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14 juin 2019, le jour où les femmes feront à nouveau grève pour l’égalité
Ce n’est pas la première fois que les Suissesses feront grève pour leurs droits. Une manifestation de ce type a eu lieu le 14 juin 1991. Et 28 ans après, il est temps de remettre le couvert. Car les femmes souffrent toujours de discriminations: inégalités salariales, harcèlement, charge mentale…
Lors d’un #CaféFemina, nous avons rencontré Michela Bovolenta et Clémence Demay. La première est secrétaire centrale du Syndicat des services publics du canton de Vaud, la seconde est doctorante à l’Université de Lausanne. Toutes deux sont membres du collectif organisant la grève féministe du 14 juin 2019.
Trois questions à Clémence et Michela
FEMINA Être féministe en 2019, qu’est-ce que cela signifie?
Clémence Demay Toujours remettre sur le tapis les questions d’égalité, lutter très fortement contre l’idée reçue que tout est acquis, car on est loin du compte. Des générations de femmes se sont longtemps battues pour promouvoir des modèles, démontrer qu’elles pouvaient être actives dans tous les secteurs, participer à la vie publique. Au-delà de ça, on lutte aussi contre les injonctions de toutes sortes: il faut arrêter d’avoir un modèle de la femme, intégrer qu’il y a des distinctions: on est plurielles, on est différentes.
Que peut-on faire concrètement pour lutter contre les inégalités?
Michela Bovolenta La première chose, c’est de rendre visible ces inégalités, car on tend vraiment à les invisibiliser. Tout le travail bénévole que les femmes font dans le cadre du travail domestique, avec les enfants, la prise en charge des personnes âgées et malades ne se voit pas: elles le font gratuitement. Par contre, cela a des conséquences sur nos vies, nos salaires, nos choix et nos carrières professionnelles. Et jusque dans les retraites: les femmes ont des retraites inférieures de 37% à celles touchées par les hommes.
Comment est née l’idée de la grève du 14 juin 2019?
Michela Bovolenta Elle vient du constat que l’égalité n’avance pas. On se bat depuis longtemps pour les droits des femmes, mais on est dans une période où ces questions stagnent, voire même où le sexisme reprend du poil de la bête.
Clémence Demay Il y a également un réel besoin de briser l’isolement des femmes, de se mettre ensemble pour revendiquer une voix et être visibles. Pour l’instant, porter des revendications féministes reste encore un stigma. Il faut pouvoir le dire, porter ces sujets sans être stigmatisée pour le faire ni subir un backlash pour ces combats. Avec les comités locaux, l’idée est vraiment de faire une grève décentralisée avec des groupes qui répondent aux besoins des différentes femmes qui ont envie de participer. Le but n’est vraiment pas d’imposer un modèle.
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