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J'ai testé pour vous: une semaine de jeûne détox

Le journal de mon jeûne

Une des promenades quotidiennes avec vue sur Val-d’Illiez.

© DR

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On ne se lance pas dans un jeûne sans préparation. Le centre Interlude Bien-être, qui s’apprête à me recevoir, m’envoie un document pour préparer mon corps une semaine avant. Première étape: supprimer tout ce qui n'est pas fruit ou légume. À moi soupe à la courge, pommes, bananes, mandarines, légumes vapeur, etc. Dur. Mais je suis décidée et enthousiaste.

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Je bois ce matin mon dernier café. Je commence à saturer de végétaux mais bon, je m'encourage. Je me sens déjà un peu plus légère, c'est assez agréable. Je ne ressens pas trop la faim, je peux encore manger tous les fruits et légumes que je veux et je ne me prive pas. J’ai à la fois envie de stocker de l'énergie en vue de ce qui m'attend et d’habituer progressivement mon corps au manque de nourriture. Tout à coup, cesser complètement de manger me paraît insensé! Je renforce ma résolution, persuadée du caractère bénéfique de ma démarche.

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Je me fais un jus citron-miel-gingembre pour remplacer le café. C'est bon, mais pas suffisant comme succédané: je tremble, souffre d’un fort mal de crâne, me sens flagada avec une envie terrible de me recoucher. En plus, je n'ai pas le moral et mes démons en profitent pour venir me hanter. Je me sens nulle, seule et sans intérêt. C'est bien le moment! Est-ce un effet du régime fruits-légumes? Ou celui du stress inévitable au seuil d'une telle expérience? Une grosse journée m'attend au boulot. Je m'arme de courage et de volonté (non je ne renoncerai pas) et j'y vais.

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Premier constat positif: les désagréments dus à ma vie sédentaire commencent à disparaître: adieu insomnies et constipation, je dors comme un bébé et mon ventre se porte à merveille. En plus, en me pesant je constate la perte d'un bon kilo. Ce qui ne manque pas de m’inquiéter, d’ailleurs, car si je maigris avant même le jeûne, moi qui ne suis pas grosse, que va-t-il me rester? Comme tout le monde, j’ai un poids idéal bien en-dessous de mon poids actuel et serais contente de l'atteindre, mais ce n'est pas le but de l’opération. Mon objectif est plutôt la détox, la santé, le bien-être.

Second constat: ce matin, le jus citron-gingembre passe mieux. J'ai moins mal à la tête, même si je me sens encore fébrile. Heureusement, ma semaine de travail étant terminée, je peux me reposer. Je mets de côté la tentation des idées noires, essaie de penser à la montagne, au plaisir de me trouver dès demain proche de la nature, avec d'autres personnes dans la même situation - dois-je dire galère?... Je réalise que ce jeûne va m’emmener au-delà de la simple privation de nourriture. Je vais devoir y mettre tout mon être, toutes mes forces physiques et, visiblement, mentales. Je n'ai pas peur, pourtant. Je me sais entre de bonnes mains et j'accueille cet engagement avec curiosité et enthousiasme. N'est-ce pas moi qui l’ai voulue, cette aventure?

Samedi, Jour J

On y est, c’est le départ. L'inquiétude monte: comment peut-on arrêter de s’alimenter? En attendant, je me délecte de mon jus de légumes, m'y accroche comme à une bouée de sauvetage. Pourtant, aujourd'hui, je ne sens pas la faim, le jus me suffit, c'est déjà ça. Motivée, je prends le train pour la montagne, toute heureuse de sortir de ma ville, de ma routine. Il fait beau, les cimes enneigées sont époustouflantes de beauté devant le ciel bleu.

