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#FemmeFemina: Marie Tabarly, l’Amazone des océans

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Marie Tabarly a deux passions, les chevaux et la navigation.

© Juerg Kaufmann

Un regard un brin sauvage, une crinière bouclée en cascade dans le dos, de longues créoles, une peau métissée qu’elle doit à sa mère Jacqueline, originaire de la Martinique, Marie Tabarly impressionne dès son apparition. Ses épaules carrées lui donnent une allure un peu garçonne, sa poignée de main est authentique. Elle porte des tatouages qui «racontent sa vie». Taiseuse et observatrice, elle se définit aussi comme contemplative. On a envie de partager son vécu, ses souvenirs, ses attentes; d’autant qu’elle monte un grand projet qui la mènera autour du monde. Pendant quatre ans, dès le printemps 2018, elle sillonnera les océans pour «reconnecter les hommes et les femmes avec leur nature, humaine et terrestre», grâce au tournage d’une série documentaire soutenue par d’illustres parrains: le prince Albert de Monaco, le ministre français de l’Ecologie Nicolas Hulot et le cinéaste Jacques Perrin. «The Elemen’Terre Project est ma huitième vie», s’enthousiasme cette jeune femme à l’âme conquérante. Une nouvelle page à tourner pour celle qui avoue être guidée par la curiosité et ses envies. A l’aube de ses 33 ans – elle les fêtera le 2 août 2017 – Marie Tabarly a déjà broché de nombreux chapitres à son livre de vie.

Or, on sent qu’il faudra l’apprivoiser pour qu’elle s’épanche… ne rien lui prendre contre son gré. Parce que ça, elle l’a déjà enduré quand son père, le fameux navigateur Eric Tabarly, double vainqueur de la Transat anglaise en solitaire en 1964 et en 1976, a disparu en mer d’Irlande en 1998, à 66 ans. Elle avait 14 ans, une complicité unique avec lui. Les années qui ont suivi, elle a souffert qu’on ne l’envisage que comme la «fille de», qu’on la sollicite pour qu’elle ressasse ses souvenirs. Elle ne renie rien, mais elle a besoin d’exister pour elle-même, forte de cet héritage, certes, mais aussi de ses propres passions. «N’être considérée que comme «la fille de», c’est n’être rien. The Elemen’Terre Project, est le fruit de mon travail. Je suis aussi Marie», dit-elle, farouche et touchante. «De mon père, j’ai hérité la force, mais aussi la loyauté et la fidélité. Quand il avait un objectif, rien ne l’en détournait. Comme lui, j’ai le goût du dépassement, mais je prends des risques calculés.»

Une maison, c’est trop statique. Je préfère le voyage.

A cheval à 3 ans

Elle trouve la première grande inspiration de sa vie dans le cheval, symbole de cette liberté qu’elle chérit tant. «Enfant, j’ai vécu entre la mer, la terre de Bretagne – à Bénodet, près de Quimper, où je vis toujours – et la montagne, à Chamonix. J’ai rencontré mon premier animal à 3 ans et demi. Aucun cheval n’entre dans votre vie par hasard. J’ai senti que je voulais en faire mon métier.» Après le bac, elle suit une formation au haras de la Cense, à Rambouillet, avec une année dans le Montana (USA). A 25 ans, son papier de monitrice instructrice en poche, elle travaille comme comportementaliste et soigne les équidés difficiles. «Mon travail consiste à réapprendre au cheval la confiance en l’humain. Cela demande écoute et patience», précise celle qui en possède deux en Bretagne: «Avec ‘Wally’ et ‘Springloaded’, nous menons une vraie vie de copains, en plein air. Je ne pourrais jamais avoir un poisson dans un bocal ou un oiseau en cage. Je ne peux concevoir qu’on prive un animal de sa liberté.»

Une publication partagée par @marietabarly le

La rude école avec Kersauson

À 19 ans, l’appel du large la rattrape. «J’ai toujours mené de front l’équitation et la voile. Le cheval c’est moi, mais le bateau, c’est mon père. C’était inscrit dans mes gènes: j’y suis pratiquement née et il m’a beaucoup emmenée. A 19 ans, j’ai voulu aller voir le milieu de la course au large de plus près. J’ai commencé à naviguer en tant qu’équipière et préparatrice sur les 60’ ORMA pour devenir skipper. Mais j’ai dû faire mes preuves à la dure pour être acceptée. Personne ne m’a fait de cadeaux.» Olivier de Kersauson, équipier d’Eric Tabarly, la prend à l’essai en 2004 sur «Geronimo», son maxi-trimaran de 33 m de long. Elle met les mains dans le cambouis: «Il m’en a fait voir de toutes les couleurs. Tout était pour ma gueule. Mais il m’a élevée comme un père.» Maintenant, instigatrice et productrice d’une série documentaire, Marie Tabarly continue de façonner son propre parcours. C’est à bord de «Pen Duick VI», le monocoque légendaire de son père, qu’elle emmènera un sportif et un artiste à chaque étape de The Elemen’Terre Project. «Ce bateau, c’est comme un membre de ma famille. Il me parle, m’inspire et me fait vivre.»

«Sinon, je puise chez beaucoup de gens, tels Bartabas, Kersauson, Mike Horn», confie-t-elle. «C’est ce dernier que j’ai accompagné en 2011 sur l’expédition Pangaea, dont j’encadrais la partie équestre et qui a été l’un des déclencheurs de The Elemen’Terre Project. Je l’ai rencontré lors d’une soirée à Monaco. Comme je lui disais avoir dévoré tous ses livres et que j’étais comportementaliste équin, il m’a rétorqué: «Tu veux venir avec moi en Mongolie?» Je l’ai pris au mot. Quand on aime la vie de Robinson, on est à fond branché sur Mike Horn. Moi, j’aime vivre dans mon camion, avec lequel je me déplace partout, et sur mon bateau. Une maison, c’est trop statique. Je préfère le voyage.»

Ce qui la dope Tout ce qui me rend heureuse, comme le sport et le voyage, se réveiller le matin. Vivre l’instant présent.

Son don inattendu Je dirais que j’ai une grande force. J’ai de super épaules, merci papa! Et je suis grande, merci maman!

Sur sa shamelist Rien… Je n’ai pas vraiment de honte. J’aime mes défauts, ils me permettent d’avancer et de me construire.

Son dernier fou rire Avec ma chargée de projet pour The Elemen’Terre Project. Parfois on fait des bourdes et alors on part en fou rire!

Son buzz L’incendie meurtrier qui a ravagé la tour Grenfell le 14 juin 2017 à Londres. Cela m’a bouleversée de penser à tous ces gens pris dans les flammes, c’est une tragédie. Je suis branchée actualités mais plutôt concernant les sujets où je peux faire quelque chose, comme la faune marine et terrestre.


©AFP Photo/Daniel Leal-Olivas

Sa news Femme La championne de tennis américaine Serena Williams, qui attend son premier enfant pour l’automne. Elle a un physique impressionnant, pas facile à assumer face au regard des autres. Elle est arrivée parce qu’elle a beaucoup de technique. J’aime sa rage, sa hargne: elle est fière de sa culture.


©Getty Images

Son actu Une série documentaire, The Elemen’Terre Project, qui a pour but de découvrir la nature «humaine et terrestre» par le voyage en bateau, l’art et les sports en milieu naturel. En mars 2018, elle partira donc pour un tour du monde sur le «Pen Duick VI», le bateau de son père Éric Tabarly. À chaque épisode, elle emmènera à son bord un sportif et un artiste.


©Carlo Borlenghi

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