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Submaryne, la vibe australienne dans une voix lausannoise

SUBMARYNE c Photo by Stephane Mocan 1 0

«J'ai découvert beaucoup de sonorités différentes pendant ce voyage. Je crois que j’ai rapporté une partie de l’Australie avec moi, lorsque je suis rentrée.»

© Stephane Mocan

Sa voix nous rappelle celle d’une artiste célèbre, mais on ne saurait dire laquelle. Le mélange est trop subtil, le timbre trop envoûtant pour n’en désigner qu’une seule: un brin de Julia Stone peut-être, avec une pincée de Cœur de Pirate? Inutile de chercher, car la recette Submaryne se passe d’ingrédients existants: elle est unique, déjà, à l’aube de sa carrière. Dans son premier clip, sorti le 2 février 2018, Marine Kaltenbacher interprète, avec un soupçon de mélancolie, «Sugar Man», une reprise de Sixto Rodriguez. L’homme en sucre, dont elle attend impatiemment l’arrivée, devient le protagoniste de cette révélation artistique, d’une voix et d’une guitare, dans un décor sobre et tamisé.

Nous avons rencontré Marine un vendredi matin à 9h, juste avant qu’elle ne reprenne le chemin de l’Université, où l’attendaient ses cours de Sciences politiques. Malgré un planning bien rempli (mais comment trouve-t-elle le temps de tout faire?), un Bachelor en cours et un job d’étudiante («tout le monde y passe!»), elle s’évertue à offrir la priorité à son projet musical, Submaryne. «Je suis un peu une musicienne qui fait Science Po’ à côté», plaisante-t-elle. Une fois par semaine, «parfois plus, parfois moins», elle se produit dans divers établissements lausannois en compagnie de ses musiciens. «Ils sont géniaux, répète-t-elle sans cesse. Ils lisent dans mes pensées!» Le reste du temps, elle chante seule, accompagnée de sa guitare, lorsque l’espace à disposition est trop petit pour accueillir davantage d’instruments.

Avec beaucoup d’humour, la jeune artiste nous a parlé de cette passion et de son style musical propre, déniché de l’autre côté de la planète, sous l’éblouissant soleil australien.

Chanteuse et juriste: ma double vie

FEMINA Comment est née cette passion pour le chant et la musique?
Marine Kaltenbacher A vrai dire, je chante depuis que je sais produire des sons (rires). Déjà toute petite, je chantais en anglais sans comprendre ce que je baragouinais. Je ne cessais de demander à ma mère ce que voulaient dire les artistes dont je reprenais les paroles: «Et là, il dit quoi?» A cette époque-là, je ne me rendais pas compte que ma voix avait quelque chose de particulier. Quand j’étais adolescente, un prof de musique s’est enthousiasmé en m’entendant chanter, et s’est exclamé qu’il y avait vraiment quelque chose à faire. Vers quinze ans, je me suis produite lors des promotions [fête de fin d’année, ndlr] de mon école, en reprenant un morceau de la chanteuse Adèle. A la base, c’était pour accompagner une amie au piano. J’ai reçu tellement de commentaires positifs et d’encouragements, que je m’y suis mise sérieusement.

Est-ce également à ce moment-là que vous vous êtes lancée dans l’apprentissage de la guitare?
Oui, j’ai commencé la guitare vers 15 ans, pour accompagner ma voix. Je trouvais que cela avait du sens. Si tu joues déjà un instrument, tu es déjà «branché» d’une certaine façon, car tout ton corps fait de la musique, en même temps que ta voix. Mon frère, qui faisait de la guitare depuis longtemps, m’a enseigné les bases; j’ai appris le reste toute seule, en regardant des tutoriels sur YouTube [comme Avril Lavigne, ndlr!]. La combinaison des deux m’a tellement plu que j’ai commencé à composer tout naturellement. Plus tard, je me suis mise au piano, et dernièrement, j’ai commencé à jouer au saxophone. J’aime bien toucher à tout!

