famille
Comment éduquer son fils pour qu’il ne vire pas «sale porc»?
Commencer très tôt
«A 11-12 ans, les enfants sont déjà confrontés quotidiennement à des images choquantes, constate Eva Meier-Christe, éducatrice travaillant avec des ados et pré-ados. Il est préférable d’anticiper cela et de parler des vidéos qui circulent au sein des préaux. Car le statut de la femme, toujours dominée dans ces dernières, peut être considéré comme normal par les enfants si on n’évoque pas le sujet avec eux. Il faut dialoguer pour éviter qu’ils ne soient instrumentalisés par ce qu’ils voient.»
Changer de références culturelles
Plonger nos têtes blondes dans l’univers de «La Belle au bois dormant», «Blanche-Neige» ou «La Belle et la Bête»? Pas une si bonne idée que ça… «La culture du viol est omniprésente dans notre société, relève Regula Bühlmann, responsable du dossier égalité des sexes auprès de l’Union syndicale suisse. Enormément de films et d’histoires se déroulent selon le même schéma: les hommes, forts, prennent ce qu’ils désirent et les femmes, victimes, refusent avant de finir par aimer leur agresseur. Il est primordial de proposer d’autres modèles féminins à nos enfants, des histoires de femmes courageuses qui prennent leur destin en main. Et des hommes qui les respectent.»
Agir au quotidien
Entendre: «Mate un peu son décolleté!» ou «Trop bonne la nouvelle!» sortir de la bouche de son fils, ou le voir publier de telles remarques sexistes sur les réseaux sociaux devrait immédiatement susciter une réaction de la part des parents. «La bonne démarche: le questionner, lui demander s’il trouve ça respectueux, note Eva Meier-Christe. Et lui expliquer que cela nous touche en tant que femme, que ses paroles sont graves.» Comme en témoigne Melinda Gates, l’épouse de Bill, au sujet de l’éducation de leur fils Rory:
Débattre de l’actu
Occulter un sujet qui interpelle son enfant revient à l’entourer d’un tabou. «Alors qu’au contraire, ouvrir la discussion permet d’aborder des thématiques qui le touchent, souligne Aurélia Kohler, éducatrice sociale auprès d’enfants de 8 à 16 ans. L’affaire Weinstein est un bon exemple, car les jeunes s’identifient aux stars, aux acteurs de cinéma. C’est une clé pour aller plus loin dans le débat et les confronter aux cas de harcèlement qu’ils peuvent, eux aussi, rencontrer. Par contre, si l’on ne se sent pas à l’aise avec certaines conversations, il ne faut pas hésiter à s’approcher de professionnels et à demander des informations pour aborder ces dernières en toute connaissance de cause.»
Rester humble
En tant que parent, on a parfois tendance à se la jouer gardien de la morale. Pourtant, il n’y a rien de tel pour braquer son ado: «Tout ce qu’on sanctionne devient attrayant, remarque Philippe Stephan, pédopsychiatre au CHUV. Il ne faudrait pas éduquer contre mais pour quelque chose. Il serait vraiment contre-productif de répéter inlassablement à son fils: 'J’espère que tu ne seras pas un harceleur'. Parler de respect et de consentement, lui apprendre à apprivoiser sa part d’agressivité et lui enseigner que son désir ne prime pas sur celui des autres est bien plus enrichissant.»
Ne pas oublier les filles
«Dans le débat actuel, on a parfois tendance à stigmatiser les garçons, regrette Aurélia Kohler. Le respect, pourtant, doit aller dans les deux sens.» Suite à l’affaire Weinstein, de nombreux tweets se désolaient du fait qu’il soit plus facile d’élever une fille, de lui dire: «Bats-toi pour tes droits!» qu’un garçon auquel on doit asséner: «Ne viole pas! Ne harcèle pas!» «Il y a un travail à faire dans tous les cas, poursuit la spécialiste. Et cela n’est pas plus simple pour un sexe que pour l’autre.
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