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Tinkerbelle, une pionnière romande en bijoux dentaires

Tinkerbelle une pionniere des bijoux de dents en suisse

Pionnière en bijoux dentaires en Suisse, Tinkerbelle pare les dents de pierres précieuses et de cristaux Swarovski.

© CAROLINE OBERKAMPFF IMSAND

«Grandir à San Francisco dans les années 90 était très inspirant. Nous habitions dans le Haight, le quartier punk hippie où des personnes comme Grateful Dead, Jimi Hendrix ou encore Janis Joplin avaient habité, entre le quartier latino et le quartier gay. C’est drôle, on se bat aujourd’hui pour des causes qui étaient déjà normalisées quand j’avais 3 ans. Dans ma rue, une vieille dame passait ses journées à faire des bulles, croiser une personne habillée en lézard, en cosmonaute ou encore un nudiste était tout à fait normal»: Angélique Stehli replonge dans son enfance dans un café lausannois. À ses pieds, comme toute adolescente pleine d’énergie, Mousse, sa petite chienne d’un an, attend patiemment d’aller courir. Les images que décrivent ses mots rappellent la saveur de ceux d’Armistead Maupin et ses fameuses Chroniques de San Francisco.

De sa Californie natale, en passant par Paris au début des années 2000, Angélique Stehli atterrit à Lausanne où elle a obtenu un bachelor en communication visuelle spécialisée en photographie spécialisé avec les félicitations du jury à l’ECAL en 2017. Aujourd’hui, Angélique est plus connue sous le nom de Tinkerbelle, son alter ego d’artiste. Comme la fée Clochette, elle fabrique, répand et diffuse de la poudre de magie. Issue des écoles Steiner et de leurs philosophies alternatives, elle est plongée dans les cercles de l’art, la botanique, l’écriture, le théâtre et la musique dès son enfance. Quand elle découvre Tinker Bell (la vraie fée Clochette s’écrit sans «e» à la fin), elle choisit d’ajouter un twist francophone.

«J’ai choisi cette association de personnage car elle représente quelque chose de scintillant, léger et ludique que l’on retrouve dans mon univers. Cela fonctionne bien avec l’ornementation des sourires des personnes avec des accessoires brillants et précieux.»

Enfance littéraire

Pionnière en bijoux dentaires en Suisse, Tinkerbelle pare les dents de pierres précieuses et de cristaux Swarovski. À la différence des grillz, qui se clipsent et s’enlèvent pour boire, manger et dormir, les bijoux de dents sont collés sur les dents pour une durée déterminée par qui les porte. «J’adore les charms et les breloques, le design de petits objets. J’avais découvert cette technique à Los Angeles. J’ai suivi une formation à distance et me suis lancée en mars 2020, une semaine avant le premier confinement.»

La même année, elle fonde le Studio Papillon à Lausanne, en s’associant avec Marion Carruzzo, nail artist et DJ, et Rachel Gasser, graphiste et artiste de buzz cuts, ces coiffures aux couleurs pop structurées en technique de tatouage au rasoir. Moins engageants qu’un piercing ou un tatouage, les bijoux de dents durent plus longtemps qu’une manucure ou une extension de cil. Elle se retrouve pleinement dans cet entre-deux esthétique.

Depuis, cet art a explosé un peu partout en Europe, mais Tinkerbelle se démarque dans son approche éthique. Elle crée ses propres bijoux dentaires depuis bientôt trois ans à Genève avec l’aide de la bijoutière Lydia Saurel et d’une gemmologue suisse sud-africaine. Les bijoux sont sertis d’or jaune et d’or blanc 18 carats, puis polis. «Ce sont des pierres non traitées, sélectionnées hors de tout conflit politique, j’y prête une attention particulière», éclaire-t-elle. Comme son nom d’artiste le laisse deviner, la jeune femme vient d’une famille de storytellers. D’ailleurs, la notion de narration revient régulièrement dans son récit.

«Ce que j’aime vraiment, c’est raconter des histoires, créer des atmosphères et rassembler les gens. J’ai une passion pour la lumière, que j’explore à travers mes créations.»

