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Rencontre avec Souheila Yacoub, l'étoile genevoise du cinéma

Rencontre avec Souheila Yacoub, l'étoile genevoise du cinéma

Cet été 2024, Souheila Yacoub va tourner un film d’horreur américain sur l’enfance de Jésus aux côtés de Nicolas Cage.

© GETTY IMAGES/SAMIR HUSSEIN

Il est 2 ​h ​15 du matin, les applaudissements résonnent dans toute la grande salle du Théâtre Lumière. C’est la fin de la projection des Femmes au balcon, comédie féministe sanglante et burlesque réalisée par Noémie Merlant, dans laquelle trois amies se retrouvent dans une sale affaire avec leur voisin. Vêtue d’un costard XL gris avec une cravate sur une chemise blanche, Souheila Yacoub craque: «C’était l’émotion, le soulagement, et les souvenirs du tournage très intense qui remontaient. Et puis c’était tard, j’étais claquée!» commente-t-elle.

Le lendemain, sur le rooftop du Palais des Festivals, la comédienne semble avoir récupéré et répond à nos questions avec son enthousiasme habituel. Elle a collé un petit diamant argenté sur chacune de ses dents, référence à son personnage Ruby dans le film: une femme haute en couleur au maquillage plein de strass et de paillettes et aux aisselles poilues.

«Il fallait entre trois et quatre heures de maquillage par jour: j’ai des tatouages dans le dos, une brûlure, des prothèses… Sans tout ça, Ruby n’existe pas. C’est une fille qui fait ce qu’elle veut, elle s’en fout de ce que les gens pensent, elle est cam-girl par plaisir et c’est OK.»

«Je trouve très fort de proposer un personnage comme ça. J’ai gardé les aisselles poilues depuis le tournage, j’adore ça, je trouve hyper-joli et sexy.»

Vent de liberté

Question looks et mode, l’actrice dit prendre chaque événement de gala comme un jeu, où elle peut s’amuser avec ses tenues. «J’ai appris aux côtés des meilleurs avec Zendaya et Timothée Chalamet durant la promotion de Dune 2. J’ai réalisé qu’il fallait que j’arrête d’être angoissée et stressée et faire de tout ça des moments qu’il faut savourer.»

C’est d’ailleurs durant le tournage de Dune 2 qu’elle a reçu le scénario de Noémie Merlant: «Je l’ai lu dans ma loge à Budapest et je me suis dit: «Celui-là, je le veux!» raconte-t-elle en riant. Il me faut quelque chose comme ça où on ne m’a pas encore vue». Lors d’une pause sur le tournage, Souheila Yacoub rentre en France, rencontre Noémie Merlant et Sanda Codreanu sur le casting, où le trio se forme:

«Avec ce rôle, je me suis sentie libre. Comme si j’avais toujours voulu jouer Ruby, qu’elle attendait en moi.»

Le film a été tourné l’été dernier à Marseille, en pleine canicule: «C’était un four dans cet appartement, l’enfer! L’avantage est que j’étais souvent toute nue!» Si jouer nue n’est pas totalement banal pour la Genevoise, elle se dit peu pudique, surtout dans un tel contexte où la nudité fait complètement sens avec son personnage et l’esprit libérateur du film. Elle avoue toutefois s’être déjà sentie mal à l’aise sur d’autres productions où elle n’était «que» seins nus, mais que le contexte était gênant.

Dune: un avant et un après

Lorsque Souheila s’est lancée dans le cinéma, son titre de Miss Suisse romande en poche, elle a foncé tête baissée, sûre de son choix. Pourtant, elle est consciente que le travail et le talent ne suffisent pas forcément pour percer. À force d’essuyer les échecs, certains de ses proches ont tout arrêté, et il y a encore peu de temps, l’actrice n’était parfois pas choisie pour un rôle car elle n’était pas assez connue, ou bankable.

La sortie de Dune 2, en février 2024, a tout changé. «Je ne m’y attendais pas. J’aime Shishakli, elle a pris une belle place dans le film et les Américain-e-s adorent ce rôle car elle est un peu bourrine, elle ne prétend pas être ce qu’elle n’est pas. Je ne m’attendais pas à recevoir autant de chouettes propositions et à faire autant de belles rencontres grâce à ce rôle. Il y a un avant et un après.»

Cet été, la comédienne tournera un film d’horreur sur l’enfance de Jésus aux côtés de Nicolas Cage. France ou États-Unis, grosse production ou film d’auteur à petit budget: peu importe pour Souheila. Ce qui compte pour elle, ce sont les rôles, les personnes et les énergies. Et de conclure: «J’ai envie de faire des choses atypiques.»


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