Composez-vous toujours tous les morceaux de votre groupe, Submaryne?
Pour l’instant, nous avons une vingtaine de morceaux que nous jouons en live, et je les ai tous composés. Je commence seule, à la guitare ou piano. Une fois que je tiens la chanson, que j’ai le texte et la mélodie, je la joue pour les membres du groupe. Ce sont eux qui instrumentalisent ensuite: ils sont géniaux, il ne leur faut que cinq minutes pour reproduire en mille fois mieux ce que je leur ai montré! On dirait qu’ils lisent dans mes pensées, on se comprend tellement bien. J’ai beaucoup de chance de les avoir.

Pourquoi avoir choisi de composer uniquement en anglais?
Avant de commencer mes études de Sciences Po, j’ai passé quelques mois en Australie, en tant que jeune fille au pair. J’avais besoin de passer un moment seule après le gymnase, pour me recentrer et me retrouver. C’est pendant cette année sabbatique que j’ai commencé à composer. La langue anglaise est venue naturellement, car je me suis beaucoup inspirée de ce voyage, et des musiciens croisés en route. Cette expérience m’a donné une autre vibe: je me suis identifiée au style australien, j’ai découvert beaucoup de sonorités différentes. Je crois que j’ai rapporté une partie de l’Australie avec moi, lorsque je suis rentrée.

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Vous avez donc trouvé votre style musical en Australie!
Exactement! Les inspirations musicales dénichées en route se sont mélangées à ce que je connaissais déjà, et je pense que mon style est né de cette fusion. J’ai été très marquée par des chanteurs australiens, comme Squeak Lemaire par exemple, et je suis restée très attachée à la culture artistique de ce pays. D’ailleurs, j’y suis retournée, à peine six mois après être revenue en Suisse! Aujourd’hui, quand on me dit que j’ai un accent australien, ça me fait trop plaisir.

Lorsque vous vous produisez dans des bars, à Lausanne, remarquez-vous que la sauce commence à prendre, petit à petit?
Nous essayons d’alterner nos compositions originales, que les gens ne connaissent pas encore, et les covers. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point une «Femme libérée» ou une «Dernière danse» peut enflammer un public! Il nous suffit de commencer la chanson pour qu’ils la finissent, c’est dingue. Evidemment, je préfère jouer mes compos, mais il faut trouver le juste équilibre, pour que le public soit satisfait. Au début, c’est moi qui démarchais les établissements dans lesquels nous nous produisions: il faut bien commencer quelque part! Et progressivement, les bars se sont passé le mot, ont remarqué que nous attirons du monde, et prennent l’initiative de nous appeler. Je sais que ce n’est pas gagné d’avance, car le business de la musique est très peu exploité en Suisse; mais je commence à recroiser régulièrement certains visages, qui semblent nous suivre de concert en concert. Notre public nous soutient, et c’est très encourageant!

Que ressentez-vous lorsque vous êtes sur scène?
C’est ma partie préférée du job. Je m’y sens à ma place, et lorsque j’y suis, je sais que c’est là que je dois être. J’adore faire des blagues avec le public, leur parler, faire naître le contact. Ce sont ces moments-là qui me persuadent que quand on a la chance d’avoir une passion, il faut absolument la vivre à fond.

La plupart des gens n’osent pas se lancer et s’exposer au public. Moi je m’expose totalement, j’assume à 200% mon projet, que les gens l’apprécient ou pas. J’espère qu’à 30 ans, quand on aura des gosses et un job, on continuera à jouer dans des bars. C’est un peu cela, mon but, je crois.

Comment fais-tu pour concilier musique et études?
Pour le moment je ne m’en sors pas trop mal, on verra après les examens (rires)! Je pense que j’ai un âge où il est possible de jongler avec tout cela sans trop de difficultés. Mais la musique sera toujours ma priorité. Ma guitare est constamment sur moi et dès que j’ai le temps, je me mets à composer. Bien sûr, je prends également le temps de voir mes amis, auxquels je suis très attachée, de sortir, de faire du sport, de regarder des séries… Mais la musique n’est pas du travail pour moi, je pourrais ne faire que ça toute la journée!

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