Politique
#FeminaOpinion: Une retraite à 65 ans pour les femmes. Sérieusement?
«On ne lâche rien». Le mot d’ordre des collectifs suite à la grève des femmes du 14 juin 2019 résonne plus que jamais. Car moins d’un mois après la plus grande manifestation sociale qu’ait connue la Suisse, nos politiciens ont jugé qu’il s’agissait d’un instant propice pour annoncer une retraite des femmes à 65 ans (aujourd’hui, l’âge est fixé à 64 ans pour les femmes, 65 pour les hommes).
Le travail et l'oppression avant tout
Pour faire passer la pilule, Alain Berset, ministre de l’Intérieur, a mis en avant les «mesures compensatoires» destinées aux bas salaires. «Des taux plus bas, variables selon le niveau de revenu, seront appliqués aux femmes qui voudront arrêter de travailler avant 65 ans», détaille «Le Temps». Pire: le projet nommé «AVS 21» «prévoit aussi de flexibiliser la fin de la vie active entre 62 et 70 ans et vise à encourager la poursuite d’une activité professionnelle au-delà de l’âge légal de 65 ans». Une vie après le travail? So 2018!
En conférence de presse le mercredi 3 juillet 2019, Alain Berset a précisé:
Traduction: «Eh les meufs, vous voulez l’égalité? Prenez votre retraite en même temps que nous.» Sauf que… NON! Les commentaires qui pleuvent sur la page Facebook de la Grève des femmes démontrent à quel point le Conseil fédéral semble totalement déconnecté de la réalité. «Les femmes, souvent dès 60 ans, sont toujours en emploi, gardent leurs petits-enfants et s’occupent de leurs parents et beaux-parents âgés, assurent l’intendance au foyer, note Myriam. À part leur salaire professionnel, aucune rémunération pour toutes les autres activités. Cela ne suffit donc pas, à vouloir en tirer profit, jusqu’à l’épuisement total?»
Pendant ce temps là, les discriminations s'accumulent...
Taxes roses, primes d’assurance maladie surévaluées, inégalités salariales, plafonds de verre qui empêchent d’accéder à des postes à responsabilité, rentes vieillesse minimes, charge mentale, problèmes de garde d’enfants… Les discriminations subies par les femmes dans notre pays sont loin d’être de l’histoire ancienne. À la place d’écouter les revendications de celles et ceux qui sont descendus dans la rue, nos politiciens préfèrent les ignorer purement et simplement, se focalisant sur les caisses «presque vides» du premier pilier. «C’est une honte de la part de nos politiques qui ont tout à coup besoin des femmes pour nettoyer les erreurs qu’ils ont commises», s’insurge Clio, une autre internaute.
Alors que l’on se bat pour une société égalitaire, qui prône une meilleure répartition entre les temps de vie et de travail, le Conseil fédéral semble bien décidé à nous réexpédier dans les années 60 (on n’avait pas le droit de vote, le bon vieux temps…) C’était sans compter sur notre détermination, dopée par la mobilisation du 14 juin. Désolées Alain, mais on ne lâchera rien.
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