueillie» dans un jardin ou une plate-bande voisine – lors de cette journée. C’était vraiment, peut-on dire, sa signature.

Mais voilà: depuis 2007, il n’est plus de ce monde. Et, évidemment, ce jour-là peut-être encore un tout petit peu plus qu’un autre, son absence pèse sur notre mère à tous les deux. Alors quand je passe chez le ou la fleuriste, je prends toujours un petit bouquet, de ma part, et une fleur seule, de la part de mon frère.

Des larmes et de la pâte à sel

Fabienne Rosset, journaliste

Lorsque j’ai annoncé à mon fils de 10 ans au petit-déjeuner que je pensais sérieusement à «faire du tri» dans les bricolages ramenés de l’école, entre la maquette de château fort en 3D et le panda géant en papier mâché, il a tiqué. «Même ceux de la Fête des mères?» m’a-t-il rétorqué la tête sur son bol de lait et la larme à l’œil. Forcément, j’ai dit non. Même si je me réjouissais tant de pouvoir (enfin) faire de la place, me disant qu’il était assez grand pour comprendre.

Je n’ai pu citer qu’un seul de ses bricolages de la Fête des mères, penaude que j’étais d’en avoir discrètement évacué certains. «Même le pendentif en pâte à sel que tu n’as jamais porté?» Là, ma honte était totale. Et oui, je n’ai jamais arboré ce bijou violet de 5 cm de diamètre gravé de deux cœurs. Je lui ai montré illico sa place de choix sur ma table de nuit, entre autres gris-gris protecteurs. Mais vu la couche de poussière, je crois avoir perdu toute crédibilité. Pas sûre que j’aurai droit à mon cadeau, ce 14 mai 2023, ingrate maman que je suis.

Des horreurs mais surtout du bonheur!

Saskia Galitch, journaliste

Mes chéries, mes trésors,
Entre autres bonheurs, je vous dois le plus surréaliste et délirant Musée des horreurs de la Terre. De l’univers, même. Parmi ses pièces maîtresses, un calendrier perpétuel collé sur une espèce de chose informe et rougeâtre en pâte à sel, des sets de table décorés (des fleurs, des cœurs ou de simples taches de couleur?), des coussins à aiguilles «cousus» et délicatement (!) brodés au point de croix ou encore une lampe-cep de vigne littéralement cimentée à une bouteille de vin (vide, malheureusement!).

Bref, au fil de votre scolarité, vous m’avez permis d’enrichir une collection unique de créations que même l’Art Brut m’envie.

Cela dit, si ce catalogue est hilarant (il vous fait aussi rire, aujourd’hui!), il est surtout débordant d’amour. Et ça, pour une maman, ça l’emporte sur tout. Alors simplement… MERCI!

Un bouquet pour Vichy?

Géraldine Savary, rédactrice en chef

Dans les milieux de gauche un peu urbains, il est de bon ton de dire, «ah non, je ne fête pas la Fête des mères, l’idée vient de Pétain, c’est un truc réactionnaire, les femmes ne sont pas que des ovaires, mais des êtres à part entière». Silencieusement, je pensais, oui mais quand même, un petit bouquet de muguet ne constitue pas non plus un soutien au gouvernement de Vichy.

Heureusement, l’école publique fait fi de ces postures et, grâce à des institutrices motivées, j’ai eu aussi les larmes aux yeux en découvrant les bricolages maladroits de mes filles et le poème qui dit «maman tu es plus belle que le soleil et la lune».

Puis les années passent, comme l’enfance, les bricolages restent dans l’armoire, on les ressort parfois pour rigoler (mais pas trop, sinon les filles se vexent). Maintenant elles cassent leur crousille pour m’offrir de jolis stylos pour écrire des éditos, des bouteilles de champagne ou des masques de soin pour peau dévitalisée, comme quoi l’image de la maman évolue dans le temps. Et cette année? Une boîte à souvenirs pour retenir l’écho de leurs rires et de leurs babillages.

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