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Élections fédérales 2023: La relève politique entre en scène

Elections federales 2023 la releve politique entre en scene

Nous avons discuté écologie, égalité, ambitions et positionnements politiques avec six jeunes Romand-e-s qui espèrent rejoindre le Parlement cet automne.

© BRIGITTE BESSON/LAURENT GUIRAUD/MARINA KONIG

«J’espère inspirer les jeunes à donner leur avis»

Nadine Zmoos, UDC/JU, de Montsevelier, née en 2003, employée de commerce en assurance

Élections fédérales 2023 La relève politique entre en scène
© ROBERT SIEGENTHALER

Nadine Zmoos mène une vraie «vie de Heidi», dit-elle avec le sourire. Elle a grandi dans une ferme des montagnes jurassiennes et pratique l’accordéon et le yodel au sein du groupe de musique traditionnelle que compose sa fratrie. Âgée d’à peine 20 ans, elle fait ses premiers pas en politique en 2023 sous la bannière de l’UDC, dans le groupe Jeunes, sur les traces de son père. «Il m’a insufflé le goût du débat et m’a appris à défendre mes idées, confie la jeune femme, admirative devant le parcours de cet élu local. Mais ce sont les deux votations populaires de 2021 relatives à l’agriculture qui ont fait office d’électrochoc et m’ont poussée à m’engager. J’ai commencé par défendre le milieu agricole en story sur Instagram, puis à m’intéresser aux dessous de la politique.»

La Jurassienne regrette que de nombreux jeunes aient la critique facile mais ne s’engagent pas pour faire changer les choses, de peur qu’on ne les écoute pas. «Quel dommage!»

«Dès que je me suis rendue aux assemblées de l’UDC, j’ai été soutenue. Avec ma candidature au National, certes ambitieuse, j’espère inspirer les jeunes, montrer qu’il est possible de donner son avis et que voter est important.»

Son sujet de prédilection? L’agriculture, évidemment, sur fond de conscience écologique, mais également la migration. «Je suis très attachée à la défense des paysages et de la population, à la Suisse de mon enfance, explique Nadine Zmoos. J’aimerais préserver le plus possible notre pays que j’estime idéal.»

«Il faut être privilégiée pour assumer un mandat politique aux côtés d’une vie de famille»

Sarah Constantin, PS/VS, de Nendaz, née en 1991, conseillère communale, députée et cheffe du groupe socialiste au Grand Conseil

Élections fédérales 2023 La relève politique entre en scène
© DR

Après une première candidature aux fédérales de 2015, Sarah Constantin est de retour sur la liste socialiste, pourvue d’un bagage bien étoffé. Féministe un peu provoc, elle défend l’égalité depuis dix ans déjà sur le front politique. «J’ai toujours eu des idées de gauche, mais mon engagement ne me semblait pas urgent, jusqu’au jour où l’UDC Oskar Freysinger a été élu au conseil d’État, en 2013. J’ai contacté la Jeunesse socialiste le jour même, se souvient Sarah. En politique, il faut beaucoup se battre, cependant. J’ai dû jouer des coudes, même si j’ai été bien accueillie au PS à mes débuts, qui pousse les femmes autant que les hommes, contrairement à d’autres partis.»

«J’ai planifié mon engagement comme une carrière professionnelle: on me reproche d’ailleurs d’être ambitieuse. Mais ma maman m’a toujours dit que l’ambition est une forme de respect envers soi-même. Si rêver à une société plus égalitaire et plus solidaire est de l’ambition, alors j’assume d’être ambitieuse!»

De l’ambition, il en faudra à Sarah Constantin, puisqu’une élection signifierait prendre la place d’un homme. Et le Valais est mauvais élève en matière de représentation féminine: huit hommes à la Chambre du peuple pour huit sièges. «Ce canton souffre d’un manque de volonté pour élire des femmes, regrette Sarah. Le problème de fond? Le patriarcat: il faut être privilégiée pour assumer un mandat aux côtés d’une vie de famille, soupire cette mère de deux enfants ayant sacrifié son métier d’enseignante pour concilier obligations politiques et privées. Le seul loisir que je m’octroie désormais, c’est m’occuper de mes ruches.» La Valaisanne se dit particulièrement touchée par les problématiques des régions de montagne, notamment la mobilité et l’aménagement du territoire. Elle s’engage également pour les droits des femmes en général, le congé parental ou encore la LPP payée au premier franc pour toute personne travaillant en Suisse.

