portrait de comédiennes
Marina Hands et Anna Pieri Zuercher, complices depuis «Hors saison»
Des éclats de rire francs précèdent Marina Hands et Anna Pieri Zuercher, lorsqu’elles atteignent l’impressionnant salon panoramique de la tour RTS, à la vue imprenable sur la ville de Genève. Les deux actrices sont ravies de se retrouver sur leur lieu de rencontre: c’était près d’une année auparavant, juste avant le tournage de la mini-série franco-suisse Hors saison. La Suissesse et la Française jouent aux meilleures ennemies au fil des six épisodes du thriller. Seulement un jeu pour celles qui partagent désormais une réelle complicité. «Entre nous, ça a matché immédiatement», sourit Anna Pieri Zuercher.
De l’amitié féminine
Dans Hors saison, Marina Hands, pensionnaire de la Comédie française et récompensée aux César en 2007, incarne la protagoniste Sterenn Peiry. La capitaine de police enquête sur une série de meurtres mystérieux dans la station des Cimes. De son côté, Anna Pieri Zuercher se glisse dans la peau de Félicie Glassey, entrepreneuse ambitieuse sur les traces de son père. Sterenn et Félicie étaient meilleures amies, elles sont désormais rivales. Dans leurs scènes en duo, tout en tension, les traces d’une ancienne complicité sont palpables.
«On voulait contourner le cliché des copines aux personnalités opposées, ajoute Marina Hands. Sterenn et Félicie se ressemblent, et cela rend le souvenir de leur amitié chaleureux et émouvant, dans cette série au scénario glacial. Et leur complicité amplifie le conflit intérieur des personnages.»
La Française s’est inspirée de son vécu pour jouer la protagoniste: «Plus jeune, j’avais une copine toxique, avoue-t-elle. Une amitié peut être fondatrice, par rapport à la féminité par exemple, surtout quand on est adolescente. Elle peut être galvanisante ou alors destructrice. Aujourd’hui, je suis prudente», raconte Marina Hands. Assise à ses côtés, Anna Pieri Zuercher écoute avec attention les confidences de sa collègue. «Moi, j’ai toujours été proche de ma sœur, c’est ma meilleure amie. Je vois rarement mes copines, nous vivons loin les unes des autres, mais lorsqu’on s’appelle, c’est comme si on s’était parlées hier, livre-t-elle à son tour. Le temps passe, mais l’amitié reste.» À l’image de sa relation avec Marina, Anna partage une forte complicité avec sa partenaire Carol Schuler, de la série alémanique Tatort. On peut d’ailleurs suivre les péripéties hilarantes des deux acolytes en coulisses sur le compte Instagram de la Suissesse.
Un cheval et un piano
Jouer au cinéma, s’exprimer sur les planches, le métier de comédienne est au départ une activité thérapeutique pour Marina Hands. Pourtant, la Française passionnée d’équitation voulait devenir cavalière. «Mes parents refusaient que je sois actrice. C’était inenvisageable.» Commence alors un véritable parcours du combattant pour la sportive, qui a laissé son cheval aux écuries pour réaliser un rêve secret. «Face à l’interdit parental, j’ai longtemps cherché une légitimité à mon travail.» Après 15 ans de renoncement, Marina a repris l’équitation. Juste pour le plaisir. «Quand je ne travaille pas, je passe du temps à la campagne avec mon cheval Copy.»
Par coïncidence, Anna Pieri Zuercher raconte un passé semblable. Au fil de la discussion, les deux femmes se découvrent des similarités, s’en étonnent et s’en amusent. La Suissesse a suivi une formation de pianiste avant d’enseigner l’instrument à 23 ans. «Quand je faisais du théâtre musical, je me suis rendu compte que je préférais faire la voix plutôt que la musique. J’ai déménagé plusieurs fois avec mes deux pianos, que je n’ai pas touchés pendant 15 ans. Puis, petit à petit, j’ai recommencé à jouer, mais il m’a fallu du temps pour retrouver la confiance.» «Je ne savais pas tout ça!» réagit Marina, qui semble impressionnée.
Les comédiennes comparent leurs activités, entre la période où elles débutaient et aujourd’hui. «Je vis mieux mon métier actuellement, assure Marina: moins de stéréotypes, d’injonctions ou de modèles inaccessibles. On sort de la féminité parfaite et j’observe qu’une sororité se développe entre actrices.»
Anna Pieri Zuercher agrée. «Une nouvelle génération de comédiennes accepte de vieillir à l’écran, comme Kate Winslet dans la série Mare of Easttown, par exemple.» Elle a la chair de poule quand elle évoque la star qu’elle admire énormément. «Une femme après 40 ans, c’est beau. Aussi dans la force qu’elle dégage», affirme la comédienne.
Leurs modèles? «En Suisse, la procureure tessinoise Carla Del Ponte, poursuit Anna Pieri Zuercher. Cette femme est une tornade.» De son côté, Marina Hands confie son admiration pour l’avocate franco-tunisienne Gisèle Halimi, qu’elle a incarnée dans une fiction: «Une grande féministe, qui a passé sa vie à questionner la loi.»
Actives sur toutes les scènes
Les deux comédiennes ont actuellement plusieurs projets en cours, outre la série Hors Saison qui a débuté jeudi 31 mars 2022 sur la RTS. Marina Hands se produit à la Comédie française dans le Tartuffe d’Ivo van Hove, et sera en mai à l’affiche du film Hommes au bord de la crise de nerfs de la réalisatrice Audrey Dana. L’agenda d’Anna Pieri Zuercher est aussi bien rempli: elle incarne une nouvelle fois l’enquêtrice Isabelle Grandjean dans le dernier épisode de la série Tatort (à voir sur Play Suisse avec les sous-titres français) et débute le tournage de la saison 2 de Neumatt. «À côté, j’écris mon film, tease-t-elle, l’air mystérieux. J’ai reçu le financement pour l’écriture d’un scénario.» Vient le moment de se séparer. Les deux complices s’enlacent, se promettent de se revoir bientôt. Et surtout, de rejouer ensemble.
Le rôle de leurs rêves
«J’aimerais bien jouer un homme, pour pouvoir explorer cette psychologie», songe Anna Pieri Zuercher. «Je voudrais interpréter un personnage fantastique: un elfe, une superhéroïne, ou même un dragon», enchaîne Marina Hands. «Jean-Paul et Smaug!» commente Anna. Et elles éclatent de rire.
Hors Saison, à voir le jeudi sur RTS 1 et en streaming sur Play Suisse.
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