L’art de raconter des histoires prend racine dans sa généalogie. Ses parents sont tous deux littéraires. Avant sa naissance, sa mère quitte la France pour rejoindre son père qui étudie le journalisme à l’université Columbia de New York. Ensemble, ils créent Ici New York, un magazine d’art et d’écriture pour la communauté européenne aux États-Unis. «Il doit en rester quelques exemplaires dans le garde-meuble de mon père à San Francisco. Mes parents étaient très orientés vers l’art, mon père Jean-Sébastien Stehli a toujours travaillé dans les rubriques art et culture dans la presse, avant de devenir le rédacteur en chef de Madame Figaro pendant quelques années.»

© CAROLINE OBERKAMPFF IMSAND

Habituée à rêver grand

De ses jeunes années entre les États-Unis, Paris et le Valais, où elle apprend le français chez ses grands-parents paternels, elle garde le goût de la musique. «De Bob Dylan à Bob Marley et Leonard Cohen, mon père écoutait toujours la musique à fond. C’était beaucoup de bluegrass, de country, de rock et de folk. Ma maman Laure Olive, plus européenne, écoutait de la musique française, elle aimait Dalida et Claude François. Ils étaient très différents. J’ai passé mon temps à vivre dans des contrastes, cela a contribué à forger ma capacité d’adaptation. Comme Hermione dans la saga Harry Potter, Tinkerbelle rêve de pouvoir se diviser avec sa boussole à remonter le temps et faire encore plus de choses. «Mon objectif pour mes 30 ans, ce serait d’apprendre le saxophone, c‘est mon instrument préféré!»

Quant à sa sœur Violette Stehli, finaliste au Festival international de mode, de photographie et d’accessoires d’Hyères en 2022, elle crée des bijoux à Paris en s’inspirant de la mythologie nordique, comme des pattes de corbeau en argent incrusté de rubis ou des griffes de chauve-souris. Christian Louboutin a craqué pour une de ses pièces.

Habituée à rêver en grand, Tinkerbelle en caresse un qui l’obsède depuis ses 16 ans: ouvrir un lieu public réunissant divers talents créatifs, allant de la performance à la musique, de concepts anciens sous une direction artistique plus moderne et personnelle en gardant cet esprit communautaire qu’elle apprécie.

«J’ai grandi entourée de personnes très féministes.

Quand j’étais petite, ma nounou fréquentait le premier club performatif autogéré par des femmes à San Francisco. Elle me racontait des histoires d’amies à elle qui avaient différents types de shows atypiques inspirés du cirque. Pendant un de mes semestres à l’ECAL, j’avais fait un projet dans lequel j’avais imaginé une petite cabine de peep inspirée de Paris, Texas (1984) de Wim Wenders.»

À la fois humble et ambitieuse, Tinkerbelle est avant tout passionnée. Accro aux challenges, elle aime apprendre et ne craint pas de s’aventurer hors de sa zone de confort. À la manière d’une reporter, elle mène ses enquêtes pour se documenter sur les thèmes qui la captivent. Comme pour ses divers projets photo documentaires, dont le projet de cellules de prisons roses primé à Vevey Images avec le Prix Lumière et à Circulations au 104 pour les jeunes talents émergents européens de la photo. Pour «Pink Cells» elle avait fait des recherches de plusieurs mois et dans divers sites suisses durant lesquels elle avait contacté plus d’une quarantaine de centres pénitentiaires. En attendant le showtime, ornons nos bouches de pierres précieuses par ses bons soins. Testé et approuvé, Tinkerbelle a assurément de l’or au bout des doigts.

Bio express

  • 1993 Naissance d’Angélique Stehli à San Francisco
  • 2000 Déménagement à Paris avec sa famille
  • 2012 Déménagement à Lausanne pour sa formation à l’ECAL
  • 2017 Diplômée en communication visuelle spécialisée en photographie à l’ECAL
  • 2020 Création du Studio Papillon et lancement de «Tinkerbelle»

Instagram: @tinkerbelle.ch et @Studio._.papillon. Son travail photo: @angeliquestehli.

Tinkerbelle sera présente au marché QueerSmas le 17 décembre 2023 (de midi à minuit), casino de Montbenon, Lausanne.


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