«L’idée que mes enfants grandissent sur une planète dévastée m’angoisse énormément»

Diane Barbier-Mueller, PLR/GE, de Thônex, née en 1990, administratrice d’une régie immobilière familiale et députée au Grand Conseil

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© LAURENT GUIRAUD

Comme une poignée de politiciennes avant elle, Diane Barbier-Mueller a défrayé la chronique lorsque, en février, elle s’est rendue au Parlement genevois avec son bébé. Un acte qui fait toujours parler en 2023. «Politiser ainsi mon enfant est contre mes principes, mais j’étais en colère, je voulais visibiliser une inégalité: étant en congé maternité, je n’avais pas le droit de siéger, alors que les hommes n’ont pas ce problème. Or mon mandat politique me tient à cœur et ne me demande pas la même implication que mon travail à 100%, pourtant, l’assurance ne le comprend pas ainsi», explique cette élue surprise au Grand Conseil (en 2018).

Femme de droite et féministe («oui, c’est possible!»), Diane Barbier-Mueller se définit comme une «vraie modérée», prête à trouver des compromis. «Je suis une PLR, mais pas ultralibérale. Je n’aime pas les étiquettes, j’essaie au contraire de casser les codes.» Écologiste, aussi, parce que «l’idée que mes enfants grandissent sur une planète dévastée m’angoisse énormément», Diane est convaincue que la protection du climat dépasse les rivalités politiques. «Je suis plutôt pour l’incitation que les contraintes», précise-t-elle. Elle défend également un congé paternité plus long, afin que les pères s’investissent davantage dans l’éducation des enfants et la vie familiale.

«Au parlement, j’aimerais porter plus loin l’initiative des femmes PLR contre la pénalisation des couples mariés, poursuit la Genevoise, et j’envisage la défiscalisation des retraites versées, une meilleure solution selon moi que d’augmenter les versements de la Confédération.»

«La nouvelle génération doit entrer en politique, c’est de notre avenir qu’on débat»

Carole Baschung, Le Centre/FR, de Morat, née en 1987, responsable d’équipe dans une banque et députée au Grand Conseil

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© MARINA-KONIG

Carole Baschung a l’envie de bouger. Cette sportive passionnée, présidente du club TV Murten Volleyball depuis dix ans, s’est d’ailleurs engagée en politique par le biais de la commission du sport de Morat, en 2016. «Si la politique m’a toujours intéressée, je n’avais jamais pensé m’engager. Mais, lorsque j’ai constaté que mes idées étaient entendues et que j’avais les capacités de changer les choses, ça m’a motivée», se souvient la Fribourgeoise. En 2021, elle est élue au Conseil général, puis au Grand Conseil. «Je regrette de ne pas avoir commencé plus tôt, confie Carole. Alors, dans mon club de sport, je pousse les juniors à s’intéresser aux votations. La nouvelle génération doit entrer en politique, c’est de notre avenir qu’on débat. On a la chance de vivre dans une démocratie qui fonctionne, mais regardez la guerre en Ukraine. Un système en bonne santé n’est pas évident, et il est dangereux de le prendre pour acquis.»

Particulièrement engagée pour une économie prospère et socialement équitable, cette banquière veut se battre pour un avenir durable – «je suis à l’écoute des écologistes, car on doit prendre soin de l’environnement!» – grâce à un approvisionnement énergétique local et suffisant. Elle est surtout spécialiste des questions de prévoyance.

«Quand je vois le nombre de personnes qui n’ont pas de 3e pilier… Il faut absolument trouver des solutions pour assainir l’AVS et octroyer des rentes complètes aux couples mariés.»

