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«Tout a commencé un lundi, au retour des vacances d’automne, se souvient Mélanie, maman de Paul, 9 ans. Il était plié en deux à cause de douleurs au ventre… Il allait pourtant très bien la veille. Je l’ai laissé à la maison se reposer. Mais chaque jour, son état empirait au moment de se préparer pour l’école: mal de tête, nausées, très grande nervosité… Et le week-end, plus rien! Avant que cela ne reprenne de plus belle, dès le dimanche soir. J’ai d’abord cru que c’était un caprice, avant de comprendre, en parlant avec une autre maman, que c’était une phobie scolaire.»

Parents submergés

Comme Paul, ils seraient de 3 à 5% d’enfants en Suisse a souffrir de ce que le Dr Laurent Holzer préfère appeler un «refus scolaire»: «Il ne s’agit pas d’une maladie en soi, mais d’une situation de refus d’aller à l’école qui recouvre une pluralité de tableaux psychopathologiques sous-jacents.» Anxiété de séparation (surtout chez les plus jeunes) ou de performance, phobie sociale, stress post-traumatique (notamment en cas de harcèlement), dépression, inadaptation au système scolaire (troubles de l’apprentissage, précocité…): les maux qui se cachent derrière peuvent être divers, se cumuler ou alterner.

Entre inquiétude, culpabilité et sentiment d’incompétence, les parents peuvent vite être submergés. «C’est d’autant plus compliqué à gérer qu’ils peuvent aussi, sans en être conscients, tirer des bénéfices à ce que l’enfant reste auprès d’eux, ajoute le Dr Holzer. C’est le cas de parents anxieux, seuls, déprimés ou encore qui jugent le système scolaire incompétent ou maltraitant.» Mais ce spécialiste est affirmatif: il ne faut pas laisser traîner en espérant un mieux. Il y a urgence à réagir. Et ce dès les premiers symptômes, c’est-à-dire quand l’enfant présente des manifestations physiques et psychiques les jours de semaine, alors qu’il est détendu durant les week-ends et les vacances. Car plus il s’absente, plus il aura des difficultés à retourner en classe.

Mais que faire?

Ecouter l’enfant. Il faut savoir mettre ses appréhensions de côté afin d’offrir à l’enfant une oreille attentive et bienveillante: a-t-il des problèmes avec quelqu’un en classe? Est-il stressé par les tests? La difficulté, c’est que certains enfants ne savent pas eux-mêmes ce qui les angoisse précisément. Leur silence peut aussi être le signe d’un harcèlement à l’école qui leur fait honte.

En parler avec l’enseignant. Dans le but de comprendre ce qui se passe et de voir si des dispositifs existent au sein de l’établissement ou de la ville. Il est aussi utile d’en informer l’infirmier ou le médecin scolaire.

Etre ferme, mais pas maltraitant. Il est impératif d’expliquer à l’enfant que sa scolarisation est une priorité, qu’elle est obligatoire et qu’il doit la poursuivre, pour son bien. En parallèle, il s’agit de lui offrir un accompagnement médical et psychologique.

Consulter le pédiatre. Pour vérifier qu’il n’y a pas de trouble somatique derrière ce mal-être, et pour montrer à l’enfant l’attention portée à sa situation qui n’est pas «normale». Ce médecin peut orienter vers un spécialiste mais aussi se mettre en relation avec l’école pour faciliter le soutien de l’enfant.


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Consulter un pédopsychiatre. Surtout en cas de silence de l’enfant. Il s’agit de lui donner une autre occasion d’exprimer son malaise et, si nécessaire, de traiter le trouble sous-jacent. C’est aussi l’occasion de vérifier son niveau de développement cognitif, éventuellement de proposer un enseignement spécialisé, ou d’envisager un rendez-vous chez un autre spécialiste adapté (orthophoniste, orthoptiste…)

Lui apprendre à se relaxer. Via la sophrologie, la méditation ou le yoga, par exemple. La prévalence de troubles anxieux chez les enfants et adolescents est estimée à près de 30%. Aussi, certains pays proposent déjà des programmes de prévention à l’école pour apprendre à se relaxer, ou à résoudre les problèmes relationnels. «Mais ils sont encore trop peu nombreux, et la Suisse n’en fait pas partie», regrette le Dr Holzer.

Eviter de proposer trop tôt le changement d’établissement ou de système d’enseignement (scolarité par correspondance). Car «l’évitement renforce le refus scolaire», affirme le spécialiste, pour qui cette étape ne devrait être envisagée qu’en dernier recours, lorsque toutes les autres pistes ont été explorées.

Pour aller plus loin 2 livres et une appli

L’exemple de Justine Justine a 15 ans quand, un matin, elle ne peut plus aller à l’école. Impossible. Pour elle et pour sa mère, grand reporter, un combat commence afin de tenter de comprendre son anxiété et la surmonter. Un témoignage à deux voix aussi éclairant que riche d’espoir.
«Le jour où je n’ai pas pu aller au collège. Phobie scolaire: le combat d’une mère et de sa fille» de Anne-Marie Rocco et Justine Touchard (Flammarion, 2016).

Conseils à foison Ecrit par et pour les parents d’enfants ayant connu une phobie scolaire, ce livre est un remarquable guide pratique où les familles trouveront tous les meilleurs conseils.
«Ecole: quand la phobie prend le dessus» de l’association Phobie Scolaire (Josette Lyon, 2016).

Une appli pour l’accompagner Phobiescolaire.org: le site de l’association française de parents est une mine d’informations. A lire en priorité: leur feuille de route pour accompagner son enfant.

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