Le chalet est incroyable. Rustique, bien sûr, comme sorti des années 1900 avec ses meubles anciens, ses objets étranges, ses tableaux de vues du Valais ou d'ailleurs, ses paravents et tapisseries florales jaunies. L'escalier, les murs sont en bois peint, le sol couvert de tapis d'Orient. L'ensemble crée une atmosphère surannée, cosy, rassurante aussi. Une fois passée l'impression d'avoir atterri chez ma grand-mère (décédée depuis 20 ans), je me dis que je serai bien, ici. Il fait bon chaud, il y a un feu dans l'âtre et nos hôtes sont très accueillants.

J'avais peur de me retrouver entourée d‘illuminé(e)s, mais tout va bien. Autour de Sophie, la naturopathe qui va s’occuper de tous nos soucis, et Louis, le responsable, il y a quatre autres participantes, des femmes uniquement. D'habitude, nous explique-t-on autour d’un bol de bouillon, le nombre de participants tourne plutôt autour des 7 ou 8, dont 70% de femmes. Nous échangeons programme, directives, expériences. Tout le monde a l'air sympa, tout va bien. Je me réjouis du lendemain et oublie ma faim.

Dimanche

Après un réveil en douceur, réunion dans le jardin d'hiver et séance de Do In, technique d’automassage d’origine japonaise. Chacune se frotte doucement le visage, les mains, les bras. Ça réchauffe et énergise. Je ressens les mouvements plus intensément que d’habitude. Comment un simple massage d'oreille peut-il donner si chaud dans tout le haut du corps? J'espère pouvoir me rappeler les gestes une fois de retour chez moi.

Place ensuite au «petit-déjeuner» dans le salon: nous dégustons un verre de jus de fruits dilué. Quel nectar, quel délice! Le goût me paraît, là aussi, beaucoup plus prononcé qu’à l’accoutumée. Sûrement parce que ce sera la seule nourriture jusqu'au bouillon du soir. Or j'ai faim, tout le temps, toute la journée, une faim énorme et dévorante, qui ne me quitte pas…

A midi, pour nous changer les idées de cette obsession, nous partons en randonnée, sous la neige.

Après le «souper» - ce fameux bouillon, donc - nous visionnons un reportage d'Arte sur le jeûne et ses bienfaits thérapeutiques. Édifiant. On y apprend qu'il était très pratiqué dans la Russie soviétique, qu'il y était devenu une institution, laquelle s'est progressivement perdue après le changement de régime politique. Actuellement, il connaît un gros succès en Allemagne, où les cliniques qui le pratiquent sont submergées de demandes.

Il est prouvé, témoignages à l'appui, qu'il peut soigner beaucoup de maux. La théorie: libéré de son travail de digestion, le corps peut se concentrer sur son auto-régénération. Jeûner pendant une semaine déclenche un processus de changement dans les gènes eux-mêmes, très archaïque. Les gènes sains supportent le manque, et même se développent, tandis que les gènes abîmés par l'usure de la vie et les maladies meurent. Du coup, je me réjouis de tester l'après-jeûne et décide d'en faire un chaque année.


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Lundi

Aujourd’hui, pour la première fois, j'ai moins faim! Juste aux heures où je prends d’habitude mes repas. J'ai la pêche, je me sens forte et légère. À midi, comme chaque jour, nous partons en randonnée. La température ne dépasse pas 2 degrés. Sans l'apport de calories pour se tenir chaud, il faut bien s’habiller. Je me réjouis, comme si la nature éveillait en moi un appel très fort. Nous marchons 2 heures et je finis sur les rotules, les membres glacés, mais tonifiés aussi. Quel bien ça fait, ce grand air!

Après une bonne pause, Caroline, une des participantes, et moi, allons au spa voisin, Les Thermes du Val-d’Illiez. Quel bonheur! Un lundi après-midi, les lieux sont presque déserts, nous profitons des jets d’eau, essayons le tilarium (mi-hammam mi-sauna) puis, voyant que tout se passe bien, le sauna, le vrai. Non, je n'ai pas le vertige, je ne ressens aucun malaise: au contraire, j'ai beaucoup d'énergie.

Mardi

Le matin au réveil, plus rien ne va. J'ai le cœur qui bat très vite, je me sens très faible et j'ai la nausée. On m'avait prévenue que le troisième jour serait le plus difficile, comme le point charnière du jeûne. J'arrive avec peine à me lever et à participer aux exercices du matin. La naturopathe me propose de respirer une huile essentielle de menthe, ce qui diminue la nausée, effectivement, mais ne m’empêche pas de rester patraque toute la journée. Malgré cela, comme j'ai besoin d'air, je participe à la randonnée du jour: 8 bons kilomètres!

Puis, rien n'étant prévu dans l'après-midi, je me repose jusqu'à l'heure du bouillon… et là, surprise : il ne provoque pas en moi l'envie avide des jours précédents ! Je n'en bois d’ailleurs que deux petits bols, et basta. Nous discutons ensuite passionnément de nourriture. La naturopathe nous apprend mille choses sur les groupes d'aliments, sur ce qu’il faut manger, sur ce qu’il vaut mieux éviter, surtout, et pourquoi. Nous évoquons les alternatives à la malbouffe, les bienfaits de tels aliments sur le corps, sur le psychisme. C’est drôle comme tout ce qui touche à la nourriture nous intéresse : nous ne parlons que de ça!

Mercredi

Ouf, je me sens mieux ! Je pense avoir passé le fameux cap. Le matin est en effet le moment le plus difficile, celui où il faut remettre la machine en route. Or je me sens l'esprit particulièrement clair. Je suis dans l'instant présent. Je me vois apprécier de plus en plus mes compagnes d'infortune, nos relations sont plus intenses et nous parlons beaucoup. Nous en oublions même l'heure du jus du matin, c'est dire! Nos discussions tournent autour de notre sujet préféré, l'alimentation, mais aussi de choses plus personnelles. Je me surprends à confier mes angoisses pour ma mère, qui arrive gentiment en fin de vie, et je ne peux me retenir de fondre en larmes. Oh là là!

La randonnée de midi me fait du bien, j'avais besoin de prendre l'air. Avec tous ces feux de cheminée, l'atmosphère du chalet peut devenir étouffante. Ça fait un bien fou de marcher dans cette splendide nature de novembre, avec ses forêts parsemées des taches jaunes des mélèzes. Je respire à grandes goulées, contente d’être loin du smog citadin.

L'après-midi, je m'offre un soin aux pierres chaudes. Sophie, la naturopathe, applique sur des endroits stratégiques de mon corps des galets chauds soit d'argile soit de pierre, censés aspirer les toxines. J’en ressors avec un sentiment de manque: encore! Le soin a déclenché en moi un fort besoin d'être touchée, manipulée, caressée. Malgré le prix, prohibitif pour mes finances, je m'inscris pour un second massage, aux huiles essentielles cette fois.

Le soir, re-discussions sur nos alimentations respectives, échanges de questions, d'idées, de recettes. Encore quelques reportages, sur la malbouffe notamment. Quelle horreur! Je sais que, dorénavant, il y a beaucoup de choses que je ne pourrai plus jamais avaler.

Jeudi

Le jeûne a pris son rythme de croisière. L’habitude est prise de vivre toutes sortes de sensations. Nous gardons chacune une écoute attentive de notre corps et partageons nos perceptions. J'ai remarqué, par exemple, deux sortes de faim différentes: la faim physique, pratiquement disparue, et puis une autre faim, mentale celle-là, qui nous pousse à penser nourriture, parler nourriture, imaginer nourriture. Nous ne salivons pas, notre estomac ne gargouille pas, mais les plats et les aliments défilent dans nos têtes et c'est comme si nous les mangions, nous en remplissions - et ils ne nous en paraissent que plus délicieux.

Autre sensation: d'un côté je me sens à vif émotionnellement, les larmes ne sont jamais loin, comme si je me déchargeais de mes fardeaux, les laissais partir - nous sommes d’ailleurs plusieurs à avoir pleuré, aussitôt réconfortées par les autres. En même temps, naît en moi une force, une détermination, une certitude de pouvoir aller de l'avant, de tenir bien droite, les pieds plantés dans le sol. Et commence à poindre la fierté, aussi: fierté d'être arrivée au bout sans craquer, d'avoir fait un grand pas pour mon bien-être, ma santé, mon futur.

Vendredi

Et voilà, c’est le dernier jour! À midi, pour rompre le jeûne, nous avons droit à un vrai repas: pommes de terre en robe des champs, carottes, tomates crues, le tout servi avec un confit d'oignons, ail, gingembre, et un peu d'huile au citron, sans sel. Un des grands moments de la semaine ! Le plus attendu, peut-être? On se lèche les babines avec gourmandise, tout en se demandant comment notre estomac va réagir… et en partageant, toujours, nos moindres sensations. Les premières fourchetées sont hésitantes, nous mâchons lentement et consciencieusement. Et soudain: wow! Les goûts explosent, chaque bouchée provoque un plaisir intense. C'est si bon!

Après le dîner, nous échangeons nos coordonnées et créons un groupe WhatsApp. Nous partageons nos photos prises lors des randonnées. Après de grandes effusions, nous nous quittons et nous préparons à réintégrer nos vies, toutes plus légères et régénérées, et munies de précieuses connaissances pour notre alimentation future.

Les jours suivants

Le lendemain matin, je me pèse: j'ai perdu 5 bons kilos sur mes 60 du départ. Le premier jour je me sens un peu faible. Mais cela va vite passer car maintenant je peux MANGER! Mais attention, doucement: il me faut emprunter les mêmes étapes qu'au départ, réhabituer mon système digestif - c'est important pour que tout se passe bien. Impossible de se jeter sur la nourriture comme une sauvage! Je m’en vais donc dévaliser le magasin de fruits et légumes, repérer les produits diététiques dont on a parlé. Je me fais une soupe de carottes à la cardamome, dont j'avais découpé la recette avant de partir et dont j'ai tant rêvé, au cours de la semaine! Dès le deuxième jour, je peux rajouter des céréales, des oléagineux. Je retarde le plus possible le moment de boire du café. Je me tourne plutôt vers le thé vert et les tisanes ayurvédiques.

Le dimanche je me regarde dans la glace et suis frappée par mon apparence: j'ai l'impression d'être un squelette ambulant! Mais vu mon intérêt toujours aussi intense pour la nourriture, je ne me fais pas de souci, surtout à la veille des fêtes. Les kilos reviendront vite!

En même temps que je retrouve mes forces physiques, je sens grandir en moi une force morale, accompagnée d’une certaine euphorie. Je réalise que je suis capable, dorénavant, de supporter une situation de manque, quelle qu'elle soit - et pour moi c'est très important. Mes pensées sont claires, je réfléchis, analyse, observe, compare, critique… Je prends des décisions, j'échange très plaisamment avec mes proches. Je me sens légère, présente. Je suis moi. Enfin!

Cette expérience sera un point de repère dans mon existence. Je me sens super bien, mon corps est tonique et détoxifié, je sais comment me nourrir sainement. Je constate avoir abandonné certaines mauvaises habitudes. Ainsi du café: 3 semaines après, je n'en ai toujours pas bu. Pas plus que d'alcool, ni de viande d'ailleurs. Et cela ne me manque pas. Les plats industriels, la malbouffe, c'est fini! Le sucre également (je n'en ai pas consommé depuis). Ce n'est pas que je veuille devenir végétarienne, loin de là: j'essaie juste de faire durer cette période d'abstinence le plus longtemps possible…

Et puis je me suis fait quatre copines avec lesquelles j'ai de chouettes échanges. Je profite un max de ces effets. Ces moments sont si rares, si précieux… Alors, j'espère de tout mon être que cet état-là va durer.


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