«Et épauler les crèches! Dans mon activité professionnelle, je vois que les structures d’accueil ont besoin d’aide. Primordiales, elles permettent de soutenir des modèles familiaux plus égalitaires.»

«Les personnes TIQ+ ne sont pas représentées au parlement»

Marius Diserens, Les Vert·e·s/VD, de Nyon, né en 1996, chargé de projet à l’unité santé et genre à UniSanté et conseiller communal

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© BRIGITTE BESSON

Marius Diserens a toujours dû créer sa place, dans son quotidien comme en politique. Membre des Vert·e·s «parce que la justice sociale sera climatique, et inversement», il s’est engagé pour insuffler respect et congruence en politique, des valeurs d’après lui trop peu représentées. Le positionnement et le charisme du premier élu queer de Suisse romande, dont l’expression de genre s’écarte de la «norme masculine», ont séduit son parti, puisqu’il a été placé en deuxième position sur la liste vaudoise du National (sans compter les sortants).

«Les personnes TIQ+ (ndlr: trans, intersexes, queers) ne sont pas représentées au parlement pour des raisons économiques, financières, politiques, parce que l’investissement est chronophage et la violence encore plus forte dans l’arène politique. À Berne, nos droits sont discutés sans nous. Je ne représente pas des communautés, mais des valeurs auxquelles des personnes marginalisées peuvent adhérer», précise le Vaudois. En tant que personnalité queer, Marius Diserens subit des vagues de harcèlement.

«Si je suis élu au Conseil national, je sais que la violence s’intensifiera. On n’est jamais vraiment prêt à la haine, mais j’ai désormais de bons outils pour y faire face.»

Ses dossiers de prédilection sont les questions climatiques, dans une perspective intersectionnelle et inclusive, l’élaboration de lois qui reconnaissent les réalités des populations marginalisées et des minorités, l’introduction d’un troisième sexe à l’état civil, mais aussi une politique d’asile plus humaine et une ouverture sur l’Europe, «parce que le dérèglement climatique ne connaît pas de frontières».

«Une gestion plus durable de nos ressources est la clé d’une économie responsable, innovante et créatrice d’emploi»

Aliénor Zaffalon, PVL/NE, de La Chaux-de-Fonds, née en 1990, architecte et conseillère générale

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© PATRICE SCHREYER

Aliénor Zaffalon décroche son téléphone depuis La Chaux-de-Fonds, où une terrible tempête a causé de nombreux dégâts quelques jours avant notre échange. Malgré son émotion, la Vert’libérale laisse momentanément le drame entre parenthèses pour discuter quelques minutes de son engagement politique. «Je suis architecte diplômée de l’EPFL et j’ai fondé mon bureau il y a deux ans. Grâce à mon métier, j’ai été sensibilisée aux questions des énergies renouvelables et à l’aménagement du territoire, raconte-t-elle. J’ai rencontré quelques membres des Vert’libéraux en 2020, année de fondation de la section des Montagnes, et j’ai décidé de les rejoindre.» Puis tout est allé très vite: suppléante, puis nommée conseillère générale en 2022, la trentenaire a tâtonné à ses débuts dans l’arène politique, puisque son parti était nouveau venu au Législatif.

«Étant une personne réservée, ça a été un effort de prendre la parole en public. J’ai dû apprendre à défendre mes opinions.»

Plus à l’aise aujourd’hui, curieuse d’enrichir son expérience politique et fière de représenter les intérêts des femmes, la Neuchâteloise est motivée à défendre ses convictions au niveau fédéral, au sein de la liste Jeunes de son parti. «J’aimerais m’engager pour l’accélération du déploiement des énergies renouvelables en adéquation avec le patrimoine. Une gestion plus durable de nos ressources est la clé d’une économie responsable, innovante et créatrice d’emploi.» Si Aliénor Zaffalon est convaincue que la rue, les milieux professionnels et associatifs engagés dans les luttes climatiques peuvent faire bouger les lignes, elle a choisi, elle, d’offrir sa force de combat à la